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Pékin et Washington annoncent des progrès dans leurs négociations

AFP|Publié le 01 février 2019

«Ce sera le plus grand accord jamais conclu».

La Chine et les États-Unis ont fait état de progrès importants à l’issue de négociations bilatérales à Washington, à un mois de la fin de la trêve dans leur guerre commerciale au potentiel dévastateur pour l’économie mondiale.

Alors que Donald Trump avait estimé que «d’énormes progrès» avaient été réalisés à l’occasion des discussions de mercredi et jeudi, Pékin a signalé vendredi des «avancées importantes». Mais de nombreux points litigieux restent encore à régler pour enterrer définitivement la hache de guerre.

Citant un communiqué de la délégation chinoise, l’agence officielle Chine nouvelle a évoqué des discussions «sincères, précises et fructueuses», entre les deux parties.

Elle a indiqué vendredi que Pékin avait accepté d’accroître ses importations de «produits agricoles américains, de produits énergétiques, de biens industriels manufacturés et en termes de services».

Les deux parties «attachent une grande importance aux questions de protection de la propriété intellectuelle et de transfert de technologie et ont accepté de renforcer davantage la coopération», a-t-elle aussi précisé.

En dépit de ces déclarations positives, la Maison Blanche a relevé qu’il restait encore «beaucoup de travail» et s’est montrée inflexible sur l’échéance, soulignant que les 90 jours de trêve qui s’achèveront le 1er mars représentaient «une date limite ferme».

«Le plus grand accord»

Donald Trump et son homologue chinois Xi Jinping avaient consenti, le 1er décembre, à suspendre la guerre commerciale que se livrent les deux premières économies du monde pour tenter de trouver un accord.

Dans une lettre, lue dans le Bureau ovale de la Maison Blanche par un membre de la délégation chinoise, M. Xi a estimé que les relations commerciales bilatérales étaient désormais à une étape capitale. «J’espère que les deux parties vont continuer à travailler dans un respect mutuel», a-t-il ajouté.

Le négociateur en chef américain, Robert Lighthizer, et le secrétaire au Trésor Steven Mnuchin se rendront mi-février en Chine pour la prochaine série de négociations, a indiqué Chine nouvelle.

En revanche, la rencontre envisagée entre les deux présidents «dans un avenir proche» pour régler «certains des points les plus difficiles» n’est pas encore organisée, a indiqué M. Trump.

«Je pense que nous allons probablement conclure un accord final», avait-il dit à des journalistes. «Si cela se faisait, ce serait alors le plus grand accord jamais conclu».

La rencontre entre MM. Trump et Xi pourrait avoir lieu après le sommet prévu fin février entre le président américain et le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un, selon les médias américains.

Donald Trump a aussi souligné qu’il comptait conclure «un vrai accord» abordant tous les contentieux.

Depuis les tractations avortées de l’an passé, au cours desquelles Pékin s’était montré plutôt inflexible, la conjoncture a changé: l’économie chinoise ralentit. En 2018, le géant asiatique a enregistré la plus faible croissance de ces 28 dernières années, affecté notamment par le conflit commercial. La croissance mondiale s’essouffle également.

Concrètement, l’administration Trump exige de la Chine qu’elle mette fin à des pratiques commerciales qualifiées de «déloyales». 

Pas de montant précis

Elle vise en particulier le transfert forcé de technologies américaines dans le cadre de co-entreprises en Chine, le «vol» de la propriété intellectuelle américaine, le piratage ainsi que les subventions massives accordées aux entreprises chinoises d’Etat pour en faire des champions nationaux. L’administration exhorte aussi Pékin à réduire le déficit commercial américain massif et à ouvrir son marché.

Tous ces sujets ont été abordés lors des pourparlers, selon la Maison Blanche. «Les deux parties ont fait preuve d’une volonté de s’engager sur tous les principaux problèmes», a-t-elle souligné.

Si la partie chinoise semble disposée à faire des concessions pour ouvrir davantage son marché aux produits américains notamment agricoles, elle semble moins encline à procéder à des changements structurels. Car dans ces tractations, c’est la position dominante dans les futures industries de hautes technologies que se disputent les deux pays.

La Chine a lancé en 2015 un plan baptisé « Fabriqué en Chine 2025 » (Made in China 2025) destiné à faire du pays un leader mondial des industries de demain, qu’il s’agisse d’aéronautique, de robotique, de télécommunications ou encore d’intelligence artificielle ou de véhicules à énergie nouvelle.

«Les États-Unis sont particulièrement focalisés sur l’obtention de véritables engagements sur les questions de changements structurels et sur la réduction du déficit» commercial, selon la Maison Blanche.

Or l’agence Chine nouvelle n’a étayé vendredi les déclarations de bonnes intentions de Pékin d’aucun montant précis concernant l’éventuelle augmentation des importations chinoises. Pas plus qu’elle n’a détaillé de mesures concrètes que Pékin pourrait prendre pour protéger la propriété intellectuelle.

Pour contraindre Pékin à corriger ces distorsions commerciales, la Maison Blanche a infligé des taxes douanières supplémentaires sur 250 milliards de dollars d’importations chinoises. Pékin a rétorqué en imposant des tarifs douaniers additifs sur 110 milliards de dollars de biens américains.

Si aucun accord n’était trouvé, la guerre commerciale repartirait de plus belle, a prévenu l’administration Trump.