Libre-échange: le Canada entame des pourparlers avec l’ANASE
La Presse Canadienne|Publié le 17 novembre 2021La ministre Mary Ng a décrit l’ouverture des pourparlers comme une étape importante pour approfondir les relations économiques du Canada avec la région indopacifique et stimuler la croissance économique alors que le monde subit les effets du goulot d’étranglement des chaînes d’approvisionnement qui a entravé le commerce mondial pendant la pandémie de COVID-19. (Photo: La Presse Canadienne)
Ottawa — Le Canada entame des pourparlers de libre-échange avec un groupe important de pays d’Asie du Sud-Est alors qu’il cherche à diversifier ses partenaires, notamment pour moins dépendre de la Chine, et trouver de nouvelles façons de faire face aux problèmes liés aux chaînes d’approvisionnement mondiales.
La ministre du Commerce international Mary Ng a annoncé mardi soir l’ouverture de négociations commerciales formelles avec l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est — connue sous le nom d’ANASE — après avoir rencontré des représentants de ce bloc de 10 pays.
La ministre Ng a décrit l’ouverture des pourparlers comme une étape importante pour approfondir les relations économiques du Canada avec la région indopacifique et stimuler la croissance économique alors que le monde subit les effets du goulot d’étranglement des chaînes d’approvisionnement qui a entravé le commerce mondial pendant la pandémie de COVID-19.
Il y a trois semaines, le premier ministre Justin Trudeau a déclaré lors d’un forum d’affaires que la recherche d’un accord commercial avec les pays de l’ANASE représenterait un pacte «gagnant-gagnant» qui serait essentiel pour stimuler la croissance du Canada à la sortie de la pandémie.
«Notre gouvernement s’est engagé à ouvrir et à diversifier davantage de marchés pour permettre aux exportateurs et aux entreprises du Canada de croître», a déclaré la ministre Ng lors d’une entrevue.
Mary Ng a rencontré virtuellement mardi des ministres de l’ANASE et des représentants du Conseil commercial Canada-ANASE. Les ministres ont convenu d’une déclaration commune soulignant le potentiel d’un accord de libre-échange pour aider à diversifier les chaînes d’approvisionnement, augmenter le commerce et les investissements, et renforcer l’engagement commun du Canada et de l’ANASE en faveur de marchés ouverts et d’un commerce fondé sur des règles.
Le Canada a déjà un accès privilégié à quatre des 10 pays de l’ANASE — Brunei, Malaisie, Singapour et Vietnam — par le biais de l’Accord de Partenariat transpacifique global et progressiste (PTPGP).
«Nous avons déjà le PTPGP dans la région Asie-Pacifique. Et cela ajoute 600 millions de nouveaux consommateurs», a déclaré Mary Ng.
Elle a déclaré que la région est le troisième plus grand marché de consommation au monde avec une économie de 5 000 milliards de dollars.
Un accord avec l’ANASE ouvrirait l’accès à trois autres grands marchés : l’Indonésie, les Philippines et la Thaïlande. Un accord commercial potentiel avec l’ANASE est recherché depuis longtemps par le gouvernement, et la pandémie mondiale n’a fait qu’accroître la nécessité de s’aventurer plus profondément dans les marchés asiatiques.
Une analyse réalisée par l’ANASE et le gouvernement fédéral estime qu’un accord de libre-échange entre eux pourrait augmenter de 13,3% les exportations canadiennes de biens et de services vers la région.
Les premiers mois de la pandémie ont mis en lumière la dépendance excessive du pays à l’égard de la Chine alors que le Canada rencontrait des problèmes pour accéder à l’équipement de protection individuelle et aux vaccins.
Des consultations publiques
En 2018, le Canada a lancé des consultations publiques qui ont généré des soumissions de dizaines d’intervenants.
«Dans l’ensemble, les intervenants ont exprimé leur appui aux discussions exploratoires relatives à un ALE (accord de libre-échange) avec l’ANASE et ont souligné les possibilités intéressantes pour la population et les entreprises canadiennes sur le marché de l’ANASE — notamment avec des économies non-signataires de l’Accord de partenariat transpacifique global et progressiste (l’Indonésie, les Philippines et la Thaïlande) — dans une vaste gamme de secteurs, dont l’agriculture, le secteur manufacturier et les services, entre autres», indique le rapport d’Affaires mondiales Canada.
Le secteur agricole a fourni la majorité des commentaires avec 20 des 49 soumissions lors des consultations, et leurs conseils contenaient un avertissement familier au sujet d’un obstacle qui a tourmenté les dernières négociations commerciales canadiennes.
«Un petit nombre d’intervenants, surtout des secteurs agricoles soumis à la gestion de l’offre, sont sceptiques quant aux avantages d’un possible ALE entre le Canada et l’ANASE. Les participants ont indiqué que l’appui à la conclusion d’un accord dépendrait de résultats prévoyant une exception pour les produits soumis à la gestion de l’offre», indique le rapport.
Les marchés canadiens des produits laitiers, de la volaille et des œufs soumis à la gestion de l’offre se sont avérés être une pomme de discorde majeure lors des négociations commerciales sur le PTPGP, avec l’Union européenne et lors de la renégociation de l’Accord de libre-échange nord-américain, où il a déclenché la colère de l’ancien président américain Donald Trump.
Le secteur agricole du Canada a souffert lorsque la Chine a imposé des restrictions sur les importations canadiennes de canola, de porc et de bœuf lors du différend impliquant la femme d’affaires chinoise Meng Wanzhou et les Canadiens Michael Kovrig et Michael Spavor. Les deux Michael ont passé près de trois ans dans des prisons chinoises en représailles apparentes à l’arrestation de Meng Wanzhou par le Canada en vertu d’un mandat d’extradition américain, tandis que les mesures commerciales punitives chinoises ont coûté environ 2 milliards de dollars aux entreprises canadiennes de canola.
«En tant que gouvernement, nous avons clairement indiqué que nous protégerions les secteurs soumis à la gestion de l’offre, et nous avons l’intention de le faire», a déclaré Mary Ng.
«Mais nous recherchons également des opportunités pour examiner l’accès au marché dans d’autres secteurs. Nous recherchons la croissance de l’économie numérique. Nous recherchons un meilleur accès aux services financiers.»
Lors des récentes élections fédérales, les libéraux ont promis une nouvelle stratégie Asie-Pacifique pour approfondir les liens commerciaux, y compris de nouveaux accords commerciaux.