Les coops obtiennent des fonds fédéraux pour réduire les loyers
La Presse Canadienne|Publié le 13 janvier 2022Les ménages ont ajouté au moins 121,5 milliards $ de dettes hypothécaires l’an dernier. (Photo: 123RF)
Le gouvernement fédéral accorde aux fournisseurs de logements coopératifs des millions de dollars de financement pour alléger les loyers. Ottawa souhaite ainsi soulager un secteur qui cherche à trouver de nouvelles façons d’aider les locataires.
Ce financement de 118,2 millions $ sur sept ans constitue la deuxième phase de l’Initiative fédérale de logement communautaire, pour les anciens fournisseurs de logements administrés par le gouvernement fédéral dont les ententes ont pris fin avant avril 2016.
Le ministre fédéral du Logement, Ahmed Hussen, a indiqué jeudi que les fournisseurs de logements coopératifs et sans but lucratif avaient demandé une aide supplémentaire après l’épuisement du financement temporaire.
Ces fonds devraient permettre d’appuyer le fonctionnement de quelque 18 000 logements communautaires, en réduisant le montant du loyer pour les résidents à faible revenu.
Tim Ross, directeur général de la Fédération de l’habitation coopérative du Canada, affirme que cette nouvelle ronde de financement crée un soutien à long terme pour les fournisseurs, afin d’aider les ménages qui, autrement, ne pourraient pas payer leur loyer.
Les coopératives fixent les loyers mensuels à un niveau qui leur permet de couvrir leurs coûts d’exploitation ainsi que les réparations majeures actuelles et à venir, ce qui fixe toujours les loyers au-dessus de ce que certains locataires membres peuvent se permettre de payer.
«Il y a encore un écart dans ce dont certains ménages ont besoin pour être logés à prix abordable dans une coopérative», a admis M. Ross.
Il a ajouté que le financement fédéral «aide à combler cette lacune pour les membres les plus vulnérables des communautés de logements coopératifs et de logements sans but lucratif ». Cette aide donne aussi aux coopératives un pied dans la porte de la stratégie nationale du logement, dit-il.
Il a également déclaré que le financement dévoilé jeudi fonctionnera en tandem avec les efforts des fournisseurs pour négocier de nouvelles hypothèques à des taux bien inférieurs à ceux que le gouvernement fédéral leur imposait autrefois.
Des accords hypothécaires de 40 et 50 ans ont été signés dans les années 1970 et 1980 et s’accompagnaient de taux d’intérêt allant jusqu’à 13%. Ces accords prévoyaient aussi des pénalités, qualifiées de «mortelles» par M. Ross, lorsqu’on veut rembourser avant terme une hypothèque ce qui interdit en pratique de profiter des bas taux d’intérêt actuels en renégociant.
Flambée des prix
Les taux d’intérêt ont encore baissé depuis que les libéraux ont versé de l’argent pour la première fois au secteur des coopératives en 2016, afin de les aider à rembourser les dettes et à tester le marché privé. Cela a permis aux coopératives d’obtenir un financement à moindre coût et d’investir dans l’amélioration de leurs propriétés, a déclaré M. Ross.
Mais ces mêmes taux ont également fait grimper les prix des maisons à l’échelle nationale, alors que les acheteurs tentent de négocier des prêts hypothécaires à faible taux d’intérêt dans un marché où l’offre est faible.
L’Association canadienne de l’immeuble a estimé le mois dernier que le prix moyen des maisons au Canada atteindrait 687 500 $ d’ici la fin de 2021, et environ 739 500 $ d’ici la fin de 2022.
Les ménages ont ajouté au moins 121,5 milliards $ de dettes hypothécaires l’an dernier, et Statistique Canada doit encore calculer les chiffres pour les trois derniers mois de 2021.
Le comité des finances de la Chambre des communes a décidé cette semaine de tenir des audiences pour déterminer ce qui fait spécifiquement monter les prix des logements, dans le cadre d’un examen plus large de ce qui alimente l’inflation au pays.
«Répondre à cette question, résoudre cette énigme, expliquera pourquoi ce ballon se gonfle si rapidement et brusquement, et nous permettra de juguler l’inflation avant que le ballon n’éclate complètement, avec des conséquences dévastatrices pour les familles et notre économie en général», a déclaré le porte-parole conservateur en matière de finances, Pierre Poilievre, au début de la réunion du comité, mercredi.
Son homologue néo-démocrate, Daniel Blaikie, a ajouté que la hausse des coûts était déjà une préoccupation pour les acheteurs avant même la pandémie, mais que la crise de l’abordabilité s’est aggravée au cours des deux dernières années.
Le ministre Hussen a souligné jeudi la nécessité d’augmenter l’offre de logements, soulignant les efforts fédéraux, provinciaux et municipaux pour accélérer la construction de nouvelles unités. Il a déclaré que le gouvernement fédéral envisageait également un certain nombre d’options pour décourager les investisseurs d’accumuler un vaste portefeuille d’immeubles à de seules fins de placement.
«Je suis certain que notre prochain budget répondra à certaines de ces préoccupations pressantes des Canadiens», a déclaré M. Hussen jeudi, ajoutant un instant plus tard qu’il s’attendait à ce que le comité des Finances « soit constructif pour nous aider à proposer des idées et à ne pas se livrer à une rhétorique partisane simplement déconnectée de la réalité ».
Toutes les mesures seront à l’ordre du jour plus tard ce mois-ci lorsque le ministre Hussen rencontrera ses homologues provinciaux et territoriaux, avant ce qu’il a appelé un «sommet national sur le logement».