Logo - Les Affaires
Logo - Les Affaires

Les représailles tarifaires du Canada nuisent aux Américains

La Presse Canadienne|Publié le 20 février 2019

Les Américains se plaignent des torts causés par les représailles d'Ottawa aux tarifs de l'administration Trump.

Les Américains se plaignent des torts causés par les représailles d’Ottawa aux tarifs sur l’acier et l’aluminium de l’administration Trump, a déclaré l’ambassadeur du Canada aux États-Unis.

David MacNaughton faisait référence à l’imposition par le Canada, l’an dernier, de tarifs de 16,6 milliards $ sur les importations américaines. Le Canada venait lui-même d’être frappé de tarifs de 25 pour cent sur l’acier canadien et de 10 pour cent sur l’aluminium par l’administration de Donald Trump.

Les mesures de rétorsion du Canada ont frappé des articles produits dans des États américains où Donald Trump avait bien performé dans l’élection présidentielle de 2016.

Elles visaient un éventail de produits, dont le ketchup de la Pennsylvanie, le bourbon du Kentucky, le jus d’orange de la Floride, le papier hygiénique du Wisconsin et de l’Ohio, ainsi que les panneaux électriques et les fusibles du Michigan.

Le Mexique avait aussi été affecté par des tarifs américains et selon M. MacNaughton, les «représailles stratégiques» des deux pays causent des ennuis dans certains États « importants ».

M. Macnaughton a déclaré à l’occasion d’une conférence sur le commerce organisée par l’Institut canadien des affaires mondiales à Ottawa que le gouvernement travaillait fort pour que les tarifs soient levés.

«Le Canada et le Mexique ont exercé des représailles stratégiques, ce qui suscite une certaine anxiété dans certains États importants», a soutenu M. MacNaughton.

«J’espère que nous pourrons éliminer les tarifs sur l’acier et l’aluminium, car cela crée d’énormes tensions entre nos deux pays et que cela est inutile», a-t-il ajouté.

M. MacNaughton s’est dit optimiste quant à la possibilité d’un retrait des tarifs douaniers. Il a prédit que cela se produirait inévitablement de la même manière que le Canada a surmonté ses divergences avec le gouvernement protectionniste de Donald Trump pour obtenir un nouvel accord de libre-échange nord-américain: en continuant de faire pression sur les législateurs américains.

M. MacNaughton s’est rappelé avoir été approché par deux sénateurs américains, un républicain et un démocrate, à la fin de l’été dernier pour discuter de la renégociation bloquée de l’Accord de libre-échange nord-américain.

Les Mexicains avaient conclu leur propre accord avec les États-Unis et une échéance fixée par le président Trump pour obtenir une entente avec le Canada approchait à grands pas.

M. MacNaughton a souligné avoir par la suite organisé un souper avec 15 législateurs américains.

«Ils avaient le point de vue du gouvernement sur notre position de négociation. J’essayais de leur expliquer à quel point nous faisions preuve de beaucoup plus de souplesse, à savoir qu’il y avait de très bonnes choses dans les négociations que nous essayions de faire valoir», a expliqué M. MacNaughton. «Je pense qu’ils ont aidé au moins à pousser l’administration dans une position plus flexible et beaucoup plus raisonnable au cours des trois ou quatre dernières semaines de négociations.»

«Nous essayons de faire la même chose en ce moment avec l’acier et l’aluminium», a fait valoir l’ambassadeur.

La ministre des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, a appelé les Américains à alléger les tarifs, notamment en fin de semaine lors d’un sommet sur la sécurité internationale à Munich, en Allemagne, durant des entretiens avec la nouvelle présidente de la Chambre des représentants, la démocrate de la Californie Nancy Pelosi.

«Nous avons beaucoup parlé des tarifs (Section) 232 sur l’acier et l’aluminium et j’ai expliqué pourquoi le Canada s’y opposait si fermement et pourquoi il estimait qu’il fallait les lever. Nous avons également parlé des mesures de représailles prises par le Canada et il est venu à nos oreilles qu’elles ont effectivement un impact», a déclaré Mme Freeland aux journalistes à Munich.

La ministre a également indiqué avoir fait pression sur le puissant républicain à la tête du comité sénatorial des finances, Chuck Grassley de l’Iowa, lors d’une réunion qui s’est tenue plus tôt ce mois-ci à Washington.

«Le sénateur Grassley a soulevé publiquement l’idée que le président avait utilisé ces tarifs comme une forme de levier pour les négociations commerciales», a indiqué Mme Freeland. «Mais j’ai expliqué au sénateur Grassley la position du Canada selon laquelle, maintenant que nous avons conclu nos négociations commerciales avec les États-Unis, il y a d’autant plus de raisons pour l’abandon de ces tarifs et qu’il s’agit d’une préoccupation majeure pour le Canada.»