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Non, l’emploi ne va pas décoller cet automne!

L'économie en version corsée|Publié le 10 septembre 2020

Non, l’emploi ne va pas décoller cet automne!

Les perspectives d'embauche sont à la baisse... (Photo: John Fornander pour Unsplash)

CHRONIQUE. Au Québec, les employeurs sont moroses, et ils le sont tellement qu’ils envisagent globalement de plus licencier qu’embaucher d’ici la fin de l’année, contrairement à ce qu’entendent faire, eux, les employeurs des autres provinces canadiennes. C’est du moins ce qui ressort de l’enquête Manpower Employer Outlook pour le 4e trimestre de 2020.

Ainsi, les perspectives d’embauche des employeurs du Québec sont en recul de 3% pour la période qui va d’octobre à décembre. C’est là la perspective la plus négative jamais enregistrée depuis la première étude de Manpower à l’échelle des provinces, qui date de 2004. À noter que ce recul représente une chute record de 24 points de pourcentage en l’espace d’une année.

Que signifient tous ces chiffres? C’est fort simple, que les employeurs québécois ne comptent pas vraiment embaucher, mais plutôt licencier d’ici la fin de l’année. Car ils ne croient pas que leurs perspectives économiques et financières vont aller en s’améliorant dans les prochains mois.

Un exemple frappant est celui du secteur du commerce de gros et de détail: la perspective est de -7%. Autrement dit, le pessimisme y est particulièrement élevé, pour ne pas dire ahurissant; le recul, d’une année sur l’autre, équivaut à une dégringolade sans précédent, de 29 points de pourcentage. Alors même qu’il s’agira de la saison la plus cruciale de l’année, avec le Vendredi Fou et les Fêtes, les employeurs québécois de ce secteur s’apprêtent à remercier un nombre conséquent de leurs employés, contrairement aux fins d’année précédentes.

Si l’on considère maintenant l’ensemble du Canada, les perspectives d’embauche sont un peu plus positives, avec une progression de 6%. En guise de comparaison, celles-ci étaient de -9% au 3e trimestre, ce qui revient à un bond de 15 points de pourcentage. Cela étant, cette performance est inférieure à celle du 4e trimestre de 2019, de 6 points de pourcentage; les employeurs canadiens entendent moins embaucher qu’ils n’embauchaient l’an dernier à pareille date.

Des gains d’effectifs sont ainsi anticipés pour le 4e trimestre de 2020 dans huit secteurs canadiens. Les meilleures prévisions sectorielles concernent l’administration publique (+17%), le transport et les services publics (+13%) ainsi que la fabrication de biens non durables (+12%).

«Même si les perspectives d’embauche demeurent modestes, on peut tout de même dire qu’elles s’améliorent par rapport au 3e trimestre, dit Darlene Minatel, directrice nationale, de ManpowerGroup Canada. La bonne nouvelle, c’est qu’au Canada les personnes à la recherche d’un emploi pourront saisir de nouvelles occasions d’emploi dans huit des dix secteurs d’activités, les deux exceptions étant a priori l’éducation (-1%) et l’industrie minière (-4%).»

Et Mme Minatel d’ajouter que «les perspectives les plus favorables au 4e trimestre se trouvent en Ontario». De fait, l’étude montre que les employeurs ontariens affichent une perspective d’embauche en progression de 10%, un taux en hausse de 22 points de pourcentage par rapport au trimestre précédent et stable par rapport à l’an dernier.

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