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PIB: chute brutale suivie d’un rebond, selon la BDC

François Normand|Publié le 25 mars 2020

L’économiste en chef Pierre Cléroux prévoit une crise relativement courte au Canada, et ce, pour deux raisons.

L’économie canadienne se contractera de 11,4% au deuxième trimestre, pour rebondir toutefois de 12,4% au quatrième trimestre de 2020. Malgré tout, le PIB reculera de 1% pour l’ensemble de l’année, prévoit la Banque de développement du Canada (BDC).

Dans un webinaire destiné aux entrepreneurs canadiens, le vice-président à la recherche et économiste en chef de la BDC, Pierre Cléroux, a déclaré qu’il mise donc sur un scénario d’une crise économique sévère, mais de courte durée, circonscrite à 2020.

Son second scénario prévoit une longue récession qui pourrait s’étirer jusqu’en 2021, mais il ne le retient pas pour l’instant, a-t-il précisé à l’auditoire. «On travaille sur le premier scénario: un choc sévère, mais temporaire.»

(Source: BDC)

Pierre Cléroux envisage sensiblement le même scénario aux États-Unis, avec une contraction du PIB de 10,8% au deuxième trimestre et un rebond de 14,5% au quatrième trimestre de 2020.

L’économiste table pour une crise relativement courte au Canada pour deux raisons.

Facteur #1 – l’économie chinoise redémarre

Tout d’abord parce que la Chine -frappée en premier par l’éclosion du coronavirus- se relève tranquillement et a réussi à redémarrer son économie après une hécatombe économique en janvier et février.

L’Amérique du Nord et l’Europe sont actuellement au cœur de la tempête.

Durant les deux premiers mois de l’année, les ventes au détail en Chine ont reculé de 20,5%. La production a pour sa part reculé de 13,5%, tandis que le taux de chômage a grimpé à 6,2%.

Aujourd’hui, 95% des grandes entreprises chinoises sont en activité, tandis que six PME sur 10 ont relancé leur production, selon le gouvernement chinois. «C’est un signal que l’économie chinoise redémarre», affirme Pierre Cléroux.

Certains analystes estiment toutefois qu’il faut être prudent quand on tient compte de ce qui se passe en Chine pour anticiper la reprise économique au Canada ou dans les autres pays occidentaux.

Certes la pandémie de la COVID-19 est sous contrôle en Chine, selon les données du John Hopkins Coronavirus Resources Center, la référence mondiale en la matière.

Cela dit, les autorités chinoise ont réussi à contenir le virus au prix de mesures draconiennes (des millions de personnes confinées sans droit de sortie même pour acheter de la nourriture; on leur livrait) et d’une surveillance extrême des citoyens, une pratique difficilement compatible avec les droits de la personne en Occident.

À ces arguments, d’autres analystes soulignent que des démocraties comme la Corée du Sud et le Japon ont aussi réussi à contrôler l’épidémie sur leur territoire, et ce, grâce à des tests de dépistage à grande échelle, au port du masque de protection et à la collaboration des citoyens qui respectent les règles de sécurité sanitaire, selon le Financial Times de Londres.

Facteur #2 – Les autorités nord-américaines stimulent massivement l’économie

Pierre Cléroux mise aussi sur une reprise cet automne au pays, car les gouvernements du Canada et des États-Unis se sont engagés à injecter des dizaines de milliards de dollars pour soutenir l’économie.

Washington propose un programme de stimulation fiscale évalué à quelque 2 000 milliards de dollars américains. Ottawa met quant à lui sur la table plus de 37 G$CA (cela n’inclut pas les programmes dans les provinces).

De plus, fait valoir l’économiste de la BDC, la Réserve fédérale américaine a baissé son taux directeur à zéro, tandis que la Banque du Canada a diminué le sien à 0,75%.