Les 18-34 ans souffrent d'une plus grande précarité... (Photo: Benjamin Sinca/Unsplash)
CHRONIQUE. Au Canada, 61% des employés actuellement en poste estiment que la pandémie du nouveau coronavirus a eu et a toujours un impact négatif sur leur emploi. Et la catégorie la plus soucieuse à ce sujet est celle des 18-34 ans, soit celles des milléniaux, le pourcentage grimpant à 66% pour eux, selon l’étude internationale Workmonitor du cabinet-conseil en ressources humaines Randstad.
Un autre point inquiète particulièrement les milléniaux : la sécurité d’emploi. En effet, 70% des hommes de 18-34 ans considèrent qu’il leur est beaucoup plus facile de perdre leur emploi qu’auparavant. Le même pourcentage est de 66,5% pour les femmes de 18-34 ans. De manière générale, 55% des Canadiens ayant actuellement un emploi pensent que la pandémie a fragilisé la sécurité de leur emploi; ce qui montre bien que les milléniaux se sentent plus concernés que les autres par ce point.
À noter que les inquiétudes liées à la sécurité d’emploi touche diversement les secteurs d’activités. De fait, le Top 3 des secteurs où l’inquiétude est la plus élevée est le suivant : 1. hôtellerie & restauration (78%); 2. construction (71%); 3. technologies de l’information (71%).
Ce n’est pas tout. 69% des hommes de 18-34 ans pensent qu’ils perdraient bel et bien leur emploi si jamais la récession économique actuelle, due à la «mise sur pause» de l’économie décrétée par les gouvernements, venait à s’aggraver ou à durer trop longtemps. Le pourcentage est de 61% pour les femmes de 18-34 ans. Quant à l’ensemble des Canadiens ayant aujourd’hui un emploi, il est de 50%.
Là encore, le phénomène touche diversement les secteurs d’activités. Comme en atteste le Top 3 des secteurs où l’inquiétude est la plus élevée à ce sujet : 1. hôtellerie & restauration (72%); 2. technologies de l’information (69%); 3. construction (64%).
On le voit bien, les milléniaux sont les plus secoués par les impacts économiques de la pandémie. Car la précarité de l’emploi s’est particulièrement accentuée pour eux, en tous cas nettement plus que pour les autres catégories de travailleurs.
Une interrogation demeure, toutefois : l’étude considère le sentiment des uns et des autres, si bien qu’on peut se demander si les milléniaux sont juste plus inquiets que les autres, oui, s’ils ont juste «l’épiderme» plus sensible que les travailleurs plus expérimentés qu’eux, ayant déjà traversé d’autres crises.
Une donnée de l’étude menée en mai permet de répondre à cette légitime interrogation. Cette donnée concerne les employeurs. Il leur a été demandé s’ils estimaient que leurs employés se devaient, vu les circonstances, se montrer plus disponibles que jamais, plus précisément s’ils trouvaient normal qu’ils soient disponibles en-dehors des heures normales de travail.
Résultat? Au Canada, 55% des employeurs ont répondu que, oui, leurs employés se devaient de se montrer disponibles en-dehors des heures normales de travail. Et que cela visait surtout les hommes de 18-24 ans (73%) et les hommes de 25-34 ans (67%).
Autrement dit, les employeurs reconnaissent eux-mêmes qu’il est «normal», à leurs yeux, que les milléniaux soient plus corvéables que les autres. Ni plus ni moins. Ce qui confirme la justesse de l’impression des milléniaux à propos du bond spectaculaire de la précarité de leur emploi, à la suite de l’avènement de la COVID-19.
Surgit dès lors une toute dernière interrogation : trouvez-vous «normal» cette injustice à l’égard de ceux qui sont en début de carrière? Suivie de celle-ci, en toute logique : chers employeurs, que pourriez-vous donc faire pour corriger le tir, oui, pour remédier à cette injustice, de toute évidence néfaste à l’avenir de votre propre entreprise?
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Un rendez-vous hebdomadaire dans Les affaires et Lesaffaires.com, dans lequel Olivier Schmouker éclaire l’actualité économique à la lumière des grands penseurs d’hier et d’aujourd’hui, quitte à renverser quelques idées reçues.
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