Jean Charest avaient récemment demandé à un juge d’accélérer la remise de documents qu’il réclame dans le cadre d’une poursuite pour violation de sa vie privée. (Photo: Getty Images)
Un trait est maintenant tiré sur l’enquête Mâchurer, qui portait sur les méthodes de financement du Parti libéral du Québec (PLQ) entre les années 2001 et 2012.
Le commissaire de l’Unité permanente anticorruption (UPAC), Frédérick Gaudreau, a annoncé lundi qu’il s’appuyait sur un avis juridique pour mettre fin à l’enquête.
Ouverte en 2014, l’enquête Mâchurer visait à déterminer si des infractions criminelles avaient été commises en lien avec des activités de financement du Parti Libéral, en particulier le financement dit «sectoriel».
Plusieurs moyens ont été déployés pour faire la lumière sur cette situation, dont la rencontre de plus de 300 témoins, a noté l’UPAC dans son communiqué.
Un avis juridique a été demandé au Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) sur la preuve colligée. L’analyse a été confiée à un comité d’examen présidé par un juge à la retraite de la Cour d’appel.
«Considérant l’avis juridique obtenu ainsi que toute la rigueur et les ressources déjà investies dans cette enquête, le commissaire estime qu’il n’y a pas lieu de poursuivre cette dernière et y met donc fin.
«Afin de ne pas nuire à des procédures judiciaires en cours et compte tenu des obligations de confidentialité, (…) le commissaire doit s’abstenir de tout autre commentaire.»
Le DPCP a tenu à préciser, lundi, que les avis juridiques étaient visés par le secret professionnel. Par conséquent, il ne pourra fournir d’informations supplémentaires sur la teneur de l’avis juridique qui a été donné à l’UPAC.
La fin de l’enquête survient au moment où l’ancien chef libéral Jean Charest, souvent associé à Mâchurer, bien qu’il n’ait jamais été accusé de quoi que ce soit, songe à briguer la direction du Parti conservateur du Canada.
Une «aberration», lance le PQ
Du côté de Québec solidaire (QS), on se dit «très déçus».
«Nous étions plusieurs à nous demander si le prolongement indéfini de l’enquête Mâchurer ne servait finalement qu’à préserver la réputation de l’UPAC, déjà passablement amochée par un tableau de chasse peu garni.
«C’est malheureusement cette impression qui nous reste en apprenant aujourd’hui la fin de l’enquête Mâchurer», a réagi le porte-parole de QS en matière de justice, Alexandre Leduc.
Le chef du Parti québécois (PQ) a parlé, lui, d’une «aberration».
«Pour quiconque suit la politique et se souvient des constats de la commission Charbonneau, ce résultat est une aberration, un moment gênant», a gazouillé Paul St-Pierre Plamondon.
Lundi, la vice-première ministre et ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault, est quant à elle restée prudente dans ses commentaires.
«Nous prenons acte de la décision de l’UPAC de mettre fin à l’enquête Mâchurer. (…) Il appartient à l’UPAC d’expliquer sa décision», a-t-elle réagi dans une déclaration écrite envoyée à La Presse Canadienne.
Geneviève Guilbault affirme que le gouvernement ne commentera pas davantage en raison de la poursuite d’un million de dollars que Jean Charest a intentée contre lui en 2020 pour violation de sa vie privée.