L'an dernier, le PIB du géant asiatique avait progressé de 3%, loin de l'objectif officiel de 5,5%, et à l'un des rythmes les plus faibles depuis quatre décennies. (Photo: 123RF)
L’agence de notation Moody’s a abaissé mardi de «stable» à «négative» la perspective de la note de la Chine, en raison de l’endettement dans la deuxième économie mondiale.
«La décision de faire passer la perspective à négative est le reflet de preuves croissantes que le gouvernement et le secteur public […] apporteront un soutien financier aux gouvernements régionaux et aux entreprises d’État en difficulté financière», justifie Moody’s.
Cela «pose de vastes risques […] pour la solidité budgétaire» de la Chine, estime l’agence dans un communiqué, citant une croissance économique «plus faible» du géant asiatique et des difficultés du secteur immobilier.
Le ministère chinois des Finances s’est dit «déçu» par la décision de Moody’s.
La Chine «a la capacité […] de répondre aux risques et aux défis», a-t-il assuré dans un communiqué fustigeant les «inquiétudes infondées» de Moody’s.
L’immobilier, qui a longtemps représenté avec la construction environ un quart du PIB de la Chine, est un pilier essentiel de la croissance du pays.
Il est également une source importante de revenus pour les collectivités locales, dont les finances sont exsangues après trois ans de dépenses faramineuses pour lutter contre la COVID-19.
Pour relancer un secteur à la peine, le pouvoir a bien multiplié les mesures de soutien ces derniers mois, mais les résultats demeurent peu probants.
Crainte de liquidation
Les déboires financiers de groupes immobiliers emblématiques (Evergrande, Country Garden…) continuent à alimenter la défiance des acheteurs, sur fond de logements inachevés et de chute des prix du mètre carré.
La crise de l’immobilier est un important frein à la reprise économique.
La Chine vise «environ 5%» de croissance cette année, un objectif qui pourrait être difficile à atteindre sans plan de relance massif, estiment certains économistes alors que le gouvernement privilégie les mesures ciblées.
L’an dernier, le PIB du géant asiatique avait progressé de 3%, loin de l’objectif officiel de 5,5%, et à l’un des rythmes les plus faibles depuis quatre décennies.
Le secteur immobilier en Chine a connu une croissance fulgurante depuis sa libéralisation en 1998, mais son endettement massif est perçu ces dernières années par le pouvoir comme un risque majeur pour l’économie et le système financier du pays.
Pékin a ainsi progressivement durci à partir de 2020 les conditions d’accès au crédit des groupes, ce qui a tari les sources de financement d’entreprises déjà endettées.
Ce phénomène a été exacerbé par la quasi-faillite du désormais ex-numéro un du secteur, Evergrande, qui a obtenu lundi un répit jusqu’à janvier pour présenter un plan de restructuration et éviter une liquidation.