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Les importations chinoises ont atteint le cap des 100G$ en 2022

La Presse Canadienne|Publié le 27 février 2023

Les importations chinoises ont atteint le cap des 100G$ en 2022

La plus grande catégorie d’importations en 2022 était les biens de consommation, à 31G$, suivie des équipements électroniques et électriques, pour une valeur de 28G$. (Photo: La Presse Canadienne)

Vancouver — Le commerce entre la Chine et le Canada a atteint des niveaux records en 2022, les importations en provenance de la Chine ayant franchi pour la première fois la barre des 100 milliards de dollars (G$), selon les données de Statistique Canada.

Des économistes et autres observateurs affirment que les entreprises regardent au-delà des tensions politiques entre les deux pays, alors que la demande augmente et que les chaînes d’approvisionnement retrouvent leur fonctionnement normal dans un monde postpandémique.

James Brander, professeur d’économie à la Sauder School of Business de l’Université de la Colombie-Britannique, a souligné qu’en l’absence de politiques gouvernementales prévoyant le contraire — comme celles qui restreignent actuellement le commerce avec la Russie — les entreprises ne donneront pas la priorité à la politique.

«Bien sûr, oui, il y a des tensions. Mais les flux économiques ou commerciaux, et l’activité économique en général, ne sont pas très affectés par les tensions politiques, à moins qu’il n’y ait une politique explicite», a expliqué M. Brander.

Les données de Statistique Canada montrent que le Canada a importé un record de 100 027 968 000$ de marchandises en provenance de Chine l’an dernier, ce qui représentait une hausse de 16% par rapport aux 86G$ de 2021.

La plus grande catégorie d’importations en 2022 était les biens de consommation, à 31G$, suivie des équipements électroniques et électriques, pour une valeur de 28G$.

Les données montrent que les exportations canadiennes vers la Chine ont également atteint un sommet historique de 27,9G$, se remettant d’un effondrement qui a suivi l’arrestation, en 2018, de la dirigeante chinoise de Huawei, Meng Wanzhou, et la détention, par la Chine, des Canadiens Michael Spavor et Michael Kovrig.

L’année dernière, la Chine a levé une interdiction de trois ans sur le canola canadien qui avait été imposée dans la foulée de l’arrestation de Meng, qui est depuis retournée en Chine.

Mais les tensions entre Ottawa et Pékin restent élevées, au milieu des allégations d’ingérence chinoise dans les élections canadiennes et de la confirmation, par le gouvernement, d’opérations de surveillance chinoises.

Anastasia Ufimtseva, gestionnaire de programme à la Fondation Asie-Pacifique du Canada, a noté que bien que l’économie et la politique soient «très liées», cela pourrait prendre beaucoup de temps avant qu’elles s’alignent.

En attendant, les entreprises respecteront la dynamique du commerce mondial et chercheront des solutions rentables, a-t-elle expliqué.

«Potentiellement à l’avenir, nous pourrions observer les changements dans le commerce, ils pourraient se répercuter, mais nous devons toujours être prudents quant à tous les facteurs dont les entreprises tiennent compte lorsqu’elles prennent leur décision.»

Mme Ufimtseva a ajouté qu’il n’était pas facile pour les entreprises de trouver des alternatives à la Chine, la deuxième plus grande économie du monde.

«Même si de nombreux pays disent qu’après la pandémie, ils veulent établir une structure de chaîne d’approvisionnement alternative, il est coûteux et difficile de changer lorsqu’une entreprise a été créée et qu’elle a ses fournisseurs. Il faudra beaucoup de temps pour trouver des alternatives pour construire cette infrastructure», a précisé Mme Ufimtseva.

Elle a ajouté que les chaînes d’approvisionnement existantes s’étaient stabilisées après les perturbations de la pandémie.

L’économiste Daniel Trefler, de l’Université de Toronto, a indiqué que les chaînes d’approvisionnement manufacturières ne pouvaient pas être déplacées facilement.

«Bien sûr, c’est extrêmement difficile à faire, a affirmé M. Trefler. C’est impossible à faire en une courte période de deux, trois, quatre ans.»

Le consulat de Chine à Vancouver a rejeté la semaine dernière un article du journal Globe and Mail décrivant les efforts présumés pour évincer les candidats considérés comme hostiles à Pékin. Le consulat a estimé que le rapport «salissait et discréditait» la Chine.

Le ministère de la Défense et les Forces armées canadiennes ont, pour leur part, confirmé la semaine dernière être au courant des efforts récents de la Chine pour mener des opérations de surveillance dans l’espace aérien et les eaux canadiennes.

 

Cette dépêche a été produite avec l’aide financière des Bourses de Meta et de La Presse Canadienne pour les nouvelles.