Les 6 points chauds où éviter de faire des affaires en 2020
L'économie en version corsée|Publié le 17 janvier 2020Quand la sécurité devient la priorité... (Photo: Wesley Marcal/Unsplash)
CHRONIQUE. Corruption, extorsion, risque d’enlèvement… Il y a des pays où il est plus dangereux que d’autres pour les gens d’affaires. C’est du moins ce qui ressort de la carte mondiale des risques liés à la sécurité en 2020 divulguée par GardaWorld, l’une des plus grandes entreprises privées de sécurité du monde.
Quels sont, donc, les points chauds de l’année qui débute? La carte en indique six principaux, ceux dont les risques ont été fortement à la hausse en 2019 et sont appelés à perdurer en 2020:
– Burkina Fasso – augmentation du terrorisme;
– Hong Kong – augmentation des tensions politiques, des protestations et des affrontements armés;
– Irak – augmentation des tensions politiques et des affrontements armés;
– Liban – augmentation des tensions politiques, des protestations et des perturbations;
– Mexique – augmentation de la violence des groupes armés;
– Birmanie – augmentation des tensions politiques et des affrontements armés.
Prenons le cas du pays qui est le plus proche de nous sur le plan géographique, et avec lequel nous venons de renouveler l’entente de l’Alena (qui porte désormais le nom d’ACEUM), le Mexique. Voici ce qu’en dit, en substance, la fiche qui lui est consacrée sur le site web de GardaWorld, sachant que les données proviennent d’IHS Markit, une firme américaine d’information économique:
> Survol général
«L’environnement commercial du Mexique s’est détérioré sous le président Andrés Manuel López Obrador (AMLO). Ce dernier a:
– inversé l’ouverture du secteur des hydrocarbures à l’investissement privé en annulant les appels d’offres;
– annulé la construction du nouvel aéroport de Mexico, d’une valeur de 13 G$ US;
– annulé le projet minier de Los Cardones;
– suspendu les appels d’offres dans le secteur des énergies renouvelables;
– supprimé les zones économiques spéciales qui devaient accorder des incitations fiscales aux investisseurs.
«L’économie mexicaine est au bord de la récession, et IHS Markit prévoit que le produit intérieur brut (PIB) du pays sera stable en 2019 et ne croîtra que de 0,8 % en 2020.
«Ce n’est pas tout. La politique d’AMLO envers le secteur privé et le style de son gouvernement ont érodé la confiance des entreprises implantées au Mexique. L’indice IHS Markit des directeurs d’achat du secteur manufacturier mexicain, qui fournit un aperçu des facteurs économiques tels que le PIB, l’inflation, les exportations, l’utilisation des capacités, l’emploi et les stocks, indique que la confiance des entreprises en décembre 2019 était à son plus bas niveau depuis 2012 (indice PMI à 48, avec une valeur inférieure à 50 indiquant une détérioration des conditions).
«Par ailleurs, de manière générale, le Mexique demeure incapable de lutter efficacement contre le crime organisé. Un exemple frappant : la retraite des forces de sécurité mexicaines et la libération d’un chef de cartel de la drogue arrêté, après que le cartel de Sinaloa ait déployé 800 hommes armés et bloqué de multiples routes en mettant le feu à des véhicules à Culiacan, Sinaloa. Le projet de l’administration américaine de désigner les cartels comme des organisations terroristes augmente le risque qu’ils ripostent violemment contre les intérêts américains au Mexique.
«Les risques de vol et d’extorsion de cargaisons augmenteront probablement à mesure que les organisations criminelles diversifieront leurs sources de revenus en se lançant dans des activités autres que le trafic de stupéfiants.»
> Perspectives opérationnelles
«Les entreprises qui exercent leurs activités au Mexique sont susceptibles de faire face à des difficultés opérationnelles lorsqu’elles traitent avec les instances étatiques et municipales. Ces obstacles vont de l’obtention de permis environnementaux et fonciers à la corruption : il y a 2.873 règles, procédures et règlements que les entreprises privées doivent suivre pour exercer leurs activités au Mexique, les groupes d’entreprises locaux demandant ouvertement une réduction du fardeau réglementaire. Les entreprises sont également confrontées à des risques de non-paiement lorsqu’elles traitent avec des États en difficulté financière. En 2020, tous ces risques liés aux opérations sont susceptibles de s’intensifier.»
> Terrorisme & criminalité
«Les cartels de la drogue sont susceptibles de cibler les installations publiques et les forces de sécurité, les politiciens locaux ou les membres des forces de sécurité avec des armes à feu dans des points chauds tels que Guerrero, Michoacán et Tamaulipas. Dernièrement, le renforcement du cartel de la nouvelle génération à Jalisco a accru le risque de violences dans cette ville ainsi que dans les États de Colima, Guanajuato et Veracruz. (…)
«Les risques d’extorsion et d’enlèvement ont augmenté à mesure que les cartels de la drogue se fracturaient, encourageant les petits groupes criminels à chercher de nouvelles sources de revenus. Les principaux risques dans la capitale, Mexico, sont la petite délinquance et les enlèvements express. Les risques de vols qualifiés persistent également, avec plusieurs rapports récents faisant état de voleurs ciblant des restaurants haut de gamme dans le quartier de Condesa afin de voler les objets de valeur de tous leurs clients. Des chauffeurs de taxis et d’applications de covoiturage ont été dénoncés pour vol qualifié, enlèvement express et violence sexuelle contre les femmes dans les quartiers à revenus élevés de la capitale.»
À tout cela s’ajoute une dernière donnée : une autre carte de GardaWorld, qui traite, elle, des risques d’enlèvement et de piraterie à l’échelle de la planète, indique que le Mexique est également l’un des points chauds de 2020 à cet égard. «Avec la Libye et l’Irak, le Mexique arrive en tête de liste pour les risques d’enlèvement», y est-il souligné.
«Dans le monde entier, nous répondons à plus de 130 cas d’enlèvement et de menaces par an, ce qui nous donne un aperçu unique des dangers auxquels sont confrontés les organisations», dit à ce sujet Alex Kemp, directeur général, de NYA, une filiale de GardaWorld.
Voilà. Il est clair que faire des affaires à l’étranger n’est pas de tout repos. Loin de là. Et de toute évidence, cela peut carrément tourner au cauchemar si l’on s’approche trop près du feu…
Cela étant, on dit qu’un homme averti en vaut deux, si bien que le simple fait d’être bien renseigné sur l’endroit où l’on se rend pour faire des affaires – le Mexique, ou ailleurs – peut suffire pour faire toute la différence. Comme le dit d’ailleurs Grégoire Pinton, premier vice-président et chef mondial des services de sécurité des voyageurs, de GardaWorld : «De bons renseignements peuvent toujours aider les grandes entreprises, les entreprises émergentes et les gens d’affaires à travailler et voyager en toute sécurité, où que ce soit dans le monde».
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Un rendez-vous hebdomadaire dans Les affaires et Lesaffaires.com, dans lequel Olivier Schmouker éclaire l’actualité économique à la lumière des grands penseurs d’hier et d’aujourd’hui, quitte à renverser quelques idées reçues.
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