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Les prix du bois atteignent des records

La Presse Canadienne|Publié le 11 mai 2021

Les prix du bois atteignent des records

Les montants de bois de deux pouces sur quatre pouces, utilisés dans les murs de charpente, sont 40% plus chers qu’il y a un mois et trois fois plus qu’il y a un an. (Photo: 123RF)

Les consommateurs canadiens ont de nombreuses façons d’économiser sur les rénovations domiciliaires malgré la flambée de la demande attribuable à la pandémie, qui a fait grimper les prix du bois et des panneaux de construction à des niveaux sans précédent.

Cependant, les conseils à cet égard semblent généralement tomber dans l’oreille d’un sourd, notent des experts.

Au lieu de cela, les consommateurs renchérissent, passant à des matériaux plus chers à mesure que la différence de coût avec le bois rétrécit, ajoutant des éléments supplémentaires à leurs projets et précommandant du bois pour verrouiller le prix et assurer leur approvisionnement. 

«Si leur plan était de construire une terrasse en bois traité sous pression dans leur cour, alors plusieurs se disent maintenant: « Vous savez quoi? Pour à peu près le même prix, je peux obtenir une terrasse en bois franc, ou en composite, ou en bois traité avec un chauffage d’appoint »», observe Brad Swanson, du magasin Home Hardware Swanson à Kitchener, en Ontario, une entreprise familiale depuis 1982. 

«Ils sont un peu plus (chers), mais ils respectent les budgets des gens. S’ils étaient prêts à dépenser 5000$ pour une terrasse en bois traité sous pression et qu’une terrasse de composite ne coûte que 5500 $, ou peut−être 6000 $, ils se disent: « Ce n’est pas un mauvais investissement. »»

Les clients commencent à adopter «presque une mentalité de thésaurisation», estime M. Swanson, ajoutant que plusieurs commandaient du bois des mois avant la construction de projets.

Alors que les prix des maisons augmentent sur de nombreux marchés, les rénovations sont considérées comme un moyen astucieux d’utiliser l’épargne accumulée pendant la pandémie — lorsque les vacances ont été reportées et que plusieurs événements ont été annulés — pour améliorer et préserver la valeur du plus gros actif des ménages, ajoute−t−il.

Les montants de bois de deux pouces sur quatre pouces, utilisés dans les murs de charpente, sont 40% plus chers qu’il y a un mois et trois fois plus qu’il y a un an, souligne Allan Janzen, directeur du magasin Windsor Plywood, dans le nord−est de Calgary. 

Une planche de bois traité sous pression de 12 pieds de long et de deux pouces sur six pouces pour une terrasse coûte environ 27$ maintenant, contre environ 12$ il y a un an, précise−t−il, tandis que sa planche de terrasse en composite la plus populaire coûte environ 44$, en légère hausse par rapport à l’an dernier.

«Lorsque vous comparez une planche à une autre, 12$ par rapport à 44$, c’est un écart de 32$. Aujourd’hui, l’écart est beaucoup plus faible (environ 17 $)», poursuit−il, notant que de nombreux consommateurs choisissent de dépenser un peu plus pour l’aspect et la sensation du composite, ainsi que ses faibles besoins d’entretien par rapport au bois.

La hausse du prix des montants en bois a rendu le prix des montants en acier, principalement utilisés dans les bâtiments commerciaux, plus attrayant pour les propriétaires, note Ben Hildebrandt, l’un des principaux chercheurs du département des technologies de constructions vertes du Southern Alberta Institute of Technology, à Calgary.

Lorsque les colombages en bois de huit pieds coûtaient 3$ ou 4$ chacun, les colombages en acier semblaient très chers à 6,50$, se rappelle−t−il. Maintenant que les montants en bois coûtent environ 8,50$, l’acier a plus de sens.

Lorsque M. Hildebrandt a construit un garage l’été dernier, il a payé environ 15$ pour chaque panneau de lamelles orientées, ou OSB, ajoute−t−il. Maintenant, ces panneaux coûtent 53$ chacun, et plus de constructeurs envisagent d’utiliser des solutions de rechange comme les panneaux de gypse extérieurs en fibre de verre, qui se vendent à environ 26$ chacun.

 

Nouvel intérêt pour les matériaux recyclés 

Le recours aux matériaux recyclés est une autre option économique, qui présente également des avantages environnementaux, ajoute−t−il, bien que la recherche et la préparation des matériaux pour la réutilisation ajoutent à l’incertitude et aux coûts de main−d’oeuvre. 

«Nous voyons beaucoup de gens à la recherche de tels articles, maintenant qu’il coûte encore plus cher de les acheter neufs», indique Gui de Souza Rocha, directeur des activités du magasin ReStore d’Habitat pour l’humanité à Regina, en Saskatchewan.

«Tous nos articles, qu’ils soient utilisés ou légèrement utilisés, sont en bon état et nous les évaluons en conséquence. Vous économiserez toujours de l’argent en venant au ReStore.» 

Il dit voir une augmentation du nombre de clients à la recherche de composants et de matériaux de construction recyclés, qui sont généralement vendus pour la moitié ou moins du prix de détail, mais note également qu’il y a une diminution des matériaux donnés, peut−être parce que les constructeurs sont plus prudents dans la gestion de leurs chantiers.

Le niveau actuel de la demande des consommateurs pour des rénovations, en pleine flambée des prix, est «sans précédent», juge Ralph Oswald, 61 ans, qui a récemment vendu son entreprise de Winnipeg, Oswald Construction, après plus de 40 ans dans l’industrie de la rénovation. Il y travaille toujours comme cadre supérieur.

Les 13 employés de son magasin sont très occupés, assure−t−il. En fait, cela pourrait être l’année la plus active de l’histoire de l’entreprise.

Il existe de nombreuses façons d’économiser de l’argent sur les rénovations ou les ajouts à grande échelle que son entreprise entreprend, dont certains projets contractés pour 150 000 $, 200 000 $ ou plus, précise−t−il. 

«Les coûts de vos finitions, vos luminaires, vos revêtements de sol, ce genre de choses. Vous pouvez choisir de réduire un peu vos attentes. Je veux dire, il y a des toilettes à 400 $ et des toilettes à 800 $», illustre−t−il. 

Certains clients commandent des articles sur des sites en ligne tels qu’Amazon ou Wayfair pour économiser de l’argent, poursuit−il.

Mais la plupart avalent les coûts supplémentaires et s’en tiennent aux plans qu’ils ont élaborés, observe M. Oswald. Certains projets ont été conçus avant l’arrivée de la COVID−19 et attendent les plans finaux et les permis de rénovation depuis plus d’un an. 

Il ajoute qu’il est presque impossible d’atténuer complètement le coût plus élevé du bois, à moins d’annuler ou de réduire considérablement le projet.

 

«Je peux acheter des toilettes moins chères, mais je dois utiliser les bons « deux par quatre » et « deux par six », ainsi que des flaches et des solives. On ne peut pas tricher là−dessus.»