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Les locataires sont moins heureux que les propriétaires

La Presse Canadienne|Publié le 19 février 2024

Les locataires sont moins heureux que les propriétaires

Les frais de logement représentent la plus grande part des dépenses des ménages, et ces coûts augmentent. (Photo: La Presse Canadienne/Christinne Muschi)

À l’échelle du pays, les locataires ont fait état d’une moins bonne qualité de vie que les propriétaires, selon l’Enquête sociale canadienne (ESC) menée en 2021 et 2022 qui souligne que les jeunes adultes sont plus durement touchés par la crise du logement.

Les personnes vivant dans des logements locatifs sont moins susceptibles d’être satisfaites à l’égard de la vie, elles sont moins enclines à faire état d’un fort sentiment d’appartenance à leur communauté et sont plus susceptibles de déclarer des sentiments de solitude que les propriétaires d’une maison.

Ce sont quelques-unes des conclusions qui ressortent des données publiées lundi par Statistique Canada.

Par exemple, 41,5% des locataires ont «une grande satisfaction à l’égard de la vie», contre 53,1% pour ceux qui vivent dans une maison qui appartient à un membre du ménage. Un propriétaire sur deux (48,5%) a un fort sentiment d’appartenance à sa communauté alors que le taux est de 40,7% chez les locataires.

 

La pression financière est plus forte sur les locataires

Les frais de logement représentent la plus grande part des dépenses des ménages, et ces coûts augmentent: ils représentaient 31,4% du budget familial en 2021, comparativement à 29,3% en 2019. 

Les ménages ont donc moins d’argent à consacrer aux autres activités, surtout dans un contexte d’inflation.

«Au deuxième trimestre de 2023, près de 27 % des ménages ont indiqué avoir de la difficulté ou beaucoup de difficulté à répondre à leurs besoins financiers, comparativement à moins de 19% à la fin de 2021», indique le document de Statistique Canada. 

L’agence fédérale souligne que partout au pays, les locataires se sont heurtés aux taux de logements inoccupés les plus faibles jamais observés (1,5%) et à un accroissement sans précédent du loyer moyen (+8,0%) en 2023. 

Toujours selon l’enquête, la hausse du prix des logements a fait en sorte que les locataires ont consacré une part plus importante de leur revenu aux frais de logement que ne l’ont fait les propriétaires, «ce qui les expose à une plus forte pression financière lorsque les coûts augmentent». 

Les données du Recensement de 2021 montrent que parmi les personnes qui assuraient le soutien de leur ménage, 63% de celles âgées de 15 à 29 ans étaient locataires, comparativement à la moyenne nationale de 33 %. Une situation qui, selon Statistique Canada, peut rendre ce groupe «plus vulnérable lors de changements brusques sur le marché du logement et de la location».

 

Les jeunes font état d’une moins bonne qualité de vie

Cette hausse du coût des logements réduit «la capacité des jeunes adultes à atteindre leurs grands objectifs financiers ou à avoir les moyens d’avoir des enfants» et «fait aussi en sorte qu’ils se retrouvent avec moins d’argent pour les activités récréatives», selon Statistique Canada.

Les jeunes adultes canadiens, qui ont plus de difficultés à payer leur loyer que les groupes plus âgés, sont également moins optimistes que dans le passé.

«De 2016 à 2021-2022, les jeunes de 15 à 29 ans se sont plus précisément dits moins satisfaits et moins optimistes à propos de l’avenir que dans les années antérieures, en plus d’être plus susceptibles de se sentir seuls que les Canadiens plus âgés», précise l’enquête.

Les données soulignent que la proportion de jeunes ni en emploi, ni aux études, ni en formation (NEET) a atteint 24% en avril 2020, pendant la pandémie, soit le taux le plus élevé enregistré en 20 ans.

Ces niveaux sont cependant revenus à ceux d’avant la pandémie (11%) en 2022.

«Bien que les jeunes aient fait preuve de résilience pour surmonter les obstacles, ils affichent tout de même des niveaux de pauvreté disproportionnellement élevés, en partie parce que l’emploi pour les personnes de leur groupe d’âge est concentré dans les industries où les salaires moyens sont les plus bas (p. ex. restauration et hébergement); de nombreux diplômés sont également surqualifiés pour l’emploi qu’ils occupent», peut-on lire dans l’enquête de Statistique Canada.