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Nouvelle enquête sur le roulement du personnel infirmier

La Presse Canadienne|Publié le 02 octobre 2024

Nouvelle enquête sur le roulement du personnel infirmier

«Le personnel infirmier, a rappelé Mme Beaulieu, c’est le plus grand groupe de personnel impliqué au sein du réseau public.» (Photo: Christinne Muschi La Presse Canadienne)

Question d’actualité s’il en est une, une équipe de l’Université Laval lance ces jours-ci une nouvelle enquête en ligne pour mieux comprendre le roulement du personnel infirmier, un sujet qui n’aurait que rarement été étudié jusqu’à présent.

La recherche dirigée par Marianne Beaulieu, qui est professeure à la Faculté des sciences infirmières de l’université québécoise et chercheuse à VITAM — Centre de recherche en santé durable, sera menée par sondages auprès du personnel infirmier québécois et suivra l’évolution d’une cohorte de membres du personnel infirmier sur une période de trois ans, soit jusqu’en avril 2027.

«Le personnel infirmier, a rappelé Mme Beaulieu, c’est le plus grand groupe de personnel impliqué au sein du réseau public. Donc si on veut assurer la survie du système public, il faut prendre soin de ce monde-là. C’est pour ça qu’on s’intéresse à leurs conditions d’exercice d’emploi.»

Le projet Exprimer — Expérience du personnel infirmier dans le réseau de la santé et des services sociaux vise à faire la lumière «sur cette question d’intérêt public, pour soutenir des recommandations neutres et scientifiques, qui aideront à résoudre les problématiques rencontrées à l’échelle provinciale, tout en considérant des particularités locales», a-t-on expliqué par voie de communiqué.

Il sera réalisé en collaboration avec vingt-neuf établissements de santé de la province qui, a dit Mme Beaulieu, ont accepté d’y participer avec enthousiasme puisqu’ils sont tous «intéressés par la même chose: trouver des solutions aux enjeux de postes vacants et de roulement de personnel», mais aussi parce qu’ils seront consultés à chaque étape pour déterminer ce qui sera documenté pour éviter d’être «en décalage avec le terrain».

L’ensemble du personnel infirmier du réseau de la santé québécois est invité, d’ici au 31 octobre 2024, à participer à ce projet de recherche en se rendant sur le site Web «exprimer. quebec». Les résultats des enquêtes seront rendus publics après chacune des collectes.

Mme Beaulieu reconnaît que ce premier échéancier du 31 octobre est «ambitieux», mais elle rappelle que son équipe collabore avec plusieurs acteurs qui sont intéressés par les résultats: les directions des établissements, les directions de soins infirmiers, les directions des ressources humaines et les directions des communications, mais aussi les comités exécutifs d’infirmiers et d’infirmières, les syndicats et l’Ordre des infirmiers et infirmières du Québec.

Un nouveau questionnaire de trente minutes sera administré aux six mois, pour un total de six questionnaires. Le premier questionnaire porte sur les conditions d’emploi (les heures de travail, la charge de travail, la participation à la prise de décision, les relations avec les collègues et ainsi de suite), mais aussi sur les conditions d’exercice de la profession (les participants sont-ils en mesure de pratiquer leur métier comme ils l’entendent?).

«Ils ont une profession particulière, on appelle ça un “métier relationnel”, a dit Mme Beaulieu. Ça fait que les conditions de travail vont avoir une interaction avec le sens du travail qu’ils font, ce qui va interagir avec la satisfaction, puis avec les intentions de quitter, la santé mentale, et tout le reste.»

Les responsables du projet souhaitent évidemment pouvoir compter sur la participation du plus grand nombre possible de membres du personnel infirmier, afin de pouvoir brosser le portrait le plus représentatif possible de la situation. Cela étant dit, ils espèrent recruter au moins 22 000 participants d’ici la fin du mois d’octobre, ce qui représenterait environ le quart des quelque 80 000 infirmières et infirmières auxiliaires de la province.

Au-delà des anecdotes entendues et partagées, disent les chercheurs, les «expériences d’emploi seront rigoureusement documentées et deviendront des données fiables qui pourront appuyer la prise de décision éclairée» au sein du réseau de la santé et des services sociaux.

Par Jean-Benoit Legault