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Le taux de chômage grimpe au Canada et au Québec

La Presse Canadienne|Publié le 01 Décembre 2023

Le taux de chômage grimpe au Canada et au Québec

Alors que le marché du travail avait connu une forte reprise après la pandémie, le taux de chômage est en hausse depuis le mois d’avril, l’économie canadienne montrant des signes plus clairs de faiblesse. (Photo: La Presse Canadienne)

Le taux de chômage au Canada continue d’augmenter alors que les fortes hausses de taux d’intérêt de la Banque du Canada pèsent sur l’économie, réduisant les options des travailleurs sur le marché de l’emploi. 

Statistique Canada a publié vendredi son enquête sur la population active de novembre, qui montre que le taux de chômage a augmenté pour atteindre 5,8%. Seulement 25 000 emplois ont été créés, dépassant légèrement les attentes des prévisionnistes, mais restant en deçà du rythme de croissance de la population.

Associé aux faibles chiffres du produit intérieur (PIB) brut publiés jeudi, le rapport sur l’emploi renforce la conviction des économistes selon laquelle la Banque du Canada continuera à maintenir son taux d’intérêt directeur lors de sa réunion de la semaine prochaine.

Les secteurs de la fabrication et de la construction ont enregistré les gains les plus importants en matière d’emploi, tandis que celui du commerce de gros et de détail ainsi que celui de la finance, des assurances, des services immobiliers et des services de location et de location à bail ont perdu le plus grand nombre d’emplois.

Le taux de chômage était de 5,7% en octobre.

Statistique Canada ajoute qu’au Québec, le taux de chômage a augmenté de 0,3 point de pourcentage, à 5,2%, ce qui était supérieur de 1,3 point de pourcentage au creux record de 3,9% enregistré en novembre 2022 et en janvier cette année.

Un total de 1500 emplois ont été perdus au Québec d’octobre à novembre et il s’agissait principalement d’emplois à temps partiels et de travailleurs autonomes, ces derniers se chiffrant à 488 800, contre 512 700 le mois précédent. Le nombre d’employés du secteur privé a quant à lui augmenté.

Au Nouveau−Brunswick, quelque 2400 emplois ont été créés en novembre, un gain de 0,6% sur un mois, après avoir enregistré une hausse identique en octobre. Au cours de la période de 12 mois ayant pris fin le mois dernier, l’emploi dans la province a augmenté de 4% et en novembre, le taux de chômage s’y est établi à 6,4%, en baisse de 0,8 point de pourcentage par rapport à novembre 2022 et de 0,2 point comparativement à octobre.

Selon Statistique Canada, d’octobre à novembre, le taux de chômage est passé de 6,6% à 6,8% en Nouvelle−Écosse et de 6,2% à 8,1% à l’Île−du−Prince−Édouard.

 

Des signes de faiblesses de l’économie 

Alors que le marché du travail avait connu une forte reprise après la pandémie, le taux de chômage est en hausse depuis le mois d’avril, l’économie canadienne montrant des signes plus clairs de faiblesse.

Le produit intérieur brut réel — qui mesure la croissance économique — a eu du mal à croître régulièrement au cours de l’année écoulée. Le dernier rapport sur le PIB a montré que l’économie s’est contractée de 1,1% en rythme annuel au troisième trimestre.

«En écho au rapport d’hier sur le PIB, l’économie canadienne s’accroche, mais le net ralentissement du marché du travail est compatible avec la poursuite d’une croissance molle», a écrit Benjamin Reitzes, directeur général et spécialiste en stratégie pour les taux canadiens et la macroéconomie à la Banque de Montréal, dans une note à ses clients.

«Bien que l’augmentation globale (de l’emploi) ait été meilleure que prévu, l’augmentation continue du taux de chômage est plus importante et reflète probablement mieux l’état de l’économie.»

Le taux de chômage au Canada oscille désormais autour des niveaux d’avant la pandémie, mais il devrait continuer à augmenter à mesure que les taux d’emprunt plus élevés pèsent sur les entreprises.

«L’augmentation n’a pas été très importante jusqu’à présent, mais c’est le genre d’augmentation que l’on ne voit généralement qu’au début d’un ralentissement du marché du travail», observe Nathan Janzen, économiste en chef adjoint à la Banque Royale.

 

Baisse des taux d’intérêt? 

La plupart des prévisionnistes sont convaincus depuis un certain temps que la Banque du Canada a fini d’augmenter les taux d’intérêt, à moins d’une persistance inattendue en matière d’inflation. Désormais, nombre d’entre eux tentent d’évaluer si l’économie s’affaiblit suffisamment pour justifier des baisses de taux.

La prochaine annonce de taux d’intérêt de la banque centrale est prévue pour mercredi, après qu’elle a choisi de maintenir son taux directeur à 5% lors des deux dernières réunions de décision.

«Elle en a probablement fait assez au chapitre des hausses de taux d’intérêt et la prochaine mesure, lorsqu’elle viendra, sera une réduction plutôt qu’une nouvelle augmentation», avance M. Janzen.

De nombreuses banques commerciales, dont la Banque Royale, s’attendent à ce que la Banque du Canada commence à réduire ses taux d’intérêt l’année prochaine. Mais M. Janzen affirme que la banque centrale n’est pas pressée de passer à la vitesse supérieure, étant donné que l’inflation est toujours supérieure à son objectif de 2,0%.

L’inflation au Canada a ralenti à 3,1% en novembre.

 

Davantage de licenciements 

L’affaiblissement du marché de l’emploi signifie également que davantage de travailleurs se retrouvent au chômage à la suite de licenciements. Le rapport de vendredi indique que les chômeurs du mois dernier étaient plus susceptibles d’avoir été mis à pied qu’il y a un an.

Toutefois, malgré ces tendances, le salaire horaire moyen a continué de croître rapidement, soit de 4,8% par rapport à l’année précédente, les travailleurs cherchant à compenser la récente hausse de l’inflation.

Selon M. Janzen, la forte croissance des salaires, bien qu’elle constitue un risque pour les efforts de lutte contre l’inflation de la Banque du Canada, reflète en grande partie le fait que les travailleurs tentent de récupérer le pouvoir d’achat perdu.

«Pendant longtemps, la croissance des salaires a été bien inférieure à celle de l’inflation. Il y a donc toujours un élément de rattrapage ici, où les salaires rattrapent l’inflation, et non l’inverse», explique M. Janzen.

«Mais sous la surface, il semble que l’équilibre entre l’offre et la demande de main−d’œuvre commence à pencher davantage en faveur des entreprises que des travailleurs dans les négociations salariales.»

Nojoud Al Mallees, La Presse Canadienne