Au Canada, 50 % des emplois seront perturbés par l'avènement des robots intelligents d'ici 2030, selon une étude de ...
Au Canada, 50 % des emplois seront perturbés par l’avènement des robots intelligents d’ici 2030, selon une étude de la RBC. Certains métiers sont carrément appelés à disparaître, tandis que d’autres obligeront les humains à acquérir de toutes nouvelles aptitudes s’ils entendent rivaliser avec les machines dotées d’une intelligence artificielle (IA).
«À ceux qui m’interrogent quant au répit qu’ils ont avant d’être frappés de plein fouet par le vent de changement numérique, je réponds systématiquement que celui-ci souffle sur eux en ce moment même, même s’ils n’en ont pas vraiment l’impression. Et que s’ils attendent encore plus longtemps pour s’y adapter, ils seront condamnés à être balayés», dit Luc Lespérance, leader, Capital humain numérique, chez Deloitte, dans le cadre du dernier Salon Connexion organisé par Les Affaires.
De fait, les algorithmes et autres innovations technologiques se font de plus en plus séduisants aux yeux des employeurs, d’après un rapport du Forum économique mondial. Ainsi, près de 50 % des entreprises dans le monde reconnaissent que leurs projets d’automatisation vont avoir «un impact significatif» sur le nombre de postes à temps plein qu’elles offrent, et ce, parce qu’elles vont avoir de moins en moins besoin des humains : aujourd’hui, nous accaparons 71 % des tâches, et les robots intelligents, 29 % ; en 2022, notre part descendra à 58 % et celle des machines passera à 42 %.
C’est clair, nous sommes confrontés à une véritable révolution du travail. Le hic, c’est que le Québec s’apprête à connaître un choc ahurissant. Deux chiffres en attestent : 46 % des emplois sont automatisables, et 34 % des emplois sont «fortement susceptibles» d’être automatisés à court terme, selon une étude de l’Institut C.D. Howe. À l’échelle du pays, trois provinces devraient s’en sortir nettement mieux que le Québec sur ce point, soit la Colombie-Britannique, l’Ontario et l’Alberta.
Les Québécois ont, bien entendu, conscience des changements qui s’annoncent, si l’on en croit les résultats d’un sondage mené récemment au Canada par le cabinet-conseil en ressources humaines Mercer. Les deux tiers des employés s’y disent inquiets pour leur avenir professionnel, car, à leurs yeux, l’arrivée des robots intelligents aura inévitablement un impact négatif sur leur carrière. Le quart des employés pensent même qu’ils vont finir par perdre leur emploi, après avoir été supplantés par une IA.
Les salariés de certains secteurs d’activités sont plus préoccupés que d’autres à ce sujet. Figurent en tête de liste ceux des services financiers, 44 % craignant que leur emploi ne devienne obsolète au cours de la prochaine décennie, d’après une étude du cabinet-conseil en ressources humaines ADP. Suivent ceux de la construction, de l’ingénierie et de l’architecture, à hauteur de 19 %. Puis, ceux de l’éducation, à 17 %.
Que font les gouvernements pour mieux préparer les employés aux défis professionnels qui s’annoncent ? Québec a décidé, dans son dernier budget, de consacrer 277,5 millions de dollars sur cinq ans à la «formation d’une main-d’oeuvre compétente», ce qui est moins que les 330 M $ sur cinq ans visant à soutenir le développement du secteur de l’IA. Quant à Ottawa, il a prévu une enveloppe de 225 M $ sur quatre ans – et de 75 M $ par année par la suite – pour la création du Centre et du Conseil des Compétences futures, lesquels veilleront, grâce à l’allocation de différents programmes de financement, à ce que «chacun ait la chance de réussir dans la vie, aujourd’hui et dans les années à venir», selon Patty Hajdu, ministre canadienne de l’Emploi, du Développement de la main-d’oeuvre et du Travail.
Cela sera-t-il suffisant ? Voire adéquat ? Impossible à dire pour l’instant. Toutefois, il est indubitable qu’il appartient à chacun de nous de prendre en mains son avenir sans tarder, comme le souligne Bill Morneau, ministre canadien des Finances : «L’important, c’est de s’assurer que les Canadiens sont en mesure d’acquérir de nouvelles compétences, à même de les rendre concurrentiels sur le marché du travail de demain, dit-il. Et de les voir passer à l’action en ce sens.»