Les républicains affirment qu'accepter le relèvement de la dette reviendrait à donner un chèque en blanc à Joe Biden pour financer ses vastes plans d'investissements. (Photo: Getty Images)
Washington — Les États-Unis ont écarté temporairement jeudi la menace d’un défaut de paiement catastrophique de la première puissance mondiale, lorsque démocrates et républicains du Congrès sont parvenus à un accord pour relever le plafond de la dette jusqu’en décembre.
«J’ai une bonne nouvelle», a déclaré le chef démocrate du Sénat Chuck Schumer dans l’hémicycle en annonçant cet accord qui court jusqu’à début décembre.
Après de longues heures de négociations, il a dit espérer qu’un vote sur cette proposition se tiendrait «dès aujourd’hui».
La Chambre des représentants devra ensuite à son tour approuver cette mesure pour que Joe Biden puisse la promulguer. Ce vote final n’est pas attendu avant la semaine prochaine.
«Le Sénat avance vers le plan que j’ai exposé hier pour éviter aux Américains une crise provoquée» par les démocrates, s’est réjoui le chef des sénateurs républicains Mitch McConnell. «Républicains et démocrates et leurs équipes ont négocié toute la nuit de bonne foi.»
Avec sa proposition, ce vétéran du Congrès a offert une porte de sortie provisoire aux deux camps, qui étaient chacun enkystés dans des positions diamétralement opposées.
Portée par l’espoir d’un accord, Wall Street avait ouvert en hausse jeudi.
«Repousser les problèmes»
Mais les blocages ne vont pas disparaître pour autant.
Les républicains refusent absolument d’approuver toute mesure pour relever le plafond de la dette, car ils affirment que cela reviendrait à donner un chèque en blanc à Joe Biden pour financer ses vastes plans d’investissements.
Ces plans n’ont toutefois pas encore été adoptés par le Congrès. Relever le plafond de la dette sert à rembourser des sommes déjà empruntées, dont des milliers de milliards de dollars dépensés sous la présidence de Donald Trump, un républicain.
En offrant un répit temporaire pour éviter une crise de la dette, Mitch McConnell a exhorté les démocrates à parvenir, seuls, à une solution durable en utilisant une voie législative complexe, que le camp du président Joe Biden refuse jusqu’ici d’emprunter pour la dette.
La Maison Blanche avait donc réagi tièdement mercredi à la proposition des républicains, sa porte-parole Jen Psaki les appelant à «ne pas repousser les problèmes» alors qu’une solution de long terme pourrait être trouvée dès maintenant.
De fait, l’accord noué jeudi ne fait que repousser jusqu’à fin novembre une bataille parlementaire qui s’annonce épique sur les finances des États-Unis.
Car en parallèle de la limite d’endettement, le Congrès devra s’entendre également d’ici début décembre sur un nouveau budget s’il veut éviter la paralysie des services fédéraux, surnommée «shutdown».
La confluence de ces deux menaces présage d’un automne chargé sur la colline du Capitole.
Les démocrates espèrent toutefois profiter de ce répit sur le front financier pour se centrer dans les prochaines semaines sur les difficiles négociations entre démocrates pour adopter les deux grands plans d’investissements voulus par Joe Biden, dans les infrastructures et les réformes sociales.
Pression politique
Le Trésor américain avait fixé au 18 octobre la date à partir de laquelle la première économie mondiale pourrait se retrouver en cessation de paiement, si son Congrès ne parvenait pas à augmenter la capacité d’endettement du pays.
La pression montait très nettement depuis plusieurs jours sur les républicains, venue notamment de Joe Biden.
Le président américain, fragilisé par le retrait chaotique d’Afghanistan, et qui peine par ailleurs à faire passer ses grandes réformes économiques et sociales, ne voulait pas en plus d’un cataclysme financier.
Il avait convié mercredi à la Maison Blanche de grands noms de Wall Street pour mettre en garde contre les conséquences d’un défaut de paiement, qui serait une première dans l’histoire américaine.
Les États-Unis, qui comme toutes les grandes économies ou presque vivent à crédit depuis des décennies pour ce qui concerne la dépense publique, ont déjà relevé à de multiples reprises ce fameux «plafond».
Mais les républicains avaient commencé pendant la présidence Obama à faire de cette manœuvre législative de routine un instrument de pression politique.