Mise à jour économique: plus d’argent pour l’immigration
La Presse Canadienne|Publié le 14 Décembre 2021Ottawa s'est engagé à permettre le passage de 40 000 Afghans, mais seulement un peu plus de 4000 ont rejoint le pays. (Photo: Ksenia Makagonova pour Unsplash)
Ottawa — Critiqué pour les délais de traitement des demandes d’immigration et pour le peu de réfugiés afghans qui sont parvenus à rejoindre le Canada, le gouvernement Trudeau prévoit de nouvelles dépenses pour corriger le tir, dans sa mise à jour économique dévoilée mardi.
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Le gouvernement va déployer 1,3 milliard de dollars (G$) sur six ans afin de faciliter l’immigration d’Afghans au Canada. Ottawa s’est engagé à permettre le passage de 40 000 Afghans, mais seulement un peu plus de 4000 ont rejoint le pays.
Kaboul, la capitale afghane, est tombée aux mains des talibans le 15 août dernier. Le gouvernement Trudeau, qui avait déclenché les élections le 13 août dernier, s’est fait accuser d’avoir réagi trop tard.
Pour l’ensemble des demandes d’immigration, le gouvernement accuse également des retards en raison de la pandémie. Il y aurait environ 1,8 million de dossiers en attente de traitement, selon le ministère de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté (IRCC).
Ottawa compte dépenser 85 millions de dollars (M$) au cours de l’exercice 2022-2023 pour accélérer le traitement des dossiers. Les sommes serviront à embaucher plus de ressources pour traiter un plus grand volume de dossiers.
« Pour 2022, le gouvernement s’engage à accueillir 411 000 immigrants, soit le plus grand nombre d’immigrants de l’histoire du Canada en une année », a dit la ministre des Finances, Chrystia Freeland, dans son discours.
L’annonce survient dans un contexte de rareté de main-d’œuvre dans plusieurs secteurs de l’économie. Il y aurait près d’un million de postes à combler au pays en septembre. Au Québec, le nombre de postes vacants atteint 279 000, selon des données publiées jeudi par Statistique Canada.
Chaîne d’approvisionnement
Pour faire baisser la pression sur la chaîne d’approvisionnement, le gouvernement va aussi consacrer jusqu’à 50 M$ pour aider les ports canadiens. Ces sommes proviennent du Fonds national des corridors commerciaux et sont prises à même le budget déjà prévu. Plus de détails sur les projets financés doivent être fournis dans les semaines à venir.
Ottawa a aussi annoncé qu’il prolongeait le programme de soutien au crédit pour les entreprises. Le programme de prêts à faible taux d’intérêt garantis par le gouvernement pour les entreprises qui ont subi d’importantes pertes de revenus en raison de la pandémie devait arriver à échéance le 31 décembre.
En date du 31 octobre, 11 500 prêts ont été accordés, pour un montant total de 2,7 G$.
Le gouvernement va aussi donner un coup de pouce financier aux petites entreprises qui veulent mettre à niveau leur système de ventilation et de filtration de l’air. Le crédit est de 25 % sur les dépenses admissibles, entre le 1er septembre 2021 et le 31 décembre 2022, jusqu’à 10 000 $ par emplacement et de 50 000 $ au total. Le ministère prévoit que cette mesure coûtera 241 M$ sur trois ans.
«Pas un mini-budget»
Il faudra attendre le prochain budget fédéral avant que les principales promesses économiques libérales soient inscrites dans les documents du ministère des Finances du Canada.
Les libéraux avaient promis d’augmenter de 15 % à 18 % le taux d’imposition des grandes institutions financières. Dans son cadre financier, le parti prévoyait que cette mesure générerait 256 M$ pour l’exercice 2021-2022.
La mise à jour ne contenait pas, non plus, de mesures concernant l’accessibilité à la propriété. Le Parti libéral avait promis d’injecter un milliard de dollars en prêts et subventions pour développer des projets de location en partenariat avec le secteur privé, des organismes sans but lucratif et des coopératives. La création d’un compte d’épargne libre d’impôt pour l’achat d’une première propriété était également prévue.
Un haut fonctionnaire du gouvernement a précisé que la mise à jour économique «n’était pas un mini-budget» et que ces mesures pourraient se trouver dans le prochain budget, qui devrait être présenté à la fin de l’hiver ou au printemps prochain.
Par Stéphane Rolland