Des champs inondés, des cultures submergées, détruites par la grêle, des travailleurs incapables d’aller dans les champs, de la machinerie enlisée dans la boue sont autant de réalités pour ces producteurs qui n’ont jamais vécu pareille calamité. (Photo: La Presse Canadienne)
Les producteurs de légumes et de petits fruits du sud du Québec ont un genou par terre et appellent le gouvernement du Québec à l’aide.
Les pluies persistantes, souvent intenses et parfois torrentielles qui se sont abattues sur le sud de la province, ont entraîné des pertes majeures de récoltes et endommagé les champs au point où certains producteurs ne peuvent même plus y aller tellement il y a d’eau.
Les dirigeants de l’Union des producteurs agricoles (UPA) et des associations de producteurs maraîchers, de fraises et framboises, de pommes de terre et de légumes de transformation ont rencontré les médias, vendredi, en compagnie d’une centaine d’agriculteurs pour décrire ce qu’ils qualifient de désastre et de catastrophe dans leurs productions.
Terres sinistrées
Des champs inondés, des cultures tantôt submergées, tantôt pourries, tantôt détruites par la grêle, des travailleurs incapables d’aller dans les champs, de la machinerie enlisée dans la boue sont autant de réalités inédites pour ces producteurs qui n’ont jamais vécu pareille calamité.
Ils demandent au gouvernement du Québec une aide urgente et indépendante des programmes existants, qui «n’ont pas été conçus pour pallier les risques grandissants des changements climatiques», selon le président de l’UPA, Martin Caron.
Hausses de prix à prévoir
Aide ou pas, les consommateurs doivent se préparer à une nouvelle flambée des prix des produits agricoles, car il est déjà acquis que les récoltes de cette année ne suffiront pas à répondre à la demande. Les grossistes devront ainsi se rabattre sur les marchés extérieurs.
Pour les producteurs, les conséquences financières sont majeures. Ceux−ci avaient déjà investi dans leurs semences et effectué toutes les dépenses qu’implique le lancement des productions, dépenses pour lesquelles ils doivent s’endetter et qu’ils remboursent avec la récolte. L’absence de récoltes viables et les niveaux de pertes qui atteignent les 80% dans plusieurs cas vont jusqu’à compromettre l’avenir de plusieurs fermes, selon l’UPA.
Les producteurs évoquent notamment un financement de travaux urgents pour préserver les récoltes récupérables, une bonification du nouveau programme ad hoc de la Financière agricole (FADQ), le retrait de la limite d’intervention basée sur le bénéfice net au programme Agri−Québec, le report du paiement des primes au programme d’assurance récolte ainsi qu’un congé de paiements sur les prêts à la FADQ.
Plus encore, ils estiment qu’une reconnaissance officielle du gouvernement du Québec de l’état de sinistre des cultures concernées permettrait d’obtenir auprès des institutions financières et des fournisseurs un moratoire sur les paiements de remboursement de prêts et de factures.
«Nous n’allons laisser personne derrière»
Le ministre de l’Agriculture, André Lamontagne, n’a pas tardé à réagir. Dans une missive envoyée par courriel, il s’est dit très préoccupé, constatant que le déferlement d’événements climatiques «touche plusieurs régions et une variété de produits».
«Les programmes et les aides c’est une chose, et honnêtement à cette étape, il faut continuer d’envoyer les avis de dommage à la Financière agricole. Mais le message que je veux envoyer, c’est que nous n’allons laisser personne derrière.»
De son côté, la Financière agricole a publié un communiqué à la suite de cette sortie, faisant état de mesures annoncées récemment pour les dommages liés aux excès de pluie et la création d’une cellule de suivi pour assurer une vigie et contribuer à l’identification de mesures d’aide additionnelles.
Elle annonce par ailleurs le report du processus de facturation au Programme d’assurance récolte à la fin du mois de septembre prochain et dit avoir rencontré les institutions financières pour partager le portrait de la situation et expliquer les couvertures offertes aux producteurs.