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Philippe Leblanc

Entre les lignes

Philippe Leblanc

Expert(e) invité(e)

L’éloge de la lenteur

Philippe Leblanc|Mis à jour le 18 juin 2024

L’éloge de la lenteur

Même si on prend des vacances, nos sociétés n’arrêtent pas de travailler pour nous. (Photo: 123RF)

EXPERT INVITÉ. La Presse a récemment préparé un dossier spécial intitulé «Ralentir», que j’ai bien apprécié. La plupart des éditorialistes du journal ont écrit un texte entourant ce sujet, chacun y apportant sa perspective.

Ça m’a fait réfléchir à ma situation personnelle et au lien qu’on peut faire avec la gestion d’un portefeuille et la gestion d’une entreprise.

Dans mon livre Avantage Bourse, un des concepts que j’aborde est celui de l’équilibre. J’y ai repris une citation qui résume bien ma façon de voir les choses:

«… Charles Scharf, président de Visa, a terminé sa lettre aux actionnaires dans le rapport annuel 2016 de la société, avant de tirer sa révérence à titre de dirigeant: « La vie est précieuse, équilibrez ce que vous devez faire avec ce que vous voulez faire. »»

L’été est à nos portes. C’est le temps de profiter de la belle température, de notre balcon ou de notre cour. J’ai tendance à vouloir travailler sur mon terrain sans relâche, tant que tout n’est pas à mon goût. Souvent, je travaille tellement sur mon terrain que je suis ensuite trop fatigué pour en profiter! Cet été, je veux profiter de ma cour!

Même chose pour les voyages: arrêtons de vouloir tout voir en deux semaines. Prenons le temps de s’arrêter dans un parc, un jardin qui ne figurait pas sur notre itinéraire. À mon prochain voyage, je veux arrêter de courir partout dans le but de ne rien manquer. C’est l’équivalent du concept FOMO («Fear of Missing Out») qui affecte tant d’investisseurs! Prendre le temps de vivre comme les Européens, en sirotant un verre sur une terrasse ou en lisant un livre dans un parc.

En investissement, «il ne faut pas croire que les heures investies dans ses placements se traduisent nécessairement par de meilleurs rendements. C’est contre-intuitif, mais mieux on a effectué son travail dans la sélection de ses titres et la construction de son portefeuille, moins on aura à y consacrer de temps et d’efforts dans le futur, et meilleure sera sa performance à long terme.»

«À vouloir aller trop vite pour s’enrichir, on prendra des risques indus et jettera son dévolu sur des titres de sociétés spéculatifs, des mines ou de petites biotechs. En revanche, celui qui ne prend aucun risque, qui se cantonne dans les obligations ou les plus grands « blue chips » obtiendra des rendements inférieurs à la moyenne.» Dans le moment, il est particulièrement tentant de monter dans le train de l’IA.

J’aime bien me rappeler que les dirigeants des entreprises que nous possédons en portefeuille travaillent chaque jour, sans relâche, pour développer leur entreprise et créer de la valeur. Il est faux de penser qu’on doit être actif et prendre des décisions d’investissement chaque jour pour faire avancer son portefeuille plus vite. Si on a bien choisi ses sociétés et qu’on a bien construit son portefeuille, la meilleure chose à faire est généralement de ne rien faire. Même si on prend des vacances, nos sociétés n’arrêtent pas de travailler pour nous.

C’est mon éloge personnel à la lenteur. Vivez le moment présent et profitez pleinement de la belle saison.

Mon collègue, Jean-Philippe Legault, prendra le relais du blogue hebdomadaire dès la semaine prochaine. Je serai de retour début septembre. Bon été!

 

Philippe Le Blanc, CFA, MBA

Chef des placements chez COTE 100 et auteur du livre Avantage Bourse