Les entreprises les plus avancées dans l’adoption de mesures vertes affichent une meilleure performance financière, selon la BDC. (Photo: 123RF)
Les propriétaires de PME adhèrent massivement à la transition écologique au Canada. Et c’est au Québec que cet engagement est le plus fort, dans le secteur manufacturier, et auprès des femmes entrepreneures, montre une étude que la Banque de développement du Canada (BDC) publie ce jeudi.
Ainsi, 82% des entrepreneurs canadiens ont déjà pris des mesures concrètes pour protéger l’environnement, et 84% d’entre eux estiment en plus que c’est leur responsabilité de le faire, montre l’étude qui s’appuie sur une enquête réalisée en octobre auprès de 1 515 entrepreneurs.
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La BDC leur demandait s’ils étaient particulièrement d’accord avec l’affirmation que c’est aux entrepreneurs de prendre des mesures pour protéger l’environnement.
Ainsi, les chefs d’entreprise oeuvrant dans le secteur de la fabrication ont répondu positivement à 92% à cette affirmation, tandis que les femmes entrepreneures l’ont fait dans une proportion de 89% (dans le cas des hommes, c’est 82%).
Les entrepreneurs dont les activités sont principalement localisées au Québec sont à 88% particulièrement d’accord avec cette affirmation, soit le niveau le plus élevé au Canada — la BDC n’a toutefois pas publié le classement des provinces.
Fait intéressant, l’agence fédérale n’a pas pu établir de corrélation entre l’âge des entrepreneurs et leur engagement envers la transition écologique.
Par conséquent, ce souci de l’environnement est intergénérationnel.
La BDC n’a pas pu établir de corrélation entre l’âge des entrepreneurs et leur engagement envers la transition écologique. (Image: BDC)
En entrevue à Les Affaires, Pierre Cléroux, vice-président, recherche et économiste en chef de la BDC, s’est dit surpris par l’ampleur de l’engagement des entrepreneurs à protéger l’environnement.
«Non seulement 82% d’entre eux sont passés à l’action, mais ils le font avant tout par conviction personnelle, et non pas parce qu’il y a une pression de la clientèle», dit-il.
Pierre Cléroux précise qu’il arrive à cette conclusion en s’appuyant sur un sondage qui détaille les pratiques de consommation, réalisé par la BDC en octobre 2020 auprès de 1 104 répondants.
Ainsi, acheter un produit respectueux de l’environnement ou fabriqué par une entreprise socialement responsable arrive seulement au septième rang parmi les facteurs déterminants pour les consommateurs canadiens lorsqu’ils achètent un bien ou un service.
Les trois principaux facteurs sont — en ordre — de payer le moins cher possible, d’acheter un produit bon pour la santé et d’acheter un produit fabriqué localement.
Trois profils d’entrepreneurs
Dans son étude, la BDC a identifié trois profils d’entrepreneurs en matière de protection de l’environnement : les débutants, ceux en transition et les leaders.
Les débutants misent des mesures telles que la réduction des déchets ou la consommation d’eau, tandis que ceux en transition réduisent leur consommation d’énergie ou utilisent des matériaux recyclés.
Quant aux leaders, ils misent avant tout sur l’écoconception et le zéro déchet.
L’étude de la BDC montre aussi que les entreprises les plus avancées dans l’adoption de mesures vertes affichent une meilleure performance financière.
Un constat confirmé dans le passé par les travaux de Bob Willard, un ancien dirigeant d’IBM et expert réputé sur l’impact du développement durable sur la rentabilité des organisations.
Ainsi, il a démontré que les entreprises qui inscrivent les règles du développement durable dans leur ADN augmentent à terme leur rentabilité de manière substantielle: de 51% dans le cas des PME et de 81% dans le cas des grandes entreprises.
En 2015, une méta-analyse de 42 études publiée par l’Université Zhejiang, en Chine, a également confirmé l’«argument selon lequel la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) améliore la performance financière».