L'acquisition entraînera le passage de plusieurs cartes de crédit de Capital One vers le réseau de Discover. (Photo: 123RF)
Le mariage de Capital One, l’une des principales banques américaines, avec Discover, spécialisée dans les cartes de crédit, vient rebattre les cartes dans un secteur qui continue de se développer aux États-Unis, où les espèces disparaissent peu à peu du paysage.
L’opération, d’un montant total de 35,3 milliards de dollars américains (G$US) et dont la finalisation devrait intervenir fin 2024 ou début 2025, doit être réalisée par échange d’actions, avec une prime de 27% pour les actionnaires de Discover.
La nouvelle entreprise sera détenue à environ 60% par les actionnaires de Capital One, le reste passant aux mains de ceux de l’entreprise de services financiers.
Selon les termes de l’accord entre les deux sociétés, les actionnaires de Discover recevront 1,0192 action Capital One pour chaque action Discover, soit une prime de 26,6% par rapport au prix de clôture de l’action Discover du 16 février (110,49 dollars).
Une fusion qui doit encore être validée par les autorités de régulation américaine, mais le fondateur et PDG de Capital One, Richard Fairbank, s’est montré optimiste, estimant lors d’une conférence en ligne avec les analystes mardi matin que les deux entreprises étaient «bien positionnées pour recevoir cette approbation».
Le rachat de Discover «ajoute 218 milliards de dollars de dépenses annuelles et 102 milliards de prêts au réseau de cartes de crédit de Capital One, cela nous permet d’augmenter notre rentabilité où cela importe», a insisté Richard Fairbank, précisant par ailleurs que «les revenus additionnels issus des synergies n’étaient pas été intégrées à l’accord».
«Cela nous donne l’opportunité de changer rapidement d’échelle, bien plus vite que nous ne l’aurions certainement fait en croissance organique», a de son côté déclaré le PDG de Discover Michael Rhodes, «et si je regarde les entreprises avec lesquelles Discover a le plus de synergies, c’est Capital One».
«Concurrents et partenaires»
Les marchés ont dans l’ensemble peu réagi à l’annonce concernant l’action de la banque: à la mi-journée le titre Capital One était en hausse de 0,67%, à 138,15 dollars américains ($US) à Wall Street. En revanche, l’action Discover prenait 14,81%, à 126,86$US.
À l’origine filiale financière de la chaîne de magasins Sears qui s’en est rapidement séparée, Discover s’est développée au début des années 90 comme réseau de cartes de crédit, avant d’être rachetée en 1997 par Morgan Stanley, qui en a refait une entreprise indépendante en 2005.
Principalement développé aux États-Unis, Discover est le quatrième réseau de cartes de crédit, derrière les trois autres groupes américains: Visa, Mastercard et American Express. Il est présent dans plus de 200 pays et ses cartes sont acceptées dans 70 millions de points de vente.
«Ils sont présents dans quasiment tous les points de vente physiques aux États-Unis et sur la quasi-totalité des sites de vente en ligne. Nous souhaitons conserver la marque Discover. Nous comptons nous appuyer dessus pour renforcer le réseau», a détaillé Richard Fairbank.
L’entreprise s’est en particulier fait connaître en étant la première à développer aux États-Unis le principe de «cashback», qui permet aux utilisateurs de cartes de crédit de récupérer une fraction de l’argent dépensé via leur carte, et aux banques et réseaux de cartes de crédit de disposer de plus de données sur les habitudes de consommation de leurs clients.
L’acquisition entraînera le passage de plusieurs cartes de crédit de Capital One vers le réseau de Discover, et la banque devrait, dans le même temps, continuer à travailler avec Visa et Mastercard, en particulier du fait de leur réseau nettement plus développé à l’étranger.
Dans les faits, l’entreprise va «être à la fois partenaire et concurrente de Visa et Mastercard», a reconnu Richard Fairbank, «nous avons une relation solide avec les deux, depuis nos débuts, il n’est pas inhabituel de voir des entreprises être à la fois concurrentes et clientes l’une de l’autre».
«Nous parlons d’un réseau bien plus petit que ceux-là et nous voulons lui donner la possibilité d’avoir l’élan nécessaire pour franchir un seuil», a conclu Richard Fairbank.