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Lithion a sa première usine commerciale de recyclage de batteries

Dominique Talbot|Mis à jour le 13 juin 2024

Lithion a sa première usine commerciale de recyclage de batteries

«[Nous recyclerons 45 000 batteries] plus tôt que vous l’imaginez, a dit Benoit Couture, président de Lithion. (Photo: Les Affaires)

Après des dizaines de millions de dollars d’investissements, dont 22,5M$ du gouvernement du Québec, la construction d’un centre de recherche et de développement à Anjou et une visite du secrétaire d’État américain Anthony Blinken en octobre 2022, Lithion Technologies a terminé la construction de sa première usine commerciale de recyclage de batteries électriques.

«C’est la première d’une longue série d’usines que nous amènerons partout dans le monde, aux États-Unis, en Europe et en Asie», a lancé Benoit Couture, président de Lithion, lundi en conférence de presse à Saint-Bruno-de-Montarville.

«Notre modèle d’affaires, c’est un modèle de partenariat. On va travailler avec des partenaires, on amène notre technologie avec eux. On prend nos forces, leurs forces. Et ensemble, on est beaucoup plus puissants et rapides. Ces partenariats, on les développe avec les acteurs de l’ensemble de la chaîne. On parle des constructeurs automobiles, des fabricants de batteries et des recycleurs automobiles. La constante, c’est qu’on amène notre technologie. Ce sont de supers beaux projets, très payants avec un bon retour sur investissements. Alors on veut toujours y être», lance Benoit Couture.

D’ici cinq ans, l’usine sera en mesure de recycler près de 45 000 batteries lithium-ion annuellement, en récupérant pas moins de 95% des composantes de celles-ci. Dans cette première usine commerciale, Lithion y transformera les batteries et produits non conformes en concentré de minéraux critiques, souvent appelé «black mass», en granules de métaux et en flocons de plastique.

Par contre, l’usine d’hydrométallurgie de Lithion, qui traitera le concentré de minéraux critiques pour produire des matériaux assez purs pour retourner dans les batteries, devra attendre. Selon Benoit Couture, elle devrait voir le jour en 2028. Cependant, ce dernier refuse de s’avancer davantage sur l’échéancier et le lieu où cette dernière verra le jour. Environ 30 000 tonnes de «black mass» y seront traitées pour les retourner dans leur état de carbonate de lithium, de sulfate de nickel ou de sulfate de cobalt, par exemple.

Pour le moment, l’usine de Saint-Bruno-de-Montarville compte une vingtaine d’employés et elle s’agrandira à 60 lorsqu’elle tournera à pleine capacité.

«Nous prenons un produit qui a une valeur moindre et on arrive à créer beaucoup de valeur en chemin pour l’amener aux cellules de batteries. Après notre usine d’hydrométallurgie, la valeur sera énorme par rapport au coût d’entrée des matériaux», explique M. Couture.

«On se positionne stratégiquement comme un outil pour s’approcher de l’approvisionnement en matière stratégique pour les fabricants de batteries. Alors ils ont le choix de travailler avec des minières seulement, ou de travailler avec des minières et quelqu’un comme nous à côté. Ça leur donne une nouvelle source d’approvisionnement qui va leur permettre d’avoir une empreinte environnementale encore plus basse avec leurs batteries. Et stratégiquement, ça les positionne extrêmement favorablement.»

 

Le défi de l’approvisionnement

Dans un marché où les batteries de voitures électriques survivent largement à la carrosserie des véhicules qu’elles propulsent, Lithion aura le défi de s’approvisionner rapidement dans le marché. À cet effet, le ministre de l’Environnement, Benoit Charrette, qui était présent lundi à la conférence de presse, parle d’un règlement à venir qui pourrait obliger les fabricants à recycler leurs batteries.

«On vise quelques millions de voitures électriques au cours des prochaines années. On a déjà prépublié un projet de règlement. […] Je n’ai pas de calendrier à confirmer aujourd’hui, mais effectivement, il y aura un règlement au cours de la prochaine année pour bien préciser les obligations de chacun à ce niveau. C’est nécessaire de réglementer pour s’assurer d’approvisionner Lithion, mais aussi toute la chaîne de valorisation de la filière», affirme le ministre.

«[Nous recyclerons 45 000 batteries] plus tôt que vous l’imaginez, dit quant à lui Benoit Couture. Il faut comprendre que la technologie de la batterie Lithium-ion est nouvelle. Il y a eu des rappels de batteries électriques. Il y a aussi des rejets de production. Tout ce qui n’est pas parfait va au recyclage. Chaque fois qu’une nouvelle usine de batteries électriques démarre, on a accès à de la matière à recycler. En plus de tous les rappels», précise-t-il.

Appelé à commenter la construction à venir d’une autre usine de recyclage de batteries de voitures électriques tout près, celle de Northvolt, Benoit Couture, préfère y voir un «excellent client potentiel», qu’un concurrent direct.

«Northvolt peut être un concurrent pour l’accès aux matériaux à recycler. Mais aussi, ils sont très intéressés à ce que nous faisons, car ils ont besoin de produits recyclés pour faire leurs batteries. Comme tous les fabricants de batteries, ce sont d’excellents clients potentiels. Pour bâtir la filière batterie ici au Québec, Northvolt a plus de chances d’être un partenaire avec qui avoir un impact ensemble, qu’un compétiteur acrimonieux avec qui on va se battre pour avoir des batteries», explique-t-il, tout en ajoutant que les deux entreprises se parlent «régulièrement».

 

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