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Les enjeux de «l’après-pandémie»

Camille Robillard|Publié le 18 mars 2022

Les enjeux de «l’après-pandémie»

Plusieurs défis attendent le gouvernement fédéral et les provinces afin de renverser le lourd héritage économique laissé par deux ans de pandémie. Les soldes budgétaires de tous les pays du G7 ont été marqués par des déficits durant cette période de turbulence, causés par la baisse de revenus et une forte hausse des dépenses. Le Canada n’a pas été épargné passant d’un léger surplus en 2019 à l’un des déficits les plus importants en 2020. 

Selon le Fonds monétaire international, le solde budgétaire des administrations publiques du Canada pourrait se rapprocher de l’équilibre dès 2023. Dans le point de vue économique Les finances publiques devront surmonter plusieurs défis après la pandémie, Benoit P. Durocher, économiste principal chez Desjardins, perçoit se bénéfice potentiel comme un avantage concurrentiel pour le Canada en matière de finances publiques sur la scène internationale, «qui pourrait notamment se traduire par des taux d’intérêt moins élevés comparativement à d’autres pays.» Toutefois, il estime que les budgets 2022 donneront un meilleur aperçu de ce qui attend la confédération.

 

Multiples enjeux

En plus du redressement budgétaire, l’après-pandémie réserve son lot de défis à Justin Trudeau et à ses homologues provinciaux, tels que les changements climatiques, les lacunes du système de santé, l’inflation élevée, l’offre, ainsi que le commerce mondial. 

Ce n’est un secret pour personne. La transition écologique nécessitera d’importants investissements au cours des prochaines années, notamment en termes de nouvelles infrastructures publiques, dont l’électrification des transports et le développement d’énergies renouvelables.

La pandémie a également mis en évidence certaines déficiences du système de santé au pays comme les places limitées dans les hôpitaux et la pénurie de personnel. Même si Benoit P. Durocher est d’avis qu’il est «évident que nous devons revoir nos façons de faire en matière de santé», les données de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) démontrent que «l’ajout de ressources financières n’est pas nécessairement gage de meilleure réussite». Avec des dépenses en santé qui représentent 10,8% du PIB, le Canada figure en haut de la moyenne de l’OCDE, qui s’élève pour sa part à 8,8%.

Alors que de nombreux ménages doivent composer avec une réduction de leur pouvoir d’achat — causée par le taux annuel d’inflation totale qui a monté à 5,1% en janvier au Canada et les salaires qui font preuve de rigidité — l’économiste met également en garde les gouvernements vis-à-vis la tentation de proposer des mesures compensatoires aux consommateurs et aux consommatrices. «Les mesures de soutien, que ce soit une réduction de taxes, une baisse d’impôt ou une hausse des transferts aux particuliers, pourraient se traduire par un gonflement des revenus disponibles des consommateurs. Cela aurait comme effet de stimuler davantage la demande et, au bout du compte, d’accentuer les pressions haussières sur les prix, ce qui va à l’encontre de l’objectif souhaité», commente-t-il. 

Les budgets «de transition» seront dévoilés prochainement, dont le 22 mars par le gouvernement Legault. Pour Benoit P. Durocher, à travers cet océan d’instabilité, une chose est certaine. «L’inaction n’est pas une option, car les conséquences pourraient être importantes à plus long terme.»