«Je pense que le Québec a l’énergie dont il a besoin», a tranché le ministre Pierre Fitzgibbon.
Québec — Il n’y a pas de crise énergétique au Québec, selon le ministre Pierre Fitzgibbon, même si un de ses collègues soutient le contraire.
La semaine dernière, le ministre délégué à l’Économie, Christopher Skeete, a évoqué une crise énergétique au Québec au cours d’une séance à l’Assemblée nationale.
Vendredi, l’opposition libérale accusait le gouvernement caquiste de manquer de «clarté et de vision» sur les besoins futurs en électricité et M. Skeete a alors répliqué que les libéraux, «de leur côté aussi, n’ont pas de réponse par rapport à comment on va faire pour régler la crise énergétique du Québec».
«Crise d’énergie? Non», a clarifié M. Fitzgibbon, en mêlée de presse mercredi matin, avant de se rendre à la période de questions.
«Je pense que le Québec a l’énergie dont il a besoin», a-t-il tranché.
Cependant, le ministre a ajouté que les besoins futurs des industries qui ont été répertoriés dépassent les capacités actuelles de production d’Hydro-Québec. Il a toutefois voulu se montrer rassurant pour la suite.
«Mais on peut gérer ça», s’est-il empressé d’ajouter.
Quel avenir?
Le débat sur l’avenir énergétique du Québec est bien lancé depuis la campagne électorale et il a pris une nouvelle tournure avec le départ prématuré en janvier de la présidente d’Hydro, Sophie Brochu, suivi de ceux d’autres dirigeants de la société d’État. L’opposition a alors évoqué une «crise» à Hydro-Québec.
Même si le premier ministre François Legault a abondamment parlé d’Hydro-Québec et des futurs besoins en énergie, notamment au terme du caucus pré-sessionnel de son parti en janvier, il n’a jamais eu recours au terme «crise» pour décrire la situation actuelle.
Il n’a cessé d’évoquer la nécessité de construire de nouveaux barrages pour fournir l’électricité nécessaire à décarboner l’économie du Québec, c’est-à-dire arriver à zéro émission de gaz à effet de serre (GES), un objectif à atteindre d’ici à 2050 conformément aux engagements internationaux. Or, les industries émettaient encore en 2020 30% des GES du Québec.
M. Legault s’est aventuré à évaluer qu’il faudrait quatre ou cinq barrages de plus pour fournir de l’électricité, sans dire où ils seraient érigés, alors qu’Hydro est encore en train de mettre à jour sa liste des rivières qui ont un potentiel pour être harnachées.
100 térawatts-heure
Le chef du gouvernement a indiqué que les surplus d’électricité d’Hydro-Québec fondent à vue d’œil et qu’il faudra 100 térawatts-heure pour décarboner complètement le Québec d’ici à 2050.
Pour sa part, Hydro-Québec a révélé que la liste des demandes d’alimentation pour d’éventuels grands projets d’entreprises représenterait une puissance totale de 23 000 MW s’ils allaient tous de l’avant, hypothétiquement. Cela équivaut à 13 fois le complexe de la Romaine.
«L’ambition du gouvernement fait en sorte qu’il y a en ce moment pour plus de 25 000 mégawatts de demandes de différentes compagnies», a confirmé M. Skeete dans les échanges.
Le porte-parole libéral en matière d’Énergie, Gregory Kelley, a accusé le gouvernement de manquer de «clarté et de vision».
Dans son échange avec M. Skeete, il a rappelé que M. Legault évoqué le chiffre de 100 térawatts-heure, tandis qu’un rapport parlait de 137 térawatts-heure, et que le ministre de l’Économie «dit 150».
«Quand même qu’on dirait: “entre 100 et 150, on ne sait pas trop.” Ce n’est pas une bonne réponse. C’est pourquoi il y a des gens qui expriment présentement pourquoi c’est tellement important d’avoir une discussion nationale.»