L'or a profité de la baisse du dollar américain et du rendement des bons du Trésor, qui suivent les attentes d’évolution des taux de la Fed, rendant l’or comparativement plus attractif. (Photo: 123RF)
Plus hauts historiques pour l’or, le cacao, le café et même le prix de gros du jus d’orange: l’année 2023 aura été marquée par des records en série pour les matières premières agricoles et les métaux précieux.
En tête de liste, l’or a battu en décembre son record historique à plus de 2 100 dollars l’once, sur fond de tensions géopolitiques au Moyen-Orient et d’attentes de baisses de taux de la Réserve fédérale américaine.
«Les perspectives de réduction des taux de la Fed en 2024 ont alimenté une grande partie de la progression (…) de l’or au cours du dernier trimestre de l’année», note Han Tan, analyste chez Exinity.
Le métal précieux a profité de la baisse du dollar américain et du rendement des bons du Trésor, qui suivent les attentes d’évolution des taux de la Fed, rendant l’or comparativement plus attractif.
Le marché du métal précieux étant libellé en dollars américains, une baisse de la monnaie américaine le rend aussi moins onéreux pour les acheteurs utilisant d’autres devises.
Explosion des matières premières agricoles
L’année 2023 a également été marquée par une flambée des prix des matières premières agricoles à New York comme à Londres, du café au cacao et jusqu’au jus d’orange à Chicago.
À Londres, le cacao a touché en novembre un prix record enregistré depuis le début du contrat en 1989 et qui dépasse donc les précédents records atteints pendant la guerre civile en Côte d’Ivoire, explosant de plus de 70% en 2023.
À New York, la tonne de cacao a culminé fin décembre jusqu’à un record depuis 1977, s’envolant de plus de 60% sur l’année.
«Le démarrage lent de la campagne agricole 2023/24 au Ghana et en Côte d’Ivoire a réduit l’offre de fèves de cacao, ce qui a entraîné une flambée des prix», commente Megan Fisher, analyste chez Capital Economics.
Ces pays représentent généralement 60% de la production mondiale de cacao, selon Capital Economics, et ont enregistré des récoltes largement inférieures aux années précédentes.
Les agriculteurs d’Afrique de l’Ouest avaient également signalé le développement de maladies dans les cultures après d’abondantes pluies, notamment celle des cabosses noires – qui provoque le noircissement et la pourriture des cabosses de cacao.
À cela s’ajoute le phénomène climatique El Niño a aussi «contribué à déclencher des conditions de marché tendues et une flambée des prix du sucre, du cacao et du café», avance Ole Hansen, analyste chez Saxobank.
Produit dans des régions exposées, le prix du café robusta coté à Londres a été propulsé en décembre jusqu’à un nouveau record depuis le début du contrat il y a 15 ans, l’offre limitée se cumulant à une forte demande.
À noter également, le prix de gros du jus d’orange s’est envolé en 2023 jusqu’au plus haut niveau de son histoire sur la Bourse de Chicago, résultat d’une récolte 2022/23 calamiteuse en raison de la propagation d’une maladie et du passage de deux ouragans en 2022 en Floride, la principale région de production.
Reprise chinoise décevante
L’année 2023 avait commencé sur une note positive pour les métaux industriels, «l’accent étant mis sur la réouverture de la Chine après des mois de confinements liés au Covid-19», explique Ole Hansen.
La Chine est en effet un important consommateur de métaux de base. Les métaux industriels et en particulier le cuivre sont ainsi très sensibles à l’activité chinoise et aux perspectives de la demande du pays.
Mais le rebond de croissance de la Chine après la levée des sévères restrictions pour lutter contre la pandémie s’est avéré décevant et poussif.
Le LME Index, un indice qui intègre les prix de l’aluminium, du cuivre, du plomb, du nickel, de l’étain et du zinc échangés sur la Bourse des métaux de Londres (LME), a perdu 5% sur l’année 2023.
Fortement utilisé dans l’industrie, notamment pour la confection de circuits électriques, le cuivre est connu pour refléter l’état de santé de l’économie mondiale, d’où son surnom de Docteur Cuivre (Dr Copper).
Le métal n’a pas pris le contrepied de ses homologues, malgré des manifestations au Pérou cet été qui avaient considérablement réduit l’offre venant du deuxième producteur mondial. Au Chili, premier producteur, la baisse de qualité du minerai a également eu des conséquences sur le marché.
Mais au final, le cuivre ne progresse que d’environ 2,5% en 2023 sur le London Metal Exchange.