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Les géants de Wall Street à la rescousse de First Republic

AFP|Publié le 16 mars 2023

Les géants de Wall Street à la rescousse de First Republic

New York — Onze grandes banques américaines ont choisi jeudi de venir ensemble à la rescousse de l’établissement en difficultés First Republic et éviter ainsi qu’il ne devienne le prochain domino à tomber après trois faillites d’affilée.

Elles se sont engagées à verser au total 30 milliards de dollars US de dépôts dans First Republic. C’est le signe, selon elles, de leur «confiance dans le système bancaire» du pays, indique un communiqué commun. 

Cette action a été saluée par les autorités américaines, le ministère de l’Économie, la banque centrale et deux régulateurs financiers estimant dans un communiqué séparé qu’elle «démontre la résilience» du système bancaire.

La journée avait mal débuté pour First Republic. Après avoir déjà perdu 73% en une semaine, l’action a perdu jusqu’à 36% après un article de l’agence Bloomberg affirmant que la banque explorait des «options stratégiques» pour son avenir, y compris une possible vente.

Le titre s’est toutefois redressé au fur et à mesure que des rumeurs apparaissaient sur une possible intervention commune des grandes banques. Il a terminé en hausse de 12%.

First Republic, la 14e banque américaine par la taille des actifs, s’est trouvée en difficulté après les défaillances rapprochées de Silicon Valley Bank, Signature Bank et Silvergate, car elle sert principalement une clientèle fortunée.

Investisseurs et analystes craignaient que nombre de clients préfèrent déplacer leur argent dans des établissements ne présentant a priori aucun risque de faillite, car trop importants pour que les régulateurs les laissent fermer, et que First Republic doive à son tour être liquidée.

Une perspective peu réjouissante pour la confiance dans le système bancaire dans son ensemble.  Les grandes banques ont donc décidé d’agir de concert. 

«Le système bancaire dispose d’un crédit solide, de liquidités abondantes, d’un capital important et d’une forte rentabilité. Les événements récents n’ont rien changé à cette situation», affirment-elles dans leur communiqué commun.

 

Investissement spéculatif

Il est prévu que Bank of America, Citigroup, JPMorgan Chase et Wells Fargo, les quatre plus grandes banques du pays par la taille des actifs, apportent, chacune, cinq milliards de dollars. 

Les banques d’affaires Goldman Sachs et Morgan Stanley doivent verser 2,5 milliards chacune tandis que BNY Mellon, PNC Bank, State Street, Truist et U.S. Bank doivent débourser 1 milliard. 

Fondée en 1985 et basée à San Francisco, First Republic fournit des services de banque privée pour les particuliers et pour les entreprises et de gestion de fortune, avec des bureaux principalement en Californie, mais aussi sur la côte Est (New York, Massachusetts, Connecticut, Floride), dans les États de l’Oregon, de Washington et du Wyoming.

Elle a «une clientèle aisée concentrée dans les zones urbaines côtières», décrit dans une note Eric Compton, analyste pour Morningstar. Et elle a enregistré une croissance rapide ces dernières années, passant de 22 milliards de dollars d’actifs fin 2010 à 212 milliards fin 2022.

Mais le profil de sa clientèle est devenu récemment une faiblesse après les fermetures de banques qui avaient misé sur des secteurs d’activités particuliers, le monde de la tech pour SVB, celui des cryptomonnaies pour Signature Bank et Silvergate.

Selon l’agence S&P Global Ratings, 68% des dépôts chez First Republic sont sur des comptes dépassant 250 000 dollars US, soit la limite garantie habituellement par les autorités. De quoi inciter leurs détenteurs à vouloir protéger leur argent en le déplaçant.

Déjà surveillée de près depuis quelques jours, la banque avait indiqué dimanche avoir «renforcé et diversifié ses liquidités» et disposer de 70 milliards de dollars grâce aux facilités offertes par la banque centrale américaine et à JPMorgan Chase.

Insuffisant aux yeux des agences de notation S&P Global Ratings et Fitch, qui avaient abaissé mercredi la note qu’elles accordent à la dette de la société dans la catégorie des investissements spéculatifs.

En agissant de concert, les grandes banques américaines veulent illustrer «leur confiance dans First Republic et dans les banques de toutes tailles», et démontrer «leur engagement général à aider les banques à servir leurs clients et les communautés», est-il écrit dans leur communiqué.