Les transferts d’argent vers l’étranger en forte augmentation
Initiative de journalisme local|Mis à jour le 18 juin 2024La multiplication des canaux pour déplacer des sommes vers l’extérieur du Canada favorise également l’augmentation de ces échanges. (Photo: 123RF)
Poussés par le commerce en ligne, l’immigration et des applications toujours plus commodes, les Canadiens transfèrent plus que jamais de l’argent vers l’étranger. Un Canadien sur cinq a envoyé des sommes en dehors du pays l’an dernier, une proportion en hausse de 33 % par rapport à 2022, révèle une récente étude de Paiements Canada.
L’organisme qui chapeaute les transactions financières au pays n’y dit mot sur le montant total envoyé à l’étranger. Or, la somme est sans doute très importante, puisque la proportion de Canadiens qui traitent avec l’étranger a atteint 20 % en 2023, comparativement à seulement 15 % lors de l’année précédente.
« On voit que [les Canadiens] transfèrent davantage d’argent vers d’autres particuliers et qu’ils font davantage appel aux détaillants internationaux. Donc, c’est surtout à cause de la croissance du commerce électronique que nous constatons ce niveau de croissance », explique en entrevue avec Le Devoir le directeur de la recherche chez Paiements Canada, Jon Purther.
L’augmentation du nombre d’immigrants au Canada, dont une bonne partie envoie des fonds à leur famille restée au pays, contribue aussi à ce flux monétaire toujours plus imposant vers l’extérieur. « [Il y a un] nombre croissant de paiements de personne à personne à l’échelle internationale. Est-ce que [l’immigration] est un des facteurs ? Je pense que c’est une déclaration juste », reconnaît Jon Purther.
L’Inde (12%), la Chine (10%) et le Nigeria (10%) forment les trois plus importantes destinations des paiements après les États-Unis, qui représentent à eux seuls la moitié des transferts internationaux.
La multiplication des canaux pour déplacer des sommes vers l’extérieur du Canada favorise également l’augmentation de ces échanges. Ces transferts ne sont plus limités aux systèmes comme Western Union. Les PayPal de ce monde ont gagné en importance ces dernières années, et les utilisateurs en profitent. Pas moins de 31% des transactions internationales entre particuliers ont été effectuées l’an dernier grâce à une application bancaire, contre 13% pour Western Union. Il y a désormais « un large éventail d’options » qui permet, selon la situation, « d’être plus à l’aise avec les paiements internationaux », selon Jon Purther.
La cryptomonnaie, pas encore une monnaie d’échange
Les monnaies virtuelles, comme le fameux bitcoin, restent encore aujourd’hui un produit d’investissements plutôt qu’un moyen de paiement. « Nous pensions que ce serait un moyen facile de déplacer de l’argent, mais ce n’est pas le cas », indique Jon Purther.
En chiffres, 72% des Canadiens affirment n’avoir jamais utilisé de monnaie virtuelle pour envoyer de l’argent à l’étranger et à peine un peu moins (67%) affirment ne pas planifier de le faire dans la prochaine année, selon les données de l’étude publiée en mars.
PayPal tente d’inverser cette tendance avec une cryptomonnaie dite « stable », adossée à la valeur du dollar américain, et lancée en automne dernier. Cette solution censée faire décoller le nombre des transactions entre portefeuilles numériques semble convaincre plusieurs Américains, les premiers utilisateurs de cette innovation. La devise virtuelle a été utilisée pour 328 millions de dollars américains de transactions en avril dernier, une statistique en augmentation.
Environ 10% des Canadiens possédaient des bitcoins en décembre 2022, selon des données de la Banque du Canada.
Par Jean-Louis Bordeleau, Initiative de journalisme local