La récente création de la signature «Meuble du Québec» arrive à un moment opportun, puisque les consommateurs ...
La récente création de la signature «Meuble du Québec» arrive à un moment opportun, puisque les consommateurs sont de plus en plus interpellés par l’achat local et prêts à délier les cordons de la bourse pour un produit qui vient de chez eux. Il est toutefois trop tôt pour évaluer le succès qu’aura cette initiative de l’Association des fabricants de meubles du Québec (AFMQ), puisque pour l’instant, une quarantaine de détaillants ont demandé à recevoir la signalétique en passant par le site web dédié, indique Marie-Ève Boucher, directrice des communications et des évènements de l’AFMQ. Sans compter ceux qui l’avaient reçu par la poste avant le lancement du site.
«Il y a un travail d' » évangélisation » à faire [pour] sensibiliser les détaillants, admet-elle. On est en train de créer le mouvement.» Car le succès de «Meuble du Québec» est tributaire de leur participation. Et les magasins et les vendeurs à commission vont embarquer s’ils en tirent «un avantage économique important», estime Stéphane Mailhiot, vice-président principal stratégie de marque à l’agence Havas Montréal.
Le Québec dans les rayons
L’affiche «Meuble du Québec» est présente dans les trois succursales et dans l’entrepôt de Maison Corbeil. Cependant, Éric Corbeil, coprésident de l’entreprise est dubitatif, même s’il est «en accord avec le principe».
«Je ne suis pas sûr qu’elle va servir», déclare-t-il. Pas parce que l’attrait du meuble québécois n’existe pas, mais bien parce que la sensibilisation est déjà faite de son côté. «Ça fait longtemps qu’on pousse le meuble québécois et canadien, assure-t-il. Selon les succursales, on peut regrouper les meubles ensemble, par exemple, et on va donner une thématique à l’endroit.»
La réaction du président de Mobilia, Johannes Kau, est similaire. «Notre façon de présenter [les produits], c’est de créer un ensemble ; on n’essaie pas de regrouper par catégorie ou par provenance», explique-t-il. Et s’il y a intégration d’enseignes, il faudrait qu’elles cadrent avec l’allure de chacun des huit magasins, dont quatre sont situés dans la région de Montréal.
Ceci étant dit, Mobilia se spécialise dans le meuble importé. «Si on a une histoire sur un fournisseur local, on va la raconter le plus possible», assure M. Kau.
«Au-delà du label, il faut savoir ce que ça veut dire, un « Meuble du Québec ». Ça prend un autre cycle de communication, qui répond à la question : « Je suis supposé en comprendre quoi ? »», commente M.Mailhiot
C’est pourquoi l’AFMQ a ajouté un volet web à son offensive promotionnelle en octobre 2018, sous la forme d’un site qui présente des meubles fabriqués dans la province, permet de rechercher des fabricants, expose les dernières tendances dans un blogue et offre depuis peu des contenus vidéo réalisés par des partenaires. «Il y a aussi un volet destiné à sensibiliser les employés des détaillants afin qu’ils puissent conseiller les clients» au sujet des produits québécois, souligne Mme Boucher.
L’attrait du local
Mais comment le meuble québécois peut-il se démarquer de la concurrence?
Selon Éric Corbeil, cette industrie au chiffre d’affaires de 3,9 milliards de dollars n’a jamais été aussi en bonne santé dans les 15 dernières années. Elle a entre autres dû s’adapter à la compétition internationale. «Avant, la force c’était le prix. Avec l’arrivée des fabricants chinois, cet argument est tombé», note-t-il.
Les producteurs ont donc dû se positionner différemment, et cela a été fait avec succès. «On est toujours bien coté pour deux choses : le design et la qualité, c’est acquis dans le marché», assure Yves Dessureault, directeur sortant d’Inovem, le Centre d’innovation en ébénisterie et meuble affilié au Cégep de Victoriaville.
La proximité entre le fabricant et le détaillant constitue aussi un avantage indéniable, dit M. Corbeil. Lorsqu’il veut passer une commande particulière, il est servi plus rapidement par les producteurs du Québec.
Parce que les articles répondent à un besoin des consommateurs, et que ceux-ci considèrent plus que jamais l’origine de ce qu’ils se procurent comme un critère important, l’achat local de meuble subsiste malgré la présence de produits à bas prix – qu’ils viennent de la Chine ou d’un certain géant suédois. «Historiquement, on a toujours dit que l’intention [d’acheter québécois] ne se traduisait pas [dans les ventes]. Mais, depuis deux ou trois ans, l’aiguille commence à bouger. On commence à voir de façon plus marquée que ça se convertit à la caisse», constate Stéphane Mailhiot. Une étude menée par Havas révèle d’ailleurs que 74 % des consommateurs «se sentent bien en soutenant les producteurs, artisans et fabricants locaux».
Mettre l’accent sur l’origine de la marchandise, que ce soit par l’entremise de la signature «Meuble du Québec» ou par une autre approche favorisée par le détaillant, semble donc être une formule gagnante.