Les changements climatiques grugent la croissance économique
La Presse Canadienne|Publié le 04 Décembre 2020L’Institut canadien pour des choix climatiques ajoute que ces coûts ne sont que la pointe de l’iceberg.
Un groupe de recherche financé par le gouvernement fédéral affirme que les coûts des changements climatiques viennent déjà gruger de plus en plus la croissance de l’économie canadienne.
Dans un rapport publié jeudi, l’Institut canadien pour des choix climatiques ajoute que ces coûts ne sont que la pointe de l’iceberg.
Et le rapport constate que le Canada est bien en retard par rapport à d’autres collectivités en Europe et aux États-Unis pour s’y préparer.
« Certains de ces impacts que nous avons déjà constatés vont continuer à se manifester et croître », a déclaré Ryan Ness, directeur de l’adaptation à l’Institut canadien pour des choix climatiques. « Mais il y aura d’autres types d’impacts que nous n’avons même pas vus auparavant », a-t-il ajouté.
L’institut a été créé et est financé par Environnement Canada en tant que source indépendante de conseils et d’analyses sur les menaces liées aux changements climatiques et les moyens de les minimiser. Il s’agit du premier rapport de l’organisme.
À l’aide de données provenant de sources gouvernementales, ainsi que de groupes comme le Bureau d’assurance du Canada, il conclut que les coûts des catastrophes liées aux conditions météorologiques augmentent considérablement. L’organisme indique que le nombre de ces catastrophes a bondi à 27 par an en 2016, comparativement à huit en moyenne au début des années 1970.
Il y avait 14,5 milliards de dollars en coûts totaux de 2010 à 2019, éclipsant le total de 21 milliards de dollars pour les quatre décennies précédentes.
Ces chiffres sont ajustés en fonction de la croissance démographique et de l’augmentation de la valeur des terres, a déclaré l’économiste de l’institut Dave Sawyer.
« Bien sûr, nous avons plus d’événements, mais nous sommes également frappés plus durement », a souligné M. Sawyer.
Ce fardeau commence à peser de manière importante sur l’économie. Le rapport indique que les coûts des catastrophes équivalaient auparavant à environ 1 % de la croissance du PIB. Au cours de la dernière décennie, ce pourcentage est passé à environ 5 à 6 %.
Les plus grandes menaces sont toujours devant nous, prédit le rapport.
Des vagues de chaleur et l’augmentation des maladies transmises par les insectes telles que la maladie de Lyme devraient faire grimper les coûts de santé. La fumée des incendies de forêt aggrave les problèmes pulmonaires et les catastrophes météorologiques de toutes sortes ont des effets sur la santé mentale.
Le rapport indique que les coûts commerciaux vont également apparaître.
Les gens ne travaillent pas durant les catastrophes. Lors de l’incendie de Fort McMurray en 2016, 40 % de la production pétrolière du Canada était hors service pendant des semaines. Les économistes ont constaté que la productivité du travail diminue d’environ 2,7 % pendant les périodes de chaleur ou de froid extrêmes.
Les biens vulnérables aux catastrophes comme les inondations, les incendies ou le dégel du pergélisol perdront de la valeur, selon le rapport, avec une perte cumulative estimée par certains à près de 1 % du PIB d’ici 2050.
Le rapport aborde aussi l’impact sur l’agriculture. Les schémas et le calendrier des précipitations changeront. Des événements anormaux endommageront les récoltes, comme la vague de chaleur de mars 2012 en Ontario qui a rendu les pommiers vulnérables à un gel ultérieur et a coûté aux vergers environ 100 millions de dollars, souligne-t-on.
Le Canada ne dénombre tout simplement pas les coûts, a déclaré M. Ness.
« Les références absolues sont (l’Union européenne) et les États-Unis, où ils ont des programmes depuis des années qui étudient les impacts climatiques et évaluent leurs coûts. Nous n’avons pas l’échelle de financement ou la sophistication des programmes que ces deux juridictions présentent », a-t-il fait valoir.
Plus important encore, a déclaré M. Sawyer, les gouvernements doivent commencer à discuter et à travailler de concert.
« Nos mécanismes de gouvernance doivent être meilleurs pour coordonner le gouvernement fédéral, les provinces et les municipalités », a-t-il soutenu. « (Nous devons nous) asseoir ensemble et trouver comment nous pouvons mieux gérer et nous préparer à ce changement climatique. »