Sur le plan sociétal, le Québec est la juridiction qui a le plus réduit les inégalités de revenu et richesse. (Photo: 123RF)
Le premier ministre François Legault sera content de l’apprendre. Depuis une quarantaine d’années, la progression globale des indicateurs de bien-être du Québec (économique, sociétal, environnemental) «dépasse» celle de l’Ontario et de l’ensemble du Canada.
Voilà le principal constat de la 2e édition des Indicateurs du bien-être du Québec, publiée ce mardi matin par le collectif G15+ et ses partenaires. Fondé en mars 2020, ce groupe est composé de leaders économiques, syndicaux, sociaux et environnementaux du Québec.
Les Indicateurs du bien-être au Québec ont été dévoilés la première fois en janvier 2022. Ils visent à aller au-delà de la simple croissance du PIB et de la création d’emplois pour évaluer le bien-être des Québécoises et des Québécois.
Depuis qu’il amorcé son premier mandat, François Legault a fait du rattrapage du niveau de vie de l’Ontario une priorité économique pour le Québec — les trois déterminants du niveau de vie sont la productivité du travail, les heures travaillées et le taux global d’emploi.
Or, les données du G15+ donnent non seulement une vision plus large de la progression du Québec, mais aussi des tendances à très long terme, et ce, sur des enjeux économiques, sociétaux et environnementaux.
Ainsi, contrairement à l’Ontario et à l’ensemble du Canada, le Québec est la seule juridiction qui a connu une baisse du taux de chômage et une amélioration de son marché du travail.
Sur le plan sociétal, le Québec est la juridiction qui a le plus réduit les inégalités de revenu et richesse — habituellement, la réduction des inégalités dans une société favorise la cohésion sociale.
Un Québec plus attrayant pour les investisseurs
Le PDG de la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ), Charles Milliard, aussi membre du G15+, estime que ce bilan favorable sur les plans économique et sociétal peut aider le Québec à attirer davantage d’entreprises étrangères ou d’autres provinces.
«Les investisseurs ne regardent pas seulement le taux de chômage ou les incitatifs fiscaux quand ils s’implantent dans une juridiction. On regarde aussi le milieu de vie dans lequel on investit», souligne-t-il.
Le Québec fait aussi généralement mieux que les deux autres juridictions au chapitre de l’environnement.
C’est notamment le cas pour le pourcentage d’aires protégées, la densification urbaine et la distribution d’eau potable — bien que des communautés autochtones n’aient pas encore accès à de l’eau potable au Québec, en Ontario et dans l’ensemble du pays.
En revanche, le Québec traîne la patte par rapport à l’Ontario en ce qui a trait à l’accès à un parc ou à un espace vert, sans parler des réductions de gaz à effet de serre (GES).
Par exemple, entre 1990 et 2019 (qui exclut donc l’année 2020 et la chute drastique de l’activité économique après la première vague de la COVID-19), le Québec a réduit ses émissions de GES de 1,1%.
Or, la province a une cible de réduction de 37,5% d’ici 2030 par rapport au niveau de 1990.
Sur la même période, l’Ontario a réduit ses émissions de 8%, mais l’ensemble du Canada a vu les siennes bondir de 24%.
Stagnation, voire détérioration, de l’environnement
Aussi, malgré une progression globale favorable, le bilan du Québec en matière d’environnement demeure décevant, peut-on lire dans les constats globaux publiés par le G15+.
«Le bilan est moins reluisant au chapitre du pilier environnemental. Les tendances des indicateurs environnementaux suggèrent généralement une stagnation, voire une détérioration de la qualité de notre environnement.»
François Delorme, économiste à l’Université de Sherbrooke et membre du G15+, déplore le manque de données et d’indicateurs pour bien mesurer le déclin de la biodiversité, une situation qui rend plus difficile l’élaboration de solutions.
«Nous ne sommes pas capables de faire un état des lieux sur la biodiversité», dit-il.
Le déclin de la biodiversité est un enjeu de taille, comme le soulignait en 2019 l’Organisation de développement et de coopération économiques (OCDE) dans un rapport destiné à l’attention des ministres de l’Environnement du G7 (Biodiversity: Finance and the Economic and Business Case for Action).
«La perte de biodiversité est l’un des principaux risques mondiaux pour la société. La planète est maintenant confrontée à sa sixième extinction massive, avec des conséquences qui affecteront toute la vie sur Terre, à la fois maintenant et pour des millions d’années à venir.»
Aux yeux du G15+, le Québec doit continuer à se développer, mais en s’assurant de la «progression équitable et conjointe de ses piliers économiques, sociaux et environnementaux».
Bref, le collectif estime que les politiques publiques doivent s’attaquer de front à la qualité de vie des citoyens et à la santé de la planète.