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«Le variant milliardaire»

Camille Robillard|Publié le 17 janvier 2022

«Le variant milliardaire»

Elon Musk, cofondateur et directeur général de Tesla (Photo: Getty Images)

Alors que près de 160 millions de personnes supplémentaires ont été plongées dans la pauvreté en raison des perturbations mondiales causées par la pandémie de COVID-19, la fortune des dix hommes les plus riches du monde a plus que doublé au cours des deux dernières années, atteignant ainsi 1500 milliards de dollars américains (G$US). C’est notamment ce que dénonce Oxfam dans son nouveau rapport «Les inégalités tuent», publié en amont des rencontres en ligne du Forum économique mondial, «L’agenda de Davos».  

Selon Forbes, en date du 30 novembre 2021, les dix personnes les plus richissimes sont Elon Musk, Jeff Bezoz, Bernard Arnault et sa famille, Bill Gates, Larry Ellison, Larry Page, Sergey Brin, Mark Zuckerberg, Steve Ballmer et Warren Buffet. Ces derniers, qui ont vu leur fortune augmenter de 821 G$US depuis mars 2020, possèdent donc six fois plus de richesses que les 3,1 milliards de personnes les plus pauvres de la planète.  

« Plus que jamais, il est important de combattre cette inégalité obscène et de partager le pouvoir et la richesse, soutient Denise Byrnes, directrice générale d’Oxfam-Québec, par voie de communiqué. Cela passe notamment par une fiscalité équitable, afin de réinjecter de l’argent dans l’économie réelle et ainsi sauver des vies. » 

Au Canada, ce sont 41 milliardaires qui détiennent la même fortune que 40 % de la population canadienne, soit 15 millions de personnes. Cette richesse a augmenté de 57% depuis le début de la pandémie pour atteindre une somme de 87,5 G$ US. Selon Oxfam, avec l’imposition d’une taxe annuelle graduelle sur la fortune de ces milliardaires et des multimillionnaires — basée sur l’hypothèse d’une taxe de 2% au-delà de 5 M$, 3% au-delà de 50 M$ et 5% au-delà d’un milliard — le Canada pourrait récupérer 79 G$US par année, soit assez pour augmenter de 57% le budget en santé.  

 

Les inégalités tuent 

Toutes les quatre secondes, au moins une personne perd la vie à cause de ces écarts de richesse qui fracturent nos sociétés, selon une « estimation très prudente des décès imputables à la faim dans un monde d’abondance, à la privation de soins de santé de qualité dans les pays pauvres et aux violences basées sur le genre ». Les personnes en situation de pauvreté, les femmes, les filles, ainsi que les groupes racisés figurent majoritairement parmi les victimes.

Oxfam estime également que la crise climatique, notamment alimentée par les émissions des personnes les plus riches, pourrait faire 231 000 victimes par année dans les pays pauvres d’ici 2030. Selon son rapport, les émissions de CO2 des 20 milliardaires les plus riches seraient en moyenne 8000 fois plus importantes que celles émises par le milliard de personnes les moins fortunées.  

 

Changer les choses 

Pour réduire les inégalités qui sévit dans le monde, Oxfam propose diverses pistes de solution aux gouvernements, telles que de taxer les milliardaires, en instaurant des impôts permanents sur la fortune et sur le capital pour ensuite réinvestir ces gains dans des soins de santé universels, ainsi que dans les luttes contre les changements climatiques et contre la violence basée sur le genre.  

L’organisation demande également aux dirigeants des pays riches de renoncer aux règles de propriété intellectuelle sur les technologies des vaccins contre la COVID-19, afin de permettre à un plus grand nombre de pays de produire des vaccins sûrs et efficaces pour mettre fin plus rapidement à la pandémie. Selon la plateforme consacrée à la recherche médicale MedRxiv, la COVID-19 tuerait près de deux fois plus de personnes dans les pays en développement que dans les pays riches, notamment en raison d’un accès inégal aux vaccins.  

«Les solutions existent et la crise sanitaire actuelle a démontré que les gouvernements peuvent effectuer des investissements importants lorsqu’ils le décident, déclare Denise Byrnes. Réformer notre système économique, dont le caractère injuste a été aggravé par la crise sanitaire, doit être considéré comme une urgence absolue.»

 

Comment faire un tabac en ligne quand on a peu de moyens? Le confinement et les restrictions sanitaires ont contraint nombre de PME à développer leur présence virtuelle in extremis. Entre services offerts par vidéoconférence et achats en ligne, toutes ne sont pas égales dans cette transformation numérique.