L’intérêt pour les prêts de titre automobile inquiète des experts
La Presse Canadienne|Publié le 16 Décembre 2020Un récent rapport suggère qu’un nombre croissant de Canadiens envisagent des options financières peu judicieuses.
Si les tendances des recherches sur internet sont vraiment une fenêtre sur l’esprit des consommateurs, un récent rapport suggère qu’un nombre croissant de Canadiens envisagent des options financières peu judicieuses, s’inquiètent des observateurs.
Alors que la pandémie a entraîné un regain d’intérêt pour les renseignements sur les finances personnelles, le nombre de recherches portant sur des prêts de titres automobiles a presque triplé au Canada au cours de la période de mars à septembre pour atteindre 16 900 recherches par mois, comparativement à environ 5900 recherches par mois pendant la même période l’an dernier, selon SEMrush.
La firme de marketing de Boston, qui étudie les tendances de la recherche sur internet, a indiqué que les recherches canadiennes au sujet des prêts sur salaire avaient, quant à elles, chuté de 43 % à 22 900, contre 39 700 un an plus tôt, ce qui s’explique probablement par le fait que des millions de personnes ont perdu leur emploi avec la fermeture des entreprises et industries jugées non essentielles pour tenter de contenir la propagation de la COVID-19.
« La chose la plus étonnante que nous ayons remarquée a été une augmentation des recherches sur les prêts de titre automobile, ce qui est, je pense, assez unique pour le Canada par rapport aux États-Unis, où nous n’avons pas observé ce type d’augmentation », a noté Eugene Levin, chef de la stratégie pour SEMrush, lors d’une entrevue.
Même s’il n’est pas en mesure d’expliquer pourquoi les recherches aux États-Unis n’ont pas également augmenté, M. Levin a suggéré que le phénomène s’expliquait peut-être par le fait que plusieurs Canadiens avaient une automobile, mais pas d’emploi.
« Beaucoup de gens ont des voitures », a souligné M. Levin. « Les conditions de ces prêts sont meilleures que celles des prêts sur salaire, les taux d’intérêt sont plus bas, donc ils sont plus attrayants. En même temps, vous n’avez pas besoin d’un emploi pour obtenir un prêt de titre automobile, contrairement à certains prêts sur salaire. »
Un prêt de titre automobile fonctionne sur la même base qu’un prêt gagé sur un bien immobilier. Ils sont proposés comme des prêts à court terme, garantis par un privilège sur le véhicule. En cas de non-paiement ou de défaillance de l’emprunteur, le prêteur peut prendre possession du véhicule afin de récupérer son argent.
M. Levin a précisé que les statistiques de SEMrush ne permettent pas de savoir combien de chercheurs se sont réellement inscrits pour un prêt de titre automobile.
Une recherche en ligne de « prêt de titre automobile » produit des dizaines de résultats.
La plupart des fournisseurs offrent un large éventail de niveaux de prêts — l’un promet entre 1000 $ et 50 000 $ — et plusieurs affirment que leurs taux d’intérêt sont « les plus bas de l’industrie », de « 10 à 49 % ».
La Presse Canadienne a contacté plusieurs sociétés de prêts de titre automobile pour cet article, mais aucun représentant n’était disponible pour une entrevue.
Une façon de profiter du désespoir
Les gens désespérés trouveront toujours quelqu’un qui essaiera de tirer profit de leur situation, a pour sa part noté Brian Betz, conseiller pour Money Mentors, à Calgary, ajoutant que les prêts de titre automobiles n’étaient que l’un des nombreux programmes en ligne pour obtenir rapidement de l’argent.
« L’augmentation des prêts de titre est probablement attribuable aux gens qui ont moins d’actifs. Leur automobile est, à toutes fins utiles, tout ce qu’ils ont », a-t-il affirmé.
« Généralement, lorsqu’on obtient un prêt de titre, ce n’est pas pour 300 $ ou 500 $. On obtient quelques milliers de dollars sur ce véhicule et, avec leurs taux d’intérêt, il peut être très difficile de le rembourser. »
En général, a-t-il poursuivi, environ la moitié des travailleurs de la population active canadienne sont à un chèque de paie d’être insolvables, de sorte qu’un événement comme la pandémie peut entraîner des milliers de situations désespérées.
Il existe de meilleures options lorsque les factures ne peuvent pas être payées, a fait valoir M. Betz. On devrait commencer par demander de l’aide à une organisation comme la sienne, qui offre des conseils gratuits en matière de crédit.
Ceux qui ne peuvent pas se permettre d’effectuer des paiements sur un prêt personnel ou une hypothèque existante devraient parler au prêteur pour voir si les paiements peuvent être différés ou étalés sur une période de remboursement plus longue, a-t-il expliqué.
Un prêt de consolidation peut permettre au prêteur de simplifier et de regrouper plusieurs paiements de prêt à un taux d’intérêt beaucoup plus bas qu’un prêt de titre, a-t-il ajouté.
M. Betz recommande à ceux qui recherchent des solutions à une crise de trésorerie à court terme de prendre en compte les frais associés au prêt ainsi que les taux d’intérêt. Il donne l’exemple d’un client de Calgary qui se trouvait dans une situation désespérée après avoir vu ses heures de travail réduites à cause de la COVID−19.
« Il avait deux prêts, pas de titres de propriété, mais pas de prêt sur salaire non plus, et le taux d’intérêt était plafonné à un certain niveau, je pense qu’il était de 32 %, en échange d’un emprunt de 14 000 $ via ces deux prêts. Il y avait 10 000 $ de frais là−dessus », a-t-il dit.
« Il y avait des frais d’annulation, des frais d’assurance, ces frais et ces autres frais. Ce sont le genre d’échappatoires que ces (prêteurs) exploitent. »