Largement utilisé dans plus de 2000 destinations de glisse à travers le globe, le système RFID a fait ses premières apparitions il y a une vingtaine d’années en Europe (Photo: 123RF)
Si l’enneigement mécanique 4.0 tarde à prendre ses aises sur les pentes du Québec, il en est tout autre pour le système de radio-identification (RFID) déjà présent dans près d’une vingtaine de destinations québécoises.
Grâce à un investissement d’un million de dollars, la Corporation Ski & Golf Mont-Orford figure parmi la poignée de stations qui introduisent cette technologie cette saison. De même taille qu’une carte de crédit munie d’une puce, ce nouvel outil glissé dans une pochette du manteau de chaque usager permettra désormais à l’équipe du Mont Orford de collecter de multiples informations sur sa clientèle. En plus de donner accès aux télésièges, ce système enregistrera la fréquence des visites de chaque utilisateur ainsi que le nombre de remontées effectuées dans la journée.
«C’est un outil qui va nous permettre de mieux identifier les comportements de notre clientèle pour ensuite mieux orienter nos stratégies marketing» soulève Simon Blouin, directeur général de l’organisme à but non lucratif.
Une technologie populaire
Largement utilisé dans plus de 2000 destinations de glisse à travers le globe, le système RFID a fait ses premières apparitions il y a une vingtaine d’années en Europe. Ce sont d’ailleurs deux entreprises autrichiennes, Skidata et TeamAxess, qui dominent ce marché.
Les stations du groupe Vail, dont fait partie la Canadienne Whistler-Blackcomb, ont été parmi les premières destinations nord-américaines à utiliser cette technologie à ultra haute fréquence afin de suivre les mouvements de la clientèle sur leurs vastes domaines. Un facteur sécurité qui s’ajoute à la liste des avantages de cette technologie.
Jumelée à la vente de billet en ligne, l’introduction du système RFID favorise des recharges de billet directement à la maison ou à l’aide de téléphone intelligent, poursuit Simon Blouin.
Elle favorise aussi l’utilisation de bornes de recharge. «Ce qui se traduit par une réduction des temps d’attente au comptoir du service à la clientèle, et du coup, par un coup de pouce quant à la gestion de main-d’œuvre. Cette gestion améliorée à la billetterie permet ainsi de réaffecter au moins cinq employés de ce département vers les services de location ou de restauration», avise le gestionnaire.
Lutte contre la fraude
«Le système RFID aide également à lutter contre la fraude», enchaîne Pierre Bourdages, PDG de Destination Owl’s Head. Il y a trois ans, la station du canton de Potton a injecté plus de 750 000 $ pour devenir l’une des premières stations des Cantons de l’Est à introduire la technologie de la radio-identification. Depuis, le gestionnaire estime avoir grandement réduit les risques de fraude qui pouvaient représenter jusqu’à 3 % de pertes annuelles de revenus à la billetterie, dit-il.
Outil de fidélisation et de paiement
Que le système RFID gagne autant d’adeptes s’explique aussi par son pouvoir de fidélisation de la clientèle. C’est ce que soutient John Keefe, directeur du développement des affaires pour la division nord-américaine de SKIDATA. « La plupart des stations de ski nord-américaines qui emploient le système RFID enregistrent des taux de réutilisation de la carte allant de 60 % à 70 %. Ce qui n’est pas banal. Il s’agit, en fait, pour ces entreprises d’un nouveau canal de vente qui offre l’occasion de communiquer directement avec les clients. Et ça en marketing, c’est de l’or », mentionne-t-il.
En plus de constituer des outils payants rechargeables en ligne, les cartes RFID permettent aussi de réserver des leçons de glisse à distance. Elles servent même de « clé » pour ouvrir et fermer un casier dans les vestiaires de la station. C’est du moins le cas à Destination Owl’s Head. « Éventuellement, ce système pourra servir d’outil de paiement à la boutique, à la cafétéria, au bar », indique le directeur général de la station Mont Rigaud, Luc Élie. La petite station montérégienne a, elle aussi, investi près d’un 4 M$ pour passer en mode radio-identification.
Des statistiques pour le client
Enfin, il va de soi que les données sur le comportement des skieurs captées par la carte RFID peuvent également servir au détenteur lui-même pour des fins ludiques. À Whistler, où la technologie est en vigueur depuis 2014, le système permet aux usagers de consulter instantanément sur leur téléphone intelligent leur nombre de descentes réalisées dans une matinée, une journée… et de comparer le tout au fil des saisons.