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Les moteurs de l’économie mondiale sont en train de caler

François Normand|Publié le 09 avril 2019

L’économie mondiale est en train d’entrer dans un «ralentissement synchronisé», augmentant le risque d’une récession.

Le ciel s’assombrit à l’horizon: l’économie mondiale est en train d’entrer dans un «ralentissement synchronisé», augmentant le risque d’une récession, montrent les plus récents indicateurs de l’activité économique (Tracking Indexes for the Global Economic Recovery ou TED) compilés par la Brookings Institution et le Financial Times.

«L’affaiblissement de la confiance des entreprises et des consommateurs ainsi que les incertitudes géopolitiques et les tensions commerciales ont freiné les investissements des entreprises et pourraient nuire aux perspectives de croissance», prévient dans une note Eswar Prasad, analyste principal à la Brookings Institution, un «think tank» de Washington.

Un ralentissement des investissements des entreprises qui survient alors que l’Organisation mondiale du commerce (OMC) prévoit aussi un ralentissement de la croissance du commerce mondial en 2019.

Le Baltic Dry Index (BRI) confirme ce scénario: cet indice qui mesure le dynamisme du transport de minerais, de charbon et de céréales aux quatre coins de la planète a presque diminué de moitié depuis le début de l’année.

L’indice composite conçu par la Brookings Institution et le Financial Times est en perte de vitesse depuis l’automne dernier à la fois dans les pays industrialisés et les économies émergentes, comme on peut le constater sur ce graphique.

L’indice recule en partie en raison de la perte de dynamisme dans plusieurs pays.

L’Italie est en récession. L’Allemagne essaie d’éviter une contraction de son PIB. Et l’économie américaine perd de sa vigueur en raison de l’atténuation de l’effet des baisses d’impôt du président Donald Trump.

D’autres pays sont également en perte de vitesse, à commencer par le Royaume-Uni qui pâtit de l’incertitude créée par le Brexit.

La Chine éprouve aussi sa part de problèmes. Plusieurs indicateurs y montrent un ralentissement de la croissance économique tels que les ventes au détail, les investissements en immobilisations ainsi que la production industrielle.

«Les exportations et les importations [en Chine] ont toutes deux diminué par rapport à l’an dernier, en raison de la faiblesse de la demande mondiale et du ralentissement de la croissance nationale», souligne Eswar Prasad.

Au Japon, ce sont les risques persistants de déflation et la détérioration des conditions financières qui inquiètent les analystes.

Des pays résistent mieux, mais sont à risque

D’autres économies résistent toutefois mieux que d’autres à la conjoncture, comme l’Inde.

Les perspectives de faibles taux d’intérêt aux États-Unis et de la faiblesse des prix du pétrole y ont atténué les pressions à court terme sur l’inflation, le budget ainsi que sur le déficit du compte courant.

Par contre, le manque de croissance de l’investissement privé et la contraction des volumes d’échanges sont des sources d’inquiétude.

Le Brésil, la Russie et le Mexique s’en tirent aussi relativement bien. Leur PIB pourrait croître de 2% en 2019. En revanche, ces trois pays demeurent vulnérables à la diminution de la demande mondiale et à une baisse des prix des ressources naturelles.

Un autre risque pointe à l’horizon: le manque de marge de manœuvre.

L’économie mondiale fait face à deux risques supplémentaires par rapport aux conditions qui prévalaient avant la récession mondiale de 2008-2009, si jamais le PIB de la planète devait se contracter à nouveau dans les prochains mois, voire années.

Premièrement, le niveau élevé de la dette publique limiterait la capacité des principaux pays industrialisés comme les États-Unis à combattre une nouvelle récession par des mesures de relance budgétaire.

Deuxièmement, la politique monétaire des banques centrales comme la Banque du Canada reste limitée pour relancer l’économie, parce que les taux directeurs sont près de zéro ou inférieurs à zéro.