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L’Iran en deuil après la mort du président Raïssi

AFP|Mis à jour le 18 juin 2024

L’Iran en deuil après la mort du président Raïssi

Élu président en 2021, Ebrahim Raïssi était, lui, considéré comme l’un des favoris pour succéder au Guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, âgé de 85 ans. (Photo: Shutterstock)

L’Iran a décrété lundi cinq jours de deuil pour rendre hommage à son président, Ebrahim Raïssi, décédé dans un accident d’hélicoptère trois ans après l’arrivée au pouvoir de cet ultraconservateur qui était considéré comme l’un des favoris pour succéder au Guide suprême, Ali Khamenei. 

Le décès de M. Raïssi à 63 ans ouvre une période d’incertitude politique en Iran, au moment où le Moyen-Orient est secoué par la guerre dans la bande de Gaza entre Israël et le Hamas palestinien, un allié de la République islamique.

Sa mort brutale va entraîner une élection présidentielle au suffrage universel qui devra être organisée «dans les 50 jours», soit d’ici au 1er juillet.

En attendant, c’est le premier vice-président Mohammad Mokhber, un homme de l’ombre de 68 ans, qui assumera les fonctions de président par intérim.

À ce stade, aucun nom ne se dégage comme prétendant pour la présidentielle, qui se déroulera quatre mois avant le scrutin présidentiel aux États-Unis, principal ennemi de la République islamique avec Israël.

Élu président en 2021, Ebrahim Raïssi était, lui, considéré comme l’un des favoris pour succéder au Guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, âgé de 85 ans.

«La nation iranienne a perdu un serviteur sincère et précieux», a déclaré le chef de l’État dans une déclaration. En soulignant que «ses ennuis dus à l’ingratitude et aux railleries de certains méchants ne l’empêchaient pas de travailler jour et nuit».

Le gouvernement a rendu hommage au «président du peuple iranien, travailleur et infatigable» qui «a sacrifié sa vie pour la nation».

L’annonce de son décès avait été faite en début de matinée par les agences de presse et les sites d’information après la découverte de l’épave de l’hélicoptère à l’aube. La télévision d’État a parallèlement diffusé des chants religieux en montrant des photos du président.

L’hélicoptère du président avait disparu dimanche en début d’après-midi alors qu’il survolait une région de l’Iran escarpée et boisée dans des conditions météorologiques difficiles, avec de la pluie et un épais brouillard.

 

«Grande perte» 

La perspective de découvrir vivant le président et les huit autres passagers, avait progressivement diminué durant la nuit.

Parmi eux figurait Hossein Amir-Abdollahian, 60 ans, nommé à la tête de la diplomatie par M. Raïssi en juillet 2021. Étaient également présents le gouverneur de la province d’Azerbaïdjan oriental, le principal imam de la région, ainsi que le chef de la sécurité du président et trois membres d’équipage.

Les secours ont récupéré lundi matin les dépouilles des neuf passagers éparpillés au milieu des débris de l’appareil, un Bell 212. Elles ont été transportées à Tabriz, la grande ville du nord-ouest, où débuteront mardi les cérémonies de funérailles.

L’épave de l’hélicoptère a été découverte à l’aube sur le flanc d’une montagne qu’il aurait heurté pour une raison encore inconnue, selon des médias. Il s’était envolé dans des conditions météorologiques difficiles, avec des pluies et un épais brouillard.

De nombreux dirigeants, dont certains de pays entretenant des relations tièdes avec Téhéran, ont envoyé des messages de condoléances.

Le président russe, Vladimir Poutine, a rendu hommage à un «politicien remarquable» et à un «véritable ami» de la Russie. Son décès est une «grande perte pour le peuple iranien», a salué le président chinois Xi Jinping.

 

«Pas de perturbations» 

M. Raïssi, qui avait le titre d’ayatollah, présidait la République islamique depuis près de trois ans.

Considéré comme un ultraconservateur, il avait été élu le 18 juin 2021 dès le premier tour d’un scrutin marqué par une abstention record pour une présidentielle et l’absence de concurrents de poids.

Toujours coiffé de son turban noir et vêtu d’un long manteau de religieux, il avait succédé au modéré Hassan Rohani, qui l’avait battu à la présidentielle de 2017.

Il était soutenu par la principale autorité de la République islamique, l’ayatollah Ali Khamenei, qui a appelé dimanche «le peuple iranien» à «ne pas s’inquiéter», car «il n’y aura pas de perturbation dans l’administration du pays».

 

Dernier message propalestinien 

Raïssi s’était rendu dimanche dans la province d’Azerbaïdjan oriental, où il a notamment inauguré un barrage en compagnie du président d’Azerbaïdjan, Ilham Aliev, à la frontière entre les deux pays.

Au cours d’une conférence de presse commune, il a de nouveau apporté son soutien au Hamas face à Israël. «Nous pensons que la Palestine est la première question du monde musulman», a-t-il dit.

Dans un message de condoléances, le Hamas a salué un «soutien à la résistance palestinienne».

L’Iran avait lancé une attaque inédite le 13 avril contre Israël, avec 350 drones et missiles, dont la plupart ont été interceptés avec l’aide des États-Unis et de plusieurs autres pays alliés.

M. Raïssi était sorti renforcé des législatives qui se sont tenues en mars, premier scrutin national depuis le mouvement de contestation qui a secoué l’Iran fin 2022 à la suite du décès de Mahsa Amini, une jeune femme arrêtée pour non-respect du code vestimentaire strict de la République islamique.

Né en novembre 1960, Raïssi a effectué l’essentiel de sa carrière dans le système judiciaire, en étant notamment procureur général de Téhéran puis procureur général du pays, des postes où s’est construite sa réputation de fermeté envers les «ennemis» de la République islamique.

M. Raïssi figurait sur la liste noire américaine des responsables iraniens sanctionnés par Washington pour «complicité de graves violations des droits humains», des accusations balayées comme nulles et non avenues par Téhéran.