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Les pertes d’emplois moins importantes que dans d’autres crises

La Presse Canadienne|Publié le 10 novembre 2022

Les pertes d’emplois moins importantes que dans d’autres crises

Le dirigeant de la banque centrale traitera de l’évolution des marchés du travail canadiens lors du Forum des politiques publiques et répondra aux questions des journalistes. (Photo: 123RF)

Ottawa — Alors que la menace d’une possible récession fait craindre une hausse du chômage, le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem, estime que les pertes d’emplois ne devraient pas cette fois être aussi importantes que celles qui ont accompagné les ralentissements économiques passés.

Jusqu’à présent, le marché du travail canadien est demeuré vigoureux malgré les prévisions croissantes d’un ralentissement à l’horizon.

«Nous ne nous attendons pas à une forte augmentation du chômage comme nous l’avons vu lors des récessions précédentes», a affirmé jeudi M. Macklem devant des étudiants et des chercheurs de l’Université métropolitaine de Toronto. «Nous ne nous attendons pas à un chômage élevé par rapport aux normes historiques.»

Le gouverneur a affirmé que le faible taux de chômage qui prévaut actuellement au Canada n’était pas durable et contribuait à la plus forte inflation observée en plusieurs décennies.

Selon lui, le marché du travail canadien doit être rééquilibré pour stabiliser l’inflation.

Le taux de chômage canadien est resté stable à 5,2% le mois dernier, l’économie canadienne ayant surpris les prévisionnistes en créant plus de 100 000 emplois. Ces solides données sont survenues après quatre mois de pertes ou de légère croissance de l’emploi.

M. Macklem a souligné que les entreprises qui luttent pour trouver des travailleurs ne pouvaient pas répondre à la demande pour les biens et les services dans l’économie, ce qui alimentait la hausse des prix.

«Les tensions sur le marché du travail sont un signe du déséquilibre généralisé entre l’offre et la demande qui alimente l’inflation et nuit à toute la population canadienne», a-t-il affirmé dans le texte d’un discours destiné au Forum des politiques publiques à Toronto.

Ce déséquilibre, a-t-il poursuivi, est en partie attribuable à une population vieillissante qui augmente les niveaux de retraite ainsi qu’à une faible immigration pendant la pandémie.

Pour aligner la demande et l’offre, M. Macklem a estimé qu’un ralentissement était nécessaire.

«Qu’est-ce que cela signifie pour les travailleurs canadiens? De toute évidence, un tel ajustement ne se fera pas sans peine», a-t-il poursuivi.

En réaction au plus récent rapport sur l’emploi de Statistique Canada, M. Macklem a rappelé qu’il n’était pas inhabituel de voir des fluctuations dans le nombre d’emplois mensuels.

«Ce que je retiens des derniers mois, c’est que nous continuons d’avoir une économie en demande excédentaire.»

Pas un remplacement aux taux d’intérêt

Dans son discours, le gouverneur a prédit que les politiques qui augmentent le nombre de travailleurs disponibles contribueraient à atténuer l’inflation, notant que l’immigration en faisait partie.

D’autres politiques telles que l’amélioration des services de garde universels contribueront à augmenter la proportion de femmes dans la population active, mais il a noté que cela prendrait du temps.

Cependant, le gouverneur a souligné que ces politiques ne remplaçaient pas le recours aux taux d’intérêt pour ralentir la demande dans l’économie et ralentir l’inflation.

«Les nouveaux travailleurs gagneront de nouveaux revenus, et il y aura plus de dépenses dans l’économie, a affirmé M. Macklem. C’est pour cette raison que l’augmentation de l’offre, même s’il s’agit d’un outil précieux, ne peut remplacer le recours à la politique monétaire pour modérer la demande et la remettre en équilibre avec l’offre.»

Le mois dernier, la Banque du Canada a relevé son taux directeur pour une sixième fois consécutive cette année. La banque centrale a signalé qu’elle se rapprochait de la fin de ce qui a été l’un des cycles de hausse des taux les plus rapides de son histoire.

Les économistes s’attendent à ce qu’une ou deux autres hausses de taux d’intérêt soient encore à venir.

Les hausses de taux sont une réponse à l’inflation, qui a atteint son niveau le plus élevé en près de quatre décennies. En septembre, l’inflation annuelle était de 6,9%, ce qui était bien au-dessus de l’objectif de 2,0% de la banque centrale. Elle est cependant en baisse constante depuis qu’elle a atteint un sommet de 8,1% en juin.

Statistique Canada publiera mercredi son nouveau rapport sur l’indice des prix à la consommation, qui fera la lumière sur l’évolution de l’inflation en octobre.

M. Macklem a affirmé que la banque centrale accorderait une attention particulière aux mesures de base de l’inflation, qui ont tendance à être moins volatiles que celle de l’inflation d’ensemble.