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New York: les introductions en Bourse reprennent

La Presse Canadienne|Publié le 13 février 2023

New York: les introductions en Bourse reprennent

(Photo: Getty Images)

New York — Après une année abyssale dans un contexte de montée des taux, de baisse des marchés et d’incertitude économique, les introductions en Bourse redémarrent à Wall Street, même si la prudence reste de mise.

Un marché «qui s’est arrêté». Voilà comment Renaissance Capital décrit le millésime 2022 des «IPO», les introductions sur la place new-yorkaise, avec seulement 7,7 milliards de dollars US (G$) levés, en baisse de 95% et au plus bas depuis 31 ans que le cabinet mesure cette activité.

En ce début d’année 2023, la crainte d’une dégradation de la conjoncture reste d’actualité et la banque centrale américaine (Fed) n’en a pas fini avec son resserrement monétaire, mais le secteur a connu cette semaine un frémissement, avec deux entrées en Bourse remarquées.

Le spécialiste des logiciels de gestion des panneaux solaires Nextracker a levé 638 M$ US pour son IPO sur la Bourse Nasdaq, près de 20% de plus que le montant maximum initialement espéré par la start-up de Fremont (Californie).

Autre nouveau venu, le fabricant de capteurs laser destinés aux véhicules autonomes Hesai a réalisé la meilleure entrée à New York pour une société chinoise depuis 18 mois, avec 190 millions de dollars récoltés auprès d’investisseurs.

«On est encore bien en deçà des moyennes historiques, mais depuis le début de l’année, on voit un rebond», confirme Avery Spear, de Renaissance Capital.

«L’an dernier, les gens évitaient le risque, et les introductions sont, par nature, risquées», explique-t-elle, «mais actuellement, les investisseurs s’y intéressent de nouveau».

«Il y a énormément de capitaux qui cherchent un investissement, mais l’examen (des entreprises candidates à une IPO) va être plus approfondi, et la barre sera plus haute», situe Mark Roberts, du cabinet de conseil The Blueshirt Group.

Pour Avery Spear, les premiers à franchir le pas sur ce marché encore convalescent devront être «rentables et dégager de la trésorerie», pour rassurer les investisseurs.

 

«Tenez-vous prêts»

Quelque 293 dossiers sont actuellement enregistrés auprès du régulateur en vue d’une introduction, soit 39% de plus que l’an dernier à la même époque, a indiqué à l’AFP un porte-parole du Nasdaq.

Parmi eux, ne figure encore aucun des poids lourds que les opérateurs espèrent voir faire leur entrée à la cote cette année.

Circulent ainsi les noms du spécialiste des paiements en ligne Stripe, valorisé récemment 63 milliards de dollars, du géant du marchandisage sportif Fanatics (31 milliards) ou de la plateforme de livraison de courses Instacart (10 G$ US).

Pour Mark Roberts, il faudra que quelques grosses pointures se lancent pour que le marché redémarre complètement.

Comme l’a montré l’entrée en piste réussie de Nextracker, les énergies renouvelables ont le vent en poupe, en partie grâce à l’adoption, au Congrès, de la loi dite Inflation Reduction Act (IRA), avec près de 400 G$ US consacrés à la transition énergétique et à la lutte contre le réchauffement.

Il mentionne également les «fintech», sociétés émergentes de services financiers en ligne innovants, à l’image de Stripe.

Fui en 2022, le secteur technologique n’est plus un paria et peut espérer accéder prochainement à la Bourse, pour peu que les valorisations soient revues nettement à la baisse.

«Les chiffres qu’on a vus en 2021 sont de l’histoire ancienne», souligne Avery Spear. «Le temps de l’argent facile est derrière nous.»

L’hystérie médiatique qui a suivi la mise en ligne du désormais fameux robot conversationnel ChatGPT aurait pu profiter au milieu de l’intelligence artificielle (IA), «mais il n’existe pas, à connaissance, de sociétés d’IA qui soit prête à entrer en Bourse».

Malgré l’animation qui reprend actuellement sur le marché des IPO, un vrai rebond ne sera envisageable qu’une fois le marché convaincu que la banque centrale américaine (Fed) en a terminé avec son cycle de resserrement monétaire, prévenait, en début d’année, Jeffrey Solomon, de la société financière Cowen.

Or plusieurs membres de l’institution ont prévenu, cette semaine, que les hausses de taux pourraient se prolonger plus que prévu.

«Les conditions de marché peuvent changer très rapidement», souligne Avery Spear. Une évolution des taux de la Fed ou des «changements drastiques» sur le plan économique «pourraient refermer, de nouveau, le marché des IPO.»

«La majorité des gens de Wall Street auxquels je parle croient à un environnement plus propice aux introductions au second semestre», rapporte Mark Roberts. «Mais une minorité pense que la fenêtre pourrait n’être ouverte que pour quelques mois. Donc, tenez-vous prêts.»