La garde-robe de Cassie Tatone est composée à 80% de vêtements qu’elle a confectionnés elle-même, des salopettes aux robes en passant par les sous-vêtements. (Photo: La Presse Canadienne)
Cassie Tatone a emprunté une machine à coudre à sa belle-mère au printemps 2020, lorsque la pandémie de COVID-19 l’a privée de son emploi et a forcé la fermeture de la plupart des entreprises et activités.
À court de revenus et munie de beaucoup de temps libre, la millénariale a mis à contribution ses talents de couturière débutante, acquis dans un cours plus tôt cette année-là.
Elle a utilisé des tissus qu’elle avait chez elle, a demandé aux membres de la communauté sur un forum en ligne s’ils avaient des chutes supplémentaires dont ils voulaient se départir, a regardé des didacticiels sur YouTube et s’est mise au travail.
Rapidement, Mme Tatone est tombée en amour avec ce métier.
Aujourd’hui, la garde-robe de cette femme économe de 32 ans est composée à 80% de vêtements qu’elle a confectionnés elle-même, des salopettes aux robes en passant par les sous-vêtements.
«Les vêtements que j’aimerais vraiment acheter, parce que je suis maintenant si pointilleuse sur la qualité, seraient très chers», observe Mme Tatone, qui partage son parcours de couture «faite soi-même» sur les réseaux sociaux.
«Donc, je peux fabriquer les vêtements que je veux avec un budget qui convient à mon style de vie.»
Et elle n’est pas seule. De nombreux jeunes Canadiens se tournent vers des projets de fait soi-même dans le but d’économiser de l’argent alors que le coût de la vie grimpe en flèche.
Alex Antrobus, 28 ans, qui habite à Vancouver, a commencé à se couper les cheveux en août 2021 pour deux raisons — pour éviter d’attraper la COVID-19 par contact étroit dans les salons et pour économiser de l’argent.
Et même si cet art de la coiffure doit encore être perfectionné, Alex, qui a adopté un style «débraillé» dans son esthétique, persiste dans cette façon de faire.
«Un salon décent à Vancouver coûte assez cher (…) Je garde généralement (mes cheveux) à la longueur des épaules, donc chaque fois que cela dépasse, normalement cela entraînerait une visite au salon de 100$ ou autre, mais c’est beaucoup moins cher», précise Alex, qui dit en tirer satisfaction, «surtout avec le coût de la vie».
«Chaque petite économie que je peux réaliser me fait sentir toujours très bien.»
La pandémie et la hausse des prix d’à peu près tout ont également convaincu des Canadiens à s’attaquer à leurs propres projets de rénovation domiciliaire.
Leigh-Ann Allaire Perrault, une experte en design et en bricolage de Burlington, en Ontario, souligne qu’il existe de nombreux attraits pour la décoration et le design d’intérieur. D’une part, il y a le facteur de personnalisation.
«Le fait soi-même permet, dans son espace, de vraiment montrer sa personnalité», explique la ninja autoproclamée du fait soi-même.
Il y a aussi l’idée que tout projet entrepris peut être repensé plus tard, ajoute-t-elle.
Plus important encore, il y a les économies. Allaire Perrault, qui appelle la peinture son «arme secrète» et qui a tout peint, des meubles aux baignoires, sols, comptoirs, armoires et dosserets, calcule que cela l’a aidée à économiser «des milliers et des milliers» au cours de la dernière décennie.
«C’est presque inestimable parce qu’on ne peut pas acheter ces pièces», affirme-t-elle.
Des recherches pour de meilleurs résultats
Pour aborder les projets de rénovation domiciliaire avec un budget limité, Allaire Perrault recommande de noter les étapes ainsi que la liste des matériaux et des coûts associés à chaque projet, de faire des recherches pour trouver le bon produit et de visiter les bibliothèques d’outils communautaires ou de louer les outils manquants. On ne veut pas investir dans des outils qui ne seront peut-être pas utilisés de nouveau.
«C’est une chose d’économiser pour les cinq, peut-être dix prochaines années pour que la cuisine de ses rêves obtienne ces comptoirs en quartz et ces nouvelles armoires, mais pourquoi remettre le rêve (…) quand on peut obtenir ce look pour moins cher, en faisant soi-même quelques petits ajustements ici et là?»
Allaire Perrault encourage ceux qui songent à se lancer dans des projets de fait soi-même à ne pas avoir peur de se tromper et à se donner le temps de vraiment développer une compétence.
«Ce n’est pas aussi facile que d’acheter quelque chose dans un magasin, on doit faire un peu d’effort pour la recherche, et puis ce qu’on économise en dollars, il faut l’investir en huile de coude», souligne-t-elle.
«Mais en fin de compte, il n’y a rien de tel que la fierté de terminer quelque chose et d’en être fier.»
Lorsqu’il s’agit de confectionner ses vêtements et de couper ses cheveux, Cassie Tatone et Alex Antrobus suggèrent également de faire des recherches au préalable pour obtenir les meilleurs résultats.
Pour la couture, Mme Tatone suggère de regarder des tutoriels en ligne ou d’apprendre les ficelles avec un proche.
Elle recommande également d’emprunter une machine à coudre à quelqu’un qu’on connaît, d’acheter des tissus et des patrons de couture dans des friperies, de pratiquer des techniques sur des tissus indésirables et de vérifier les sections de liquidation dans les magasins de tissus pour économiser de l’argent.
«Je fabrique des vêtements de très, très haute qualité pour une fraction de ce qu’il en coûte à l’achat et pour moi, c’est là que ça vaut le coup», affirme Mme Tatone.
Pour ce qui est de la coiffure, Alex Antrobus recommande également de regarder des tutoriels en ligne pour maîtriser les techniques.
«J’ai l’impression que c’est un choix que tout le monde ne voudrait pas faire, sacrifier une bonne coupe de cheveux ou en avoir une totalement bon marché, gratuite, mais les petites choses sur lesquelles on peut économiser ont tendance à s’additionner.»