La Québécoise Leylah Annie Fernandez célèbre sa victoire en demi-finale du US Open. (Photo: Getty images)
BLOGUE INVITÉ. La performance de quelques adolescents au US Open de New-York, quatrième grand chelem du calendrier professionnel de tennis annuel, est tout à fait extraordinaire. Leylah Fernandez (19 ans), Carlos Alcaraz (18), Emma Raducanu (18) nous en ont fait voir de toutes les couleurs depuis le début du tournoi.
Et que dire de nos joueurs et joueuses québécois! Qui aurait pu croire que le Québec aurait deux joueurs parmi les deux carrés d’as masculin et féminin du US Open?
C’est particulièrement rafraîchissant de voir une nouvelle génération de joueurs et joueuses défier les meilleurs, après vingt ans de domination du tennis masculin par trois joueurs – Federer, Nadal et Djokovic. On a besoin de sang neuf dans le tennis. Cette édition du US Open marque peut-être le début du changement de garde.
Mais attention. Le succès au tennis est une longue route jonchée de courbes abruptes, de montées et de descentes. Le succès précoce d’un jeune adolescent ne garantit pas son succès futur, loin de là. Les écueils sont multiples, en commençant par la pression énorme qui vient avec l’attention démesurée des médias et des fans. De plus, la vie sur le circuit professionnel est difficile et fatigante, exigeant de vivre dans les hôtels et de sauter d’un avion à l’autre, loin de sa famille et de sa maison. Les blessures sont également monnaie courante au sein d’un circuit qui ne prend jamais vraiment de pauses. En outre, les compétiteurs auxquels ils feront face auront eu le temps d’analyser leur jeu et d’adapter leur stratégie pour mieux leur résister.
Le phénomène me rappelle la Bourse. Nous aimerions tous que quelques jeunes sociétés surpassent les grandes entreprises de ce monde, les Google, Amazon, Microsoft et Apple. Nombre d’entre elles ont fait le saut en Bourse ces derniers trimestres et obtiennent des capitalisations boursières énormes. Les attentes sont particulièrement élevées pour que ces nouveaux venus soient les futurs Amazon du monde boursier. Mais, comme au tennis, l’euphorie entourant un premier appel public à l’épargne («PAPE») peut mener à bien des maux de tête dans les années subséquentes. La réalité est qu’une infime partie des nouvelles sociétés en Bourse poursuivront leur succès et rares sont celles qui remplaceront les plus grandes sociétés.
À ce stade-ci, les jeunes adolescents qui ont pris le monde du tennis par surprise devraient se rappeler que le travail acharné qui les a amenés si loin et si vite ne fait que commencer. Surtout, ils devront rester humbles et se souvenir que le chemin devant eux sera fait de hauts et de bas et que la résilience est une qualité essentielle pour faire une longue et fructueuse carrière dans le tennis. C’est pareil en Bourse, tant pour les dirigeants d’entreprises que pour les investisseurs.
Le monde du tennis est comme celui des affaires. Inévitablement, une entreprise ne pourra pas rester dominante indéfiniment et devra tôt ou tard laisser sa place à une nouvelle génération de joueurs. C’est ce qui rend les deux domaines si passionnants!
Philippe Le Blanc, CFA, MBA
Chef des placements chez COTE 100