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L’immobilier à risque si on ne construit pas davantage

La Presse Canadienne|Publié le 17 mai 2023

L’immobilier à risque si on ne construit pas davantage

Jimmy Jean émet un bémol quant à l’objectif du gouvernement fédéral d’accueillir 500 000 immigrants par année d’ici 2025(Photo: courtoisie)

L’offre sur le marché immobilier n’est pas suffisante pour qu’on puisse trouver des solutions à la rareté de main-d’œuvre seulement avec l’immigration, croit l’économiste en chef du Mouvement Desjardins, Jimmy Jean.

L’immigration et l’intégration rapide des nouveaux immigrants ont joué un rôle positif en contribuant à une modération de l’inflation dans les derniers mois, affirme l’économiste lors d’une conférence virtuelle, mercredi, pour discuter des perspectives économiques.

Ça ne pourra toutefois pas être la seule solution, selon lui. «Est-ce que la démographie, c’est la solution à l’inflation ? La réponse, clairement, c’est non. Plus de population, ça veut dire plus de demande sur les biens et services. Deuxièmement, plus de population, ça veut dire plus de demande de logements dans un contexte où on est déjà en pénurie. Aussi, plus de population n’améliore pas nécessairement le PIB par habitant.»

Dans ce contexte, il est nécessaire de faire une analyse «fine et pointue» pour déterminer la capacité d’intégration du Canada, précise Jimmy Jean en entrevue après la conférence. Des groupes de réflexion et les partis politiques avancent différents chiffres parfois aux antipodes, mais l’économiste estime qu’on reste «dans le flou» à cet égard. «Ça mérite une analyse approfondie avec l’utilisation de modèle économétrique.»

Jimmy Jean émet toutefois un bémol quant à l’objectif du gouvernement fédéral d’accueillir 500 000 immigrants par année d’ici 2025, particulièrement en raison de l’offre et la construction insuffisantes.

Pour le moment, on ne parvient pas à construire suffisamment de logements au Canada, prévient l’économiste. Le Mouvement Desjardins estime qu’il faudrait construire environ 350 000 logements par année pour ne pas aggraver l’inabordabilité du marché immobilier. «On gravite pas loin des 200 000 (mises en chantier). On voit qu’on est drôlement loin du compte.»

La solution à la rareté de main-d’œuvre doit aussi passer par une augmentation de la productivité. À cet égard, le Canada fait piètre figure, s’inquiète Jimmy Jean. Les investissements en propriété intellectuelle ont augmenté de 12,6% au Canada entre 2012 et 2022. Aux États-Unis, ce chiffre est de 99,3%.

«Ce qui m’inquiète, c’est que partout au monde, on fait face à des défis de main-d’œuuvre, on vise à accélérer l’automatisation. Il y a des pays qui vont être les premiers dans la course. Ils vont être capables de produire dans certains domaines à coût nettement plus avantageux.»

Inflation

Au cours de sa conférence, Jimmy Jean a commenté les données les plus récentes sur l’inflation, dévoilées la veille. «La tendance à la baisse qu’on a eue dans les neuf derniers mois commence peut-être à s’essouffler. On est passé de 4,3% à 4,4%.»

Pour le moment, l’économiste en chef maintient ses prévisions. «On s’attend à ce que le taux directeur soit stable à 4,5% jusqu’à décembre et que la Banque du Canada commence à baisser les taux de façon graduelle.»

Cette baisse graduelle contrasterait avec les efforts «musclés» qu’ont déployés les banques centrales pour relancer l’économie après une récession, souligne-t-il. «On parle de ramener les taux d’intérêt à un niveau neutre. Ça fait en sorte que la reprise va être somme toute assez lente.»