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Logement: une baisse des taux trop rapide serait néfaste

Dominique Talbot|Publié le 06 février 2024

Logement: une baisse des taux trop rapide serait néfaste

Le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem, n’a pas voulu s’avancer sur une éventuelle baisse du taux directeur. (Photo: La Presse Canadienne)

Bien que la Banque du Canada se dit consciente que «le prix trop élevé des logements est un vrai problème au Canada» et qu’il a un effet important sur l’inflation, elle «ne peut pas le régler en montant ou en baissant les taux d’intérêt», a affirmé mardi son gouverneur Tiff Macklem. Et selon lui, les différents paliers de gouvernement devront faire mieux pour augmenter l’offre.

S’exprimant devant un parterre de gens d’affaires de la métropole, à l’invitation du Conseil des relations internationales de Montréal, le gouverneur de la Banque du Canada n’a pas voulu s’avancer sur une éventuelle baisse du taux directeur. Il y a deux semaines, l’institution a décidé de conserver celui-ci à 5%.

«Nous pourrons considérer une baisse des taux quand nous serons de retour à une inflation autour de 2%», a-t-il dit. Et ce retour à une inflation de 2% devrait se produire en 2025, selon lui.

Pour le moment, dit-il, «nous sommes confiants que nous avons assez monté le taux cible pour calmer l’inflation.» Rappelons que la dernière hausse du taux directeur remonte au 12 juillet 2023.

Et selon Tiff Macklem, une baisse rapide des taux d’intérêt pourrait, pour le moment, avoir un effet néfaste sur la demande de logements. «Le problème est vraiment du côté de l’offre. Il faut mettre l’emphase sur des politiques qui vont augmenter l’offre. Les politiques qui vont stimuler la demande, ce n’est pas ce dont nous avons besoin maintenant. Ça ne va pas régler le problème.»

«Les changements au taux directeur ont un effet rapide sur la demande de logements. Mais les effets de la politique monétaire sur l’offre sont beaucoup plus limités», poursuit-il.

Plusieurs raisons expliquent le déséquilibre entre la forte demande et l’offre qui stagne, dit le gouverneur, notamment «les restrictions de zonage, les délais ou l’incertitude dans les processus d’approbation et le manque de travailleurs qualifiés.» La Banque, a-t-il insisté, ne peut régler aucun de ces problèmes. Et son objectif, rappelle-t-il, vise à réduire l’inflation fondamentale au pays et non dans des secteurs précis ou des provinces en particulier.

«Nous voyons que les différents niveaux de gouvernements collaborent mieux. Mais ils devront travailler ensemble pour résoudre le problème de l’offre», a ajouté Tiff Macklem en conférence de presse.

Seulement au Québec, il ne manquerait pas moins de 860 000 logements d’ici 2030, selon les données les plus récentes de la Société d’hypothèque et de logement. Au Canada, ce chiffre est maintenant de 3,5 millions, alors que la population a augmenté de 1,2 million l’année dernière.

«À cause d’années de pénuries de logements et de l’augmentation récente de nouveaux arrivants, dit Tiff Macklem, les prix n’ont que légèrement baissé. […] La politique monétaire ne peut pas régler des problèmes structurels de longue date du côté de l’offre, ce qui est essentiel à l’abordabilité.»

 

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