Les entreprises canadiennes ont les poches pleines, selon l’IRIS
La Presse Canadienne|Publié le 11 août 2022L’IRIS dit avoir observé une augmentation de plus de 10% des profits des entreprises canadiennes au cours des quatre derniers trimestres, bien supérieure à la hausse des salaires. (Photo: 123RF)
Montréal — Un institut de recherche affirme que les profits des entreprises canadiennes n’ont jamais été aussi élevés depuis le début du siècle alors que le Canada est aux prises avec des taux d’inflation en croissance depuis plusieurs mois.
L’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS) ajoute que la Banque du Canada fait fausse route en voulant contrôler la poussée inflationniste par une succession d’augmentations importantes des taux d’intérêt.
L’IRIS dit avoir observé une augmentation de plus de 10% des profits des entreprises canadiennes au cours des quatre derniers trimestres, bien supérieure à la hausse des salaires. Le co-auteur de la recherche, Guillaume Hébert, soutient que les entreprises semblent avoir largement profité du contexte d’inflation pour majorer leurs prix, une manœuvre qui leur aurait permis d’engranger des profits records tout en contribuant à l’accélération de l’inflation.
Son collègue chercheur de l’IRIS, Pierre-Antoine Harvey, invite les gouvernements à s’assurer de protéger le pouvoir d’achat des ménages face aux hausses de prix. À son avis, l’augmentation des salaires au niveau de l’inflation est la mesure la plus efficace pour contrer les problèmes causés par l’augmentation générale des prix.
Face aux craintes que la hausse des salaires contribue à l’installation d’une spirale où l’inflation nourrirait des augmentations de salaire qui entraîneraient à leur tour une inflation élevée sur une plus longue période, Pierre-Antoine Harvey répond que l’ajustement des salaires au coût de la vie n’a pas d’effet amplificateur durable sur l’inflation.
Guillaume Hébert suggère aussi aux gouvernements de compenser l’inflation générale en réduisant les tarifs et les prix qu’ils contrôlent tels que les tarifs d’hydroélectricité ou le coût des services de garde. Ils peuvent aussi soutenir les municipalités pour qu’elles instaurent la gratuité du transport en commun sur leur territoire.
L’étude réclame aussi la mise en place de mesures pour limiter la capacité des entreprises d’augmenter exagérément les prix, telles que la surveillance accrue de la concentration des secteurs et la lutte contre les pratiques de concertation sur les prix.
Quant à la stratégie de la Banque du Canada de hausser des taux d’intérêt afin de provoquer un ralentissement économique, l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques croit qu’elle favorise les milieux financiers et fait porter aux ménages canadiens le poids économique de la lutte à l’inflation.
Pierre-Antoine Harvey conclut que la hausse du taux directeur n’aura pas d’effet direct sur la flambée des prix du pétrole ni sur l’appétit des grandes entreprises pour des profits élevés. Il craint que la Banque du Canada puisse même causer un ralentissement de l’économie.