Les Canadiens réduisent leurs dépenses, selon la Banque centrale
La Presse Canadienne|Publié le 15 janvier 2024Environ les deux tiers des consommateurs ont déclaré qu'ils réduisaient leurs dépenses ou prévoyaient de le faire en raison de leurs attentes en matière de taux d'intérêt et d'inflation. (Photo: La Presse Canadienne/Adrian Wyld)
Une enquête de la Banque du Canada indique que les Canadiens réduisent de plus en plus leurs dépenses, tandis que les détenteurs de prêts hypothécaires restent optimistes dans leur capacité d’effectuer de plus gros paiements après le renouvellement de leur prêt.
La banque centrale a publié lundi ses enquêtes sur les attentes des consommateurs et les perspectives des entreprises pour le quatrième trimestre, révélant la situation des Canadiens dans un contexte de coûts d’emprunt plus importants et de prix en hausse.
Environ les deux tiers des consommateurs ont déclaré qu’ils réduisaient leurs dépenses ou prévoyaient de le faire en raison de leurs attentes en matière de taux d’intérêt et d’inflation.
Alors que de nombreux ménages connaissent des «niveaux croissants de stress financier», ce stress est plus élevé chez ceux «qui vivent généralement d’une paye à l’autre», indique la Banque du Canada.
La banque centrale affirme que les ménages financièrement vulnérables détiennent généralement l’équivalent de moins de deux semaines de dépenses en actifs liquides, sont souvent à court d’argent avant la fin du mois et ne sont pas en mesure de payer immédiatement une dépense imprévue de 500$.
L’enquête révèle qu’un consommateur sur quatre déclare posséder au moins une de ces caractéristiques.
Et même si les Canadiens sont plus pessimistes qu’au trimestre précédent à l’égard de l’économie, les détenteurs de prêts hypothécaires s’attendent toujours à effectuer leurs paiements lorsque leurs prêts hypothécaires seront renouvelés à des taux plus élevés.
Environ 80% des titulaires de prêts hypothécaires ont déclaré qu’ils étaient assez ou très confiants dans leur capacité à effectuer des versements plus élevés.
Un rapport de la Banque TD du mois dernier portant sur les données internes sur les hypothèques et les cartes de crédit a révélé que les personnes qui avaient révisé leur prêt hypothécaire en 2023 avaient davantage réduit leurs dépenses que celles qui avaient renouvelé leur prêt hypothécaire en 2021 et 2022.
Les résultats laissent croire que des taux d’intérêt plus élevés incitent les titulaires de prêts hypothécaires à réduire leurs dépenses, car ils sont confrontés à des mensualités plus élevées.
La Banque du Canada a maintenu son taux d’intérêt directeur à 5% depuis sa dernière hausse de taux en juillet. Cette pause a été motivée par les preuves de plus en plus nombreuses que la hausse des taux d’intérêt ralentit à la fois l’économie et l’inflation. L’inflation annuelle du Canada était de 3,1% en novembre et devrait continuer de ralentir au cours des prochains mois.
Bien que la banque centrale n’ait pas officiellement exclu de nouvelles hausses de taux, les économistes s’attendent généralement à ce que sa prochaine mesure soit de réduire les taux d’intérêt au cours de l’année, alors que l’économie continue de s’affaiblir et que l’inflation ralentit régulièrement.
La croissance des salaires
L’enquête sur les perspectives des entreprises de la banque centrale révèle qu’une demande plus faible et de nouvelles pressions concurrentielles ont ralenti le rythme de la hausse des prix.
Et même si les craintes de pénurie de main-d’œuvre se sont estompées, les entreprises s’attendent à ce que la croissance des salaires reste supérieure à la moyenne jusqu’en 2025, renforçant ainsi leurs attentes en matière d’inflation.
Environ un quart des entreprises croient qu’il faudra plus de quatre ans avant que l’inflation revienne à 2%, indique la Banque du Canada, soulignant que cette attente découle surtout des effets des hausses des salaires, des prix des aliments et des frais de logement.
Parallèlement, les principales préoccupations des entreprises concernent la demande et l’incertitude économique, la plupart d’entre elles déclarant être affectées négativement par la hausse des taux d’intérêt.
«Ces entreprises ont des perspectives de ventes relativement modérées ainsi que de faibles intentions d’investissement et d’embauche», affirme la banque centrale.
Andrew Grantham, directeur général et économiste principal à la Banque CIBC, affirme que l’enquête sur les perspectives des entreprises rassure la banque centrale quant au fait que les choses évoluent dans la bonne direction, mais pas suffisamment pour justifier des réductions précoces des taux.
«Dans l’ensemble, le rapport devrait rassurer quelque peu la Banque du Canada que les pressions et les attentes inflationnistes se normalisent, mais pas encore suffisamment pour entraîner une réduction précoce des taux d’intérêt. Nous continuons de nous attendre à un premier mouvement en juin», a écrit M. Grantham dans une note aux clients.
La Banque du Canada devrait faire sa prochaine annonce sur les taux d’intérêt le 24 janvier. Elle publiera également son rapport trimestriel sur la politique monétaire, qui propose de nouvelles prévisions économiques.