François Legault a soutenu devant la presse parlementaire que le vrai chiffre n’est pas 11G$, mais 8,8G$, parce qu’il ne faut pas tenir compte des versements au Fonds des générations, selon lui. (Photo: La Presse Canadienne)
Québec — Le premier ministre François Legault a tenté de relativiser le déficit de 11 milliards de dollars (G$), mercredi.
La veille, son ministre des Finances, Eric Girard, avait causé la surprise en annonçant que le manque à gagner pour l’année 2024-2025 était presque quatre fois plus important que prévu, un record en nombre absolu.
En mêlée de presse à l’Assemblée nationale, M. Legault a déclaré que le déficit annoncé équivaut à 1,5% du produit intérieur brut (PIB). Vu sous cet angle, il est moins pire que certains déficits passés, a-t-il dit.
Par exemple, trois gouvernements du Parti québécois ont déjà fait des déficits entre 1,7% et 4,7% du PIB, et deux gouvernements du Parti libéral du Québec (PLQ) ont généré des déficits d’environ 3%.
«Un et demi pourcent du PIB, je pense que c’est quelque chose de raisonnable», a-t-il plaidé.
Le premier ministre a aussi soutenu devant les journalistes que le vrai chiffre n’est pas 11G$, mais 8,8G$, parce qu’il ne faut pas tenir compte des versements au Fonds des générations, selon lui.
«Quand on parle, au niveau comptable, d’un déficit, c’est revenus moins dépenses, ok? Cette année, c’est 8,8G$.»
Ce déficit, de toute façon, il «l’accepte», car il était «nécessaire» de baisser les impôts l’an dernier pour la majorité des Québécois, tout comme il fallait investir «massivement» cette année en santé et en éducation.
«Je suis fier des choix qu’on a faits», a déclaré M. Legault, qui a refusé de dire s’il craignait une décote.
Les agences de notation «comprennent», dit Girard
Plus tôt dans la journée, M. Girard a expliqué que les agences de notation ont été avisées de l’ampleur du déficit avant le dépôt du budget.
Dans les prochains jours, «elles vont certainement dire que le déficit est élevé, mais que c’est positif qu’on maintient les objectifs de réduction de dette et de retour à l’équilibre budgétaire», selon lui.
Pour l’instant, l’ensemble des agences donnent au Québec une cote de crédit minimale de catégorie AA.
Une décote ferait en sorte qu’il deviendrait plus coûteux d’emprunter, ce qui se traduirait, pour les Québécois, par une augmentation des dépenses liées à la dette.
M. Girard croit que les agences de notation «comprennent» la situation, malgré le fait que le Québec ne déposera pas de plan de retour à l’équilibre budgétaire avant 2025.
«Je m’attends à ce qu’elles reconnaissent que la situation actuelle est difficile, qu’on pose des gestes […] responsables et qu’on [s’est engagé] au retour à l’équilibre budgétaire», a-t-il déclaré.
Le ministre a indiqué qu’il y aura des rencontres formelles avec les agences en mai, et que celles-ci feront par la suite une évaluation complète et indépendante de la situation financière du Québec.
«Présentement, notre perspective est stable», a-t-il affirmé, expliquant qu’avant d’être décotés, les gouvernements reçoivent normalement un avertissement sous forme de «perspective négative».
Les Kings de la dette, accuse le PLQ
Les caquistes sont les «Kings de la dette et des déficits», a raillé le chef intérimaire du PLQ, Marc Tanguay, faisant allusion à la subvention octroyée pour que les Kings de Los Angeles viennent disputer deux matchs à Québec.
«La Coalition avenir Québec (CAQ) a dépensé comme des marins en cavale […] et on n’a même pas les services aujourd’hui. Tout est pire», a-t-il lancé en point de presse.
Selon l’Association des économistes québécois, depuis cinq ans, la croissance des dépenses par habitant au Québec a été plus rapide (36%) que la moyenne canadienne (27%).
M. Tanguay a vanté les mérites de l’ancien gouvernement libéral de Philippe Couillard, qui se compare avantageusement, selon lui, à cette CAQ qu’il juge dépensière.
«Il y avait une rigueur qui a été mise de l’avant en 2014-2018, et les services étaient mieux donnés, plus efficaces qu’ils ne le sont aujourd’hui. […] On leur a laissé 7G$, puis ils l’ont “flobbé”», a-t-il pesté.
Caroline Plante, La Presse Canadienne
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