Près d’une vingtaine d’établissements privés proposent aux parents la formule pensionnat. (Photo: 123RF)
GROSSE DÉPENSE. Privilégier l’enseignement privé pour votre enfant coûte facilement entre 5000 $ et 10 000 $ par année. Et plus du double dans certaines écoles anglophones. Dissection des divers frais qui engraissent la facture.
D’abord, les droits de scolarité. Ces frais de base se situent généralement entre 2500 $ et 5000 $ dans les écoles privées qui bénéficient de subventions gouvernementales, ce qui est le cas de plus de 65 % des 350 établissements privés de niveau primaire et secondaire de la province. « Ce financement public, qui correspond à un peu plus de 40 % du budget total des établissements, a pour objectif de rendre l’enseignement privé accessible à un plus grand nombre de familles », explique David Bowles, président de la Fédération des établissements d’enseignement privé (FEEP). Concrètement, cette aide financière permet de réduire de 4000 $ à 5000 $ la facture adressée aux parents, calcule-t-il. En 2021, les écoles privées du Québec, qui opèrent majoritairement à titre d’organisme sans but lucratif (OSBL), comptaient tout près de 133 000 inscrits.
Les aubaines régionales
C’est dans les régions que l’on trouve encore des écoles secondaires privées qui affichent des droits de scolarité de moins de 3 500 $. Quelques-unes, comme le Collège Notre-Dame, à Rivière-du-Loup, et le Collège François-de-Laval, dans le Vieux-Québec, maintiennent ces frais tout juste sous la barre des 3000 $. En revanche, la plupart des établissements privés situés sur le territoire montréalais et dans les secteurs résidentiels à forte croissance exigent le montant maximal que leur permet leur statut d’établissement subventionné, fait savoir le président de la FEEP. Au Collège Loyola, à Montréal, ces droits dépassent désormais 5000 $.
« La forte demande pour ces établissements ayant des listes d’attente explique en grande partie cet écart », décrit David Bowles. Tout comme la pénurie de personnel qui permet aux enseignants de ces établissements de revendiquer les mêmes conditions salariales offertes au sein du réseau public, ajoute-t-il.
Des rabais pour la fratrie
Les parents qui confient plus d’un enfant de la fratrie dans une école privée lors d’une même période de fréquentation peuvent souvent bénéficie de réductions. Au Collège Villa Maria, à Montréal, où les droits de scolarité pour l’année en cours sont à 4600 $, un rabais de 10 % est appliqué pour le 2e enfant. La réduction passe à 25 % pour tout autre enfant. À l’école secondaire Saint-Joseph, à Saint-Hyacinthe, les frais de base de 3375 $ vont fondre de 300 $ pour un 2e enfant, de 600 $ pour un 3e, et même de 1200 $ pour un 4e.
Admission, inscription et frais afférents
Néanmoins, ce ne sont pas les droits de scolarité du privé qui plombent, en tant que tel, l’état de compte que reçoivent les parents au début de l’année scolaire. La panoplie de frais divers qui défilent sur la facture (payable ou non en plusieurs versements selon les établissements) s’en charge allègrement, signale Yves, un père dont les deux filles ont étudié dans une école secondaire privée. « L’année où mes deux grandes se sont retrouvées en même temps au secondaire, la note a grimpé à plus 14 000 $, soit l’équivalent d’un revenu brut de 28 000 $ avant impôts. Cette année-là, aucun voyage en avion pour la famille ni de rénovations majeures pour la maison n’ont figuré à l’agenda », prend soin de préciser le papa.
Quels sont justement ces frais accessoires obligatoires ? Certes, il y a les incontournables frais d’admission -une cinquantaine de dollars-, payable une seule fois à l’ouverture du dossier de l’enfant. S’ajoutent les frais d’inscription annuels qui varient de 140 $ à 200 $ selon les collèges.
Viennent ensuite les frais afférents. Cette catégorie fourretout, dont le contenu diffère d’un établissement à l’autre, peut inclure la carte d’identité, un agenda, les manuels scolaires, les assurances accident, les logiciels, les notes de cours, des sorties culturelles et autre matériel pédagogique. Certains établissements insèrent même des frais pour la gestion et l’entretien de leur bâtiment.
Règle générale, ces frais afférents totalisent de 500 $ à 1000 $. Pour maman Rebecca, qui a choisi le Collège Boisbriand pour son ado, ces frais représentent 1350 $ en vue de l’année scolaire 2022-2023. Mais ce n’est rien de comparable avec ceux exigés par le Lower Canada College, une institution anglophone, à Montréal, où les frais accessoires obligatoires approchent 20 000 $ par année.
