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MTY a fermé trois fois plus de restaurants qu’elle en a ouvert

La Presse Canadienne|Publié le 16 février 2023

MTY a fermé trois fois plus de restaurants qu’elle en a ouvert

La société montréalaise a fermé 178 établissements à travers son réseau de 6788 restaurants au quatrième trimestre. (Photo: La Presse Canadienne)

Le nombre de fermetures est trois fois plus élevé que les ouvertures au Groupe MTY à un moment où ses franchisés doivent composer avec un environnement opérationnel difficile dans l’industrie de la restauration.

Malgré l’assouplissement des mesures sanitaires, la société montréalaise a fermé 178 établissements à travers son réseau de 6788 restaurants au quatrième trimestre, une période qui comprend les mois de septembre, octobre et novembre. Il s’agit d’une modeste amélioration par rapport aux 189 établissements fermés à la même période l’an dernier.

Les fermetures sont ainsi près de trois fois plus élevées que les 60 nouveaux établissements qui ont ouvert leurs portes au quatrième trimestre. «Ce chiffre doit descendre, a reconnu le président-directeur général de MTY, Éric Lefebvre, lors d’une conférence téléphonique avec les analystes. Ce n’est pas un chiffre dont nous sommes fiers et nous ne nous attendions pas à ce que ça soit si élevé.»

Au Canada, le nombre de fermetures atteint 69 établissements au cours du quatrième trimestre, soit plus que les 68 fermetures de l’an dernier.

Le dirigeant a assuré que les équipes de l’entreprise propriétaire de 80 enseignes, notamment Valentine, Thaϊ Express et Sushi Shop, «comprenaient ce qu’elles devaient faire». «C’est une priorité de porter une attention à nos restaurants en activité. C’est beaucoup plus facile de conserver un restaurant que d’en ouvrir un nouveau.»

L’entreprise n’a pas précisé les raisons des fermetures. Elle n’est toutefois pas seule dans cette situation. Au Québec, près de 262 restaurants ont fait faillite en 2022, selon des données compilées par l’Association restauration Québec (ARQ). Cela représente une augmentation de 17,6% par rapport à l’an dernier.

Malgré une reprise de la demande avec l’assouplissement des mesures sanitaires, plusieurs embûches compliquent le travail des gestionnaires de restaurants, notamment la rareté de main-d’œuvre, l’inflation alimentaire et l’augmentation des salaires. À titre d’exemple, il y avait près de 135 000 postes vacants dans les métiers de la restauration à travers le Canada, toujours selon l’ARQ.

MTY fait un suivi de la situation auprès de ses franchisés afin de trouver des solutions pour éviter la fermeture d’établissements. «Nous parlons plus régulièrement à nos franchisés pour nous informer de leur situation, assure M. Lefebvre. Si nous pouvons les aider à vendre leurs actifs (le restaurant) plutôt que de fermer, c’est une meilleure chose tant pour le franchisé que le franchiseur.»

Il a mentionné que l’industrie de la restauration devrait composer avec «une hausse importante» du salaire minimum dans certaines juridictions, notamment au Québec. «Nous ne payons plus le salaire minimum dans nos restaurants, mais ça (une augmentation du salaire minimum) a un effet sur notre structure de salaire. Dans ces cas, nous devrons ajuster légèrement nos prix.»

Résultats du quatrième trimestre

Au quatrième trimestre, MTY a dévoilé un bénéfice net de 7,1 millions de dollars (M$), comparativement à 24,9M$ à la même période l’an dernier. L’entreprise a toutefois précisé que cette diminution était attribuable à des coûts de transactions liées aux acquisitions et à des charges hors trésorerie pour tenir compte de la perte de valeur des immobilisations corporelles.

M. Lefebvre n’a pas voulu identifier les enseignes qui ont fait l’objet d’une dépréciation de leur valeur. Il a expliqué que l’ajustement comptable était attribuable à une augmentation du coût du capital liée à la hausse des taux d’intérêt et que les fondamentaux n’étaient pas en cause. «Nous pensons que ces enseignes vont bien et ne sont pas ébranlées, mais nous devons nous conformer aux règles de divulgation, évidemment, et il y a des paramètres que nous devons suivre.»

Les revenus, pour leur part, ont progressé de 65% à 242M$.

MTY a dévoilé un bénéfice dilué par action inférieur aux prévisions des analystes, mais au moins trois analystes estiment que la société a dépassé les attentes en ce qui a trait aux revenus et au bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA).

Malgré de bons résultats, l’analyste Derek J. Lessard, de Valeurs mobilières TD, demeure prudent tandis que l’action de MTY a progressé de 30% depuis le début de l’année et a touché un sommet historique. «Nos préoccupations tournent autour de l’inflation, ce qui inclut l’augmentation du salaire minimum, des conséquences de la hausse taux d’intérêt sur les dépenses des consommateurs ainsi que le nombre élevé de fermetures.»

L’action de MTY perd 3,62$, ou 4,93%, à 68,87$ à la Bourse de Toronto vers midi.