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Les PDG des 5 grandes chaînes d’épicerie réunis avec Champagne

La Presse Canadienne|Publié le 18 septembre 2023

Les PDG des 5 grandes chaînes d’épicerie réunis avec Champagne

Les grands patrons de Loblaws, Metro, Costco, Walmart Canada et Empire Company Limited, la société mère de Sobeys et IGA, se sont rendus tout près du parlement pour cette réunion qui devait durer environ une heure. (Photo: La Presse Canadienne)

Ottawa — Certains dirigeants des cinq principales chaînes de supermarchés au Canada sont ressortis lundi de leur rencontre avec le ministre fédéral de l’Innovation, François-Philippe Champagne, en parlant d’une réunion «productive», pendant que le gouvernement a vanté un jour «historique» marqué par des «discussions difficiles», mais «constructives».

Les grands patrons de Loblaws, Metro, Costco, Walmart Canada et Empire Company Limited, la société mère de Sobeys et IGA, se sont rendus tout près du parlement pour cette réunion qui aura duré plus d’une heure et demie.

La plupart d’entre eux n’ont pas parlé aux journalistes qui les attendaient à l’une des entrées de l’édifice.

Le dirigeant d’Empire, Michael Medline, s’est néanmoins brièvement arrêté pour qualifier la rencontre de «productive» et mentionner que tous s’entendent pour dire que les prix doivent être stabilisés.

«On recherche tous la stabilisation des prix. On recherche tous moins d’inflation. C’est dans l’intérêt de tout le monde», a renchéri le président et chef de la direction de Metro, Éric La Flèche.

Il a toutefois insisté sur le fait que la hausse des prix pour les consommateurs découle de coûts qui augmentent dès le premier maillon de la «chaîne d’approvisionnement».

«On est le dernier lien de cette chaîne. Les prix montent de nos fournisseurs, des fermiers, de tout le monde. (…) Nous, on est au bout de la chaîne et c’est pour ça qu’il y a des prix de détail qui ont monté», a dit M. La Flèche.

Ce dernier a affirmé que le ministre Champagne «comprend très clairement» que d’autres intervenants, comme les producteurs, doivent être inclus dans la discussion. «Il y a eu un consensus autour de cela», a-t-il ajouté.

À ce sujet, M. Champagne a indiqué qu’il rencontrera des manufacturiers plus tard cette semaine.

Durant la première rencontre de ce qu’il a décrit comme un «processus» devant mener à une stabilisation des prix des aliments, le ministre a affirmé avoir obtenu un engagement de collaboration de la part des PDG rassemblés.

«Je suis content de voir le ton constructif qui a été adopté par les différentes chaînes d’alimentation et surtout qu’(elles) se sont engagé(e)s formellement à appuyer le gouvernement du Canada dans nos efforts pour stabiliser les prix», a-t-il soutenu.

Tout juste avant la rentrée parlementaire qui se déroulait lundi, le gouvernement de Justin Trudeau a annoncé qu’Ottawa convoquait les dirigeants des principales chaînes de supermarchés afin qu’ils expliquent comment ils comptent stabiliser les prix des aliments.

Le fédéral leur demande de fournir un plan d’ici à l’Action de grâce et les menace d’intervenir si ce qu’ils prévoient est jugé insuffisant.

«Les Canadiens ont besoin de pouvoir acheter leur épicerie sans s’endetter pendant que les grandes compagnies font des profits records», a lancé le premier ministre Justin Trudeau avant de prendre part à la période des questions.

M. Champagnea dit «tout à fait» s’attendre à ce que la date butoir de l’Action de grâce soit respectée. La menace d’Ottawa de recourir à des mesures fiscales n’est toutefois pas encore levée, a fait savoir le ministre.

«Tout est sur la table», a-t-il soutenu. Malgré tout, il a insisté sur l’engagement formulé par les grands patrons des chaînes d’alimentation en dépit de «discussions difficiles, mais (de) discussions qui avaient besoin d’avoir lieu».

«Les cinq sont en compétition. Ce qu’on leur a demandé, c’est de s’entendre sur un objectif commun, (c’est-à-dire) de travailler avec le gouvernement pour stabiliser les prix au Canada, a mentionné M. Champagne. Maintenant, la façon avec laquelle Metro va faire ça ou Loblaws ou Sobeys, évidemment ça va être développé individuellement parce qu’il faut maintenir la compétition.»

Selon le ministre, il s’agissait de la première fois dans l’histoire du Canada que les cinq dirigeants se réunissaient à Ottawa.

Deux d’entre eux se sont déjà déplacés dans la capitale fédérale en mars dernier pour comparaître en comité parlementaire, soit M. Medline et le président de Loblaws, Galen Weston. Un troisième, M. La Flèche, avait témoigné par vidéoconférence.

La convocation en comité parlementaire découlait d’une initiative des néo-démocrates et leur chef, Jagmeet Singh, s’était présenté lui-même à la comparution des PDG pour leur poser des questions.

Durant la période des questions de lundi, M. Singh a souligné que les autres chefs de parti étaient absents durant ces témoignages en comité.

«Aucun d’entre eux ne s’est même donné la peine de se présenter», leur a-t-il reproché.

En point de presse, il a fait valoir que cela démontrait que «les autres partis n’ont pas le courage de faire face à l’avarice des grandes entreprises».

Selon les néo-démocrates, l’approche du gouvernement est trop timide et celui-ci devrait «forcer» les grandes chaînes à revoir leurs prix à la baisse.

«Son plan est vague et n’oblige pas les PDG à agir. Demander gentiment à Galen Weston de faire moins de profits, c’est comme demander à Pierre Poilievre de se préoccuper des changements climatiques», a commenté M. Singh dès jeudi dernier.

Lundi, il a déposé sa propre feuille de route, sous la forme d’un projet de loi d’initiative parlementaire, pour s’attaquer aux prix élevés des aliments.

Le but de la pièce législative est d’«augmente (r) les peines pour les fixations de prix, aid (er) les petites épiceries en les protégeant contre les tactiques anticoncurrentielles des grandes chaînes (et) donn (er) au bureau de la concurrence plus de pouvoirs pour sévir contre les abus tels que les prix abusifs».

Pour ce faire, le projet de loi vise entre autres à modifier la Loi sur la concurrence. M. Champagne a relevé que les libéraux ont déjà annoncé la semaine dernière qu’ils entendaient apporter plusieurs changements à cette législation, comme l’un qui supprimerait un mécanisme permettant aux entreprises de défendre des fusions anticoncurrentielles.

«On est en train d’amener la réforme la plus complète du droit de la compétition», a plaidé le ministre.

Le chef conservateur Pierre Poilievre a pour sa part tourné au ridicule la rencontre tenue par les libéraux avec les PDG, demandant en Chambre si, «en raison de (celle-ci)», le prix de «la laitue redescendra par rapport à son augmentation de 94%».

M. Champagne a rétorqué que les Canadiens savaient pertinemment qu’il n’était pas judicieux de prendre conseil auprès du leader de l’opposition officielle puisqu’il a suggéré que les cryptomonnaies pourraient aider les Canadiens à «se retirer de l’inflation».

Le Bloc québécois croit pour sa part que la rencontre de lundi «aurait dû se faire bien avant». Autrement, leur leader parlementaire Alain Therrien s’est contenté de mentionner que les bloquistes seront «très attentifs» à la suite des choses.

 

Par Émilie Bergeron