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«On doit électrifier tout ce qu’on peut»

Katia Tobar|Publié le 22 juillet 2022

«On doit électrifier tout ce qu’on peut»

Pierre Fitzgibbon, ministre québécois de l’Économie et de l’Innovation s’est entretenu avec Marine Thomas lors de la 28e édition de la Conférence de Montréal. (Photo: Courtoisie IEFA)

«On doit électrifier tout ce qu’on peut ici au Québec», a affirmé Pierre Fitzgibbon, ministre québécois de l’Économie et de l’Innovation, le 12 juillet dernier lors de la 28e édition de la Conférence de Montréal sur le thème «Mener la transition verte».

Dans le cadre de l’événement organisé par le Forum économique international des Amériques, le ministre s’est entretenu avec Marine Thomas, rédactrice en chef du journal Les Affaires et a partagé les ambitions et défis du Québec face à la transition énergétique et à l’objectif de carboneutralité à l’horizon 2050.

Pour Pierre Fitzgibbon, notre hydroélectricité sera au cœur de cette transition.

«Le rôle d’Hydro-Québec sera très important dans les prochains 10-15 ans, non seulement pour enrichir le Québec, mais aussi pour lutter contre les changements climatiques», a-t-il affirmé.

Face à la crise énergétique qui ébranle l’Europe depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, cette énergie propre rend le Québec «mondialement très attractif», a précisé le ministre.

Pourtant, il admet que l’allocation de cette ressource, dont la demande, seulement pour le Québec, excède pour le moment la capacité de production, est un «gros enjeu» pour la province.

Alors que les secteurs du transport et des industries sont les plus gros émetteurs de gaz à effet de serre du Québec, faut-il privilégier leur approvisionnement en hydroélectricité afin de les décarboner?

Les secteurs du transport et des industries sont les plus gros émetteurs de gaz à effet de serre du Québec. (Source: Ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques)

Le ministre Fitzgibbon a rappelé que parmi les 6,7 milliards de dollars (G$) investis au cours des quatre prochaines années pour décarboner le Québec — prévus dans le plan de mise en œuvre 2021-2026 du PEV 2030 (Plan pour une économie verte 2030) — 3,6G$ seront destinés à l’électrification des transports.

Il a également profité de son intervention pour souligner le développement de la «filière batterie» qui permettra au Québec de produire des batteries vertes, mais aussi de les recycler. «C’est un moyen pour le Québec de se réintégrer dans la chaîne automobile», a-t-il appuyé.

Face à la demande croissante en hydroélectricité, Pierre Fitzgibbon a aussi fait valoir le rôle important que pourrait jouer l’hydrogène à l’avenir, comme source d’énergie alternative, et mis en avant les importantes recherches menées au Québec sur les énergies propres.

Du côté des industries, le ministre a décrit la possibilité de produire grâce aux énergies propres de «l’aluminium vert, de l’acier vert, du fer vert», ce qui ferait du Québec un pionnier dans le domaine.

Rappelons que le Québec s’est engagé à réduire de 37,5% ses émissions de GES d’ici 2030, par rapport à leur niveau de 1990, pour atteindre la carboneutralité en 2050.

Besoin d’investissements

Mais «aujourd’hui, la technologie n’existe pas pour arriver à zéro émission carbone en 2050», a-t-il lâché, insistant sur le besoin d’investissements pour que des entreprises innovantes émanent de la recherche, et ainsi «convertir l’idée au marché».

«Être carboneutre en 2050, ça demande beaucoup de sacrifices, ça demande beaucoup d’investissements aussi».

Il cite en exemple le besoin de soutien aux start-ups qui vont développer de nouvelles technologies pour utiliser le carbone capturé.

Intelligence artificielle

Autre domaine où le Québec se démarque mondialement pour sa recherche fondamentale: celui de l’intelligence artificielle. Mais là encore, entre la recherche et l’application au marché, il y a un pas énorme à franchir.

Pierre Fitzgibbon a insisté sur le «besoin d’accompagnement humain» via le développement de «start-ups pour accompagner les PME» dans ce virage algorithmique.

Vous pouvez revoir l’intervention du ministre Pierre Fitzgibbon dans la vidéo ci-dessous: