Motion conservatrice: Pfizer s’inquiète des conséquences
La Presse Canadienne|Publié le 26 octobre 2020Le président de Pfizer Canada est préoccupée par les « conséquences imprévues probables» de l'examen.
Les partis d’opposition s’apprêtent à voter pour la tenue d’une enquête parlementaire sur la gestion de la pandémie de COVID-19 par le gouvernement Trudeau, malgré des objections croissantes de l’industrie et d’experts.
Le géant pharmaceutique Pfizer Canada est le plus récent à avoir exprimé des inquiétudes au sujet de l’enquête, qui fait l’objet d’une motion conservatrice qui sera soumise à un vote à la Chambre des communes lundi.
La motion conservatrice demande au gouvernement de remettre au Comité de la santé de la Chambre des communes tous les documents sur une série d’enjeux liés à la gestion de la pandémie par les libéraux.
Cela inclut l’achat d’équipement de protection individuelle, de dispositifs médicaux et de produits pharmaceutiques, et dans une lettre à Santé Canada, Pfizer dit vouloir savoir comment ses secrets commerciaux seront protégés.
On s’attend à ce que la motion soit adoptée avec l’appui des néo-démocrates fédéraux et du Bloc québécois, qui assurent qu’il y a une protection suffisante pour l’industrie, tout en accusant les libéraux de provoquer de la peur.
Contrairement à une motion conservatrice similaire rejetée la semaine dernière qui aurait créé un comité pour se pencher sur la controverse de WE Charity (UNIS), la motion de lundi ne sera pas un vote de confiance.
Dans une lettre à un haut fonctionnaire de Santé Canada obtenue par La Presse canadienne, le président de Pfizer Canada, Cole Pinnow, dit que son entreprise est préoccupée par les « conséquences imprévues probables » d’un tel examen.
M. Pinnow mentionne spécifiquement une exigence dans la motion que le gouvernement produise des documents relatifs à la production et à l’achat d’un vaccin contre la COVID-19.
Il poursuit en disant que bien que l’entreprise cherche à obtenir des conseils juridiques, elle souhaite que Santé Canada explique quel processus sera utilisé pour examiner les informations sensibles avant qu’elles ne soient communiquées au comité.
« Nous sommes profondément préoccupés par les implications et les conséquences imprévues probables si cette motion recevait l’appui d’un nombre suffisant de parlementaires », a écrit M. Pinnow au sous-ministre adjoint de Santé Canada, Pierre Sabourin.
« Pendant que nous cherchons un avis juridique, nous aimerions comprendre quel processus de vérification Santé Canada entend utiliser et comment des tiers, comme Pfizer, seraient consultés avant la divulgation de toute information. »
Dans un courriel de suivi répondant à des questions de La Presse canadienne, la directrice des affaires corporatives de Pfizer, Christina Antoniou, a écrit que la société aimerait que la motion traite plus fortement de la protection des secrets d’entreprise, en particulier en ce qui concerne ses efforts de développement de vaccins.
« La publication d’informations techniquement ou commercialement sensibles peut avoir des effets profondément dommageables et imprévisibles sur Pfizer et sur le programme de développement », a-t-elle écrit.
Des protections pour les secrets scientifiques et commerciaux, et une promesse de consulter les entreprises concernées par l’enquête, « fourniraient à des fabricants comme Pfizer les garanties de confidentialité que nous devrions attendre du gouvernement ».
Les préoccupations de Pfizer au sujet de l’enquête proposée reflètent celles soulevées ces derniers jours par d’autres acteurs de l’industrie, y compris Canadian Manufacturers and Exporters (CME), qui représente des milliers d’entreprises au Canada.
CME a écrit vendredi à la ministre fédérale de l’Approvisionnement, Anita Anand, pour lui faire part de ses inquiétudes concernant « le risque que des informations commerciales exclusives, sensibles ou confidentielles soient soudainement divulguées au public ».
Le coprésident du groupe de travail sur l’immunité face à la COVID-19 du gouvernement fédéral s’est également prononcé contre la motion, affirmant à La Presse canadienne qu’une enquête d’une telle envergure pourrait faire plus de mal que de bien.
Selon le Dr David Naylor, l’étude proposée est trop vaste et créera en fin de compte plus de travail et de distractions pour la fonction publique fédérale à un moment où elle fonctionne déjà à fond.