La garde-robe du collège
Il y a aussi l’uniforme qu’impose ce type d’établissement. La garde-robe inclut des shorts, des pantalons, des gilets, des jupes, des t-shirts, des bas, y compris des paires de souliers. L’investissement initial varie de 400 $ à 1000 $ par enfant. Des vêtements qu’il faudra bien sûr renouveler au fil des ans en fonction de la croissance de la progéniture. À ce propos, la plupart des collèges privés disposent d’une friperie mise en place par des parents soucieux d’économie sociale, qui revendent les vêtements devenus trop petits, fait remarquer David Bowles, qui est aussi directeur général du Collège Charles-Lemoyne, à Longueuil… et papa de quatre enfants inscrits au sein de l’établissement. L’option seconde main, dit-il, peut aisément réduire de moitié ce volet de la facture au cours des années d’études.
Technologie et transport
L’achat de matériel technologique de type tablette iPad ou portable (500 $ à 1000 $) s’invite, lui aussi, parmi les dépenses que doivent prévoir les parents. Particulièrement pour les écoles secondaires. Quoique certains établissements, notamment le Séminaire Saint-Joseph, à Trois-Rivières, favorisent une formule de prêt, dont le coût varie entre 150 $ et 250 $ par année pour l’usage de ces équipements.
Les frais de transport sont une autre composante non négligeable de la facture. « À moins que le trajet entre l’école et la maison soit desservi par un réseau de transport en commun, plusieurs parents doivent débourser entre 500 $ et 1000 $ par enfant pour bénéficier du transport offert par le centre de services scolaires sur leur territoire », avise David Bowles. Dans le secteur de la couronne nord ou vit maman Jennifer, les frais de transport ont été fixés à 1450 $ pour l’année en cours, et grimpent à 2150 $ s’il y a deux adresses, indique-t-elle. « Et puisque les réseaux de transport scolaires font face à des pénuries de personnel et qu’ils subissent, eux aussi, les contrecoups des hausses du prix du carburant, leurs coûts risquent de grimper à tout moment », prévient le président de la FEEP.
Les autres options
Généralement offerts en option, les choix de profils académiques et d’activités parascolaires contribuent, eux aussi, à gonfler la facture de 400 $ à plus de 4000 $. Encore une fois, ces frais varient selon les collèges et le type d’activités sélectionnées. Au Collège Saint-Bernard, à Drummondville, faire partie de l’équipe de hockey élite des Sénateurs (à ne pas confondre avec le club de la LNH) se traduit ainsi par des frais additionnels de 3550 $ par année. Soit autant que ce que coûtent les droits de scolarité de l’établissement. Il en coûte trois fois moins cher pour l’inscription au club élite de volleyball, et près de cinq fois moins pour joindre l’équipe de football.
De l’aide financière
Les parents constateront que la plupart des collèges privés les invitent fortement à participer au financement de leur fondation. Cette participation, sous forme de dons avec reçu pour fins d’impôt, équivaut à un montant d’une centaine de dollars par enfant. Parfois moins comme le démontre le Collège Saint-Sacrement, à Terrebonne, dont le don suggéré est de 20$. « Ces fondations amassent des fonds qui permettent d’accueillir des élèves dont les parents n’ont pas les capacités financières pour débourser la totalité ou une partie de la facture. Ce sont environ 6% des élèves des écoles privées de la province qui bénéficient de ces bourses et droits de scolarité gratuits », souligne David Bowles. Il cite, à titre d’exemple, la générosité des parents des quelque 3000 élèves de son établissement, le Collège Charles-Lemoyne, qui a permis de récolter plus de 200 000 $ l’an dernier.
Option pensionnat
Enfin, près d’une vingtaine d’établissements privés proposent aux parents la formule pensionnat. Alors que le Collège Francois-Delaplace, à Waterville, en Estrie, réservé aux filles, demande 5550 $ pour héberger et nourrir une élève, le Collège Bourget, à Rigaud offre sa formule dodo-repas à 8150 $, montant auquel il faut ajouter 390 $ pour les frais de buanderie, si requis. Contrairement aux divers frais scolaires qui ne sont pas déductibles d’impôt, les frais de pensionnat le sont tant et aussi longtemps que l’enfant est âgé de 16 ans et moins lors d’une même année civile. Admissibles au crédit pour frais de garde -si les parents travaillent-, ces coûts bénéficient d’un remboursement allant de 25% à 75%, ce qui représente une mince consolation